N° 3216 -- |
N° 426 -- |
ASSEMBLÉE
NATIONALE |
SÉNAT |
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE
1958 |
|
ONZIÈME
LÉGISLATURE |
SESSION ORDINAIRE DE
2000-2001 |
_____________________________________________________ |
__________________________________________________________ |
Enregistré à la Présidence
de l'Assemblée nationale le 3 juillet 2001 |
Annexe au procès-verbal de
la séance du 28 juin 2001 |
________________________
OFFICE PARLEMENTAIRE
D'ÉVALUATION DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES
________________________
RAPPORT
SUR
LES PERSPECTIVES OFFERTES PAR
LA TECHNOLOGIE
DE LA PILE A
COMBUSTIBLE
PAR MM. Robert Galley et Claude Gatignol, |
Députés. |
__________________
Déposé sur le Bureau de
l'Assemblée nationale par M. Jean-Yves LE
DÉAUT, Premier Vice-Président de
l'Office |
__________________
Déposé sur le Bureau du
Sénat par M. Henri REVOL, Président de
l'Office. |
SOMMAIRE
Introduction 5
I - La nécessité de préparer notre avenir
énergétique 9
1 - La consommation mondiale d'énergie
9
A - Le bilan global 9
B - La croissance de la population mondiale
9
C - Les conséquences en matière de
consommation d'énergie 10
D - La prépondérance des énergies fossiles
12
2 - Les conséquences inquiétantes de
l'utilisation des énergies fossiles 13
A - Dépendance et incertitudes de
l'approvisionnement 13
B - Les pollutions engendrées par leur
combustion 16
C - Les conséquences en matière
d'environnement 17
D - Les conséquences en matière de santé
humaine 18
E - Préparer la diminution du recours à ces
énergies 19
3 - Une énergie quasiment idéale :
l'électricité 20
A - L'électricité 20
B - Les difficultés de cette énergie
21
C - La nécessité de s'orienter vers de
nouveaux modes de production
d'énergie
23
II - La pile à combustible
25
1 - Historique et principe
25
A - Historique 25
B - Le principe 29
C - Les différentes sortes de piles
32
2 - Une source d'énergie aux multiples
possibilités d'applications 34
A - La génération stationnaire d'énergie
34
B - La propulsion des véhicules 36
C - L'alimentation d'appareils portables 37
3 - Quel est le niveau réel de mise au
point de la technique des piles à combustible ?
38
A - La pile à combustible à membrane (P.E.M.)
38
B - La pile à combustible direct 53
C - La miniaturisation des piles à combustible
55
D - Le fonctionnement d'un système générateur
à pile à combustible 60
E - Quel prix pour les piles à
combustible ? 65
4 - Les autres types de piles à
combustible 67
A - Les piles à électrolyte solide
67
B - Les piles alcalines 71
C - Les piles à carbonates fondus
72
D - Les piles à acide phosphorique
73
5 - La politique de la recherche en matière
de pile à combustible 76
A - Une intense activité en Amérique du Nord
76
B - Le Japon 87
C - L'Union européenne 89
D - L'action de différents Etats 92
E - La recherche en France 95
6 - La pile à combustible, une technologie
nouvelle... parmi d'autres 113
A - L'évolution des batteries 114
B - L'évolution des véhicules à moteur à
combustion interne 118
C - Vers les véhicules hybrides 122
III - Vers la civilisation de
l'hydrogène 123
1 - Les caractéristiques et les
utilisations de l'hydrogène 124
A - Les caractéristiques de l'hydrogène
124
B - Les utilisations industrielles de
l'hydrogène 125
2 - L'hydrogène, carburant des piles à
combustible 126
A - La fabrication de l'hydrogène
126
B - Le bilan environnemental de la production
de l'hydrogène 128
3 - Les différents modes de fabrication de
l'hydrogène 130
A - Le reformage in situ 130
B - la production centralisée d'hydrogène
133
C - Le stockage de l'hydrogène 134
D - Les problèmes de sécurité posés par
l'hydrogène 139
E - La réglementation de l'hydrogène
141
Conclusion 145
Recommandations 149
Examen du rapport par l'Office
153
Personnalités auditionnées
155
Introduction
Le principe de la pile à combustible a été
découvert en 1839.
Depuis cette époque l'intérêt porté à cette
technique a été l'objet de mouvements de flux et de reflux.
Nous sommes incontestablement à l'heure
actuelle dans une période de « redécouverte » de cette
technique.
Ce nouvel intérêt s'est confirmé au début des
années 1990, époque à laquelle notre collègue sénateur Pierre Laffitte
évoquait cette technologie dans le rapport de notre Office sur
« l'intérêt du véhicule électrique au regard de la protection de
l'environnement ».
Cette rédécouverte est due en partie aux
échecs rencontrés dans l'élaboration des véhicules électriques à
accumulateurs. Ceux-ci fonctionnent bien techniquement mais leur coût est
trop important et il est impossible d'obtenir une autonomie et des
vitesses satisfaisantes comme le notait alors Pierre Laffitte.
Cette recherche dans le domaine du véhicule
électrique était motivée par des considérations
d'environnement.
En effet l'évolution de l'atmosphère est
devenue un problème majeur.
On a longtemps considéré celui-ci comme limité
à des zones restreintes, essentiellement celles qui sont urbanisées et
industrialisées. Mais on s'est progressivement rendu compte que c'était un
phénomène global concernant soit de régions entières (pollutions
photochimiques et pluies acides), voire la planète dans son ensemble
(diminution de la couche d'ozone, accroissement de l'effet de
serre).
L'accroissement de la pollution photochimique
a, pour certains auteurs, des conséquences qui paraissent appréciables au
niveau de la santé publique, en particulier dans le domaine des allergies
respiratoires.
De plus en plus d'autorités scientifiques
établissent une corrélation entre l'effet de serre et le réchauffement
indiscutable de la planète. On relie mal cet échauffement à des
conséquences climatiques mais un certain nombre de répercussions à long
terme peuvent d'ores et déjà être envisagées comme par exemple la fonte
des glaciers, l'élévation du niveau moyen des océans ou la modification
des courants marins, voire l'aggravation des perturbations
météorologiques.
Cet accroissement de l'effet de serre est dû à
l'augmentation considérable des émissions de certains gaz, au premier rang
d'entre eux, le dioxyde de carbone et le méthane mais également les oxydes
d'azote.
L'émission de gaz carbonique et d'oxydes
d'azote trouve son origine dans la combustion des énergies fossiles.
Parmi celles-ci, le pétrole a été au moins
jusqu'en 1973 si prépondérant dans nos économies qu'on a pu parler
d'« économie du tout pétrole ».
Certes des changements très importants ont eu
lieu depuis cette date. C'est ainsi que la France est l'un des pays qui,
grâce à son effort et à sa réussite dans le domaine nucléaire, a su le
mieux desserrer cette contrainte pétrolière.
Mais il est un domaine où le pétrole n'a pas
cédé de terrain : c'est celui des transports où il couvre 95 % des
besoins.
La consommation des carburants automobiles est
en augmentation du fait de la croissance du nombre des véhicules au niveau
mondial et de l'accroissement des distances parcourues malgré les progrès
des moteurs en termes de consommation.
Une autre préoccupation s'est faite
jour : celle de l'épuisement, à terme inéluctable, de ces énergies
fossiles et, notamment, du pétrole ; celui du gaz naturel étant sans
doute plus lointain.
Il est peut être alors temps de réfléchir à la
possibilité de remplacer cet extraordinaire produit qu'est le pétrole dans
ses utilisations les plus frustes, comme de le brûler dans des moteurs au
rendement énergétique médiocre, pour le réserver à l'élaboration de
produits à haute valeur ajoutée.
Il n'est certainement pas trop tôt pour
engager cette réflexion, d'autant que dans un délai plus court qu'on ne
l'imagine généralement, sa rareté risque de provoquer une élévation de son
prix qui en attestera la valeur.
Il faudra inévitablement pouvoir ménager une
transition assez longue pour changer l'assise énergétique du monde entier
au profit d'une autre énergie qui serait renouvelable et moins
polluante.
Cette énergie du futur pourrait être
l'hydrogène.
Cet hydrogène pourrait être employé comme
carburant comme il l'est d'ailleurs déjà pour la propulsion des fusées et
engins spatiaux. Mais la combustion de l'hydrogène a un rendement
relativement faible, et, de plus, ce gaz, quoiqu'extrêmement répandu dans
la nature mais sous forme combinée avec l'oxygène ou le carbone, doit être
produit à partir de plusieurs précurseurs.
L'hydrogène peut être utilisé avec un
rendement beaucoup plus élevé dans ce qu'on appelle couramment une
« pile à combustible ». C'est en fait un générateur
d'électricité à hydrogène. Le principe de base n'est plus une combustion
mais une conversion électrochimique, inverse de l'électrolyse.
Cette pile à combustible, continuons de
l'appeler comme cela, est devenue depuis quelques années un sujet
relativement médiatisé.
On nous en annonce de façon régulière la mise
au point puis l'irruption dans notre vie quotidienne sous des délais très
brefs... qui passent sans que rien n'apparaisse réellement.
La saisine de l'Office est donc
particulièrement opportune. Elle permettra de faire un point le plus
complet possible sur cette technique qui est très complexe.
Après avoir brossé l'environnement énergétique
dans lequel cette technique retrouve une grande actualité, on rappellera
l'ancienneté du principe à la base de son fonctionnement.
Nous nous interrogerons ensuite sur le niveau
réel de la mise au point de ce générateur d'énergie et présenterons les
activités de recherche conduites dans le monde sur cette
technique.
Mais cette pile à combustible devra affronter
la concurrence de technologies bien en place comme les batteries et le
moteur à combustion interne qui n'a pas encore atteint ses limites de
développement.
Enfin nous nous demanderons si les piles à
combustible ne vont pas être les premières applications de grande
diffusion de l'hydrogène, celles qui ouvriront les portes de la
civilisation de ce gaz.
Nous souhaitons chaleureusement remercier
toutes les personnalités qui ont bien voulu prendre sur leur temps pour
nous faire part de leur opinion. Elles nous ont permis de construire notre
propre réflexion sur ce sujet passionnant.
Notre gratitude va également à tous ceux qui
nous ont apporté une aide précieuse pour la préparation et le déroulement
de nos missions.
I - la nécessité de préparer notre avenir
énergétique
Il convient tout d'abord de rappeler la
situation actuelle de la consommation mondiale d'énergie qui fait
apparaître la part importante des énergies fossiles.
1 - la consommation mondiale
d'énergie
A - Le bilan global
La consommation énergétique mondiale repose à
80% sur les trois grandes énergies fossiles : pétrole, gaz et
charbon.
Le tableau ci-dessous présente la répartition
de la consommation énergétique mondiale et l'évolution attendue en
2020 :
|
1997 |
2020 |
Gaz naturel |
23,2% |
27% |
Pétrole |
39,9% |
37% |
Charbon |
26,9% |
24,5% |
Nucléaire |
7,3% |
3% |
Energies renouvelables (1) |
5,5% |
8% |
(1) hydroélectricité, bois, solaire, éolien,
biomasse
Sources : International Energy
Outlook et BP statistical review of world energy 1998
Selon le Conseil mondial de l'énergie, avec
3,3% de croissance annuelle, le gaz naturel pourrait devenir en 2050 la
première source d'énergie.
Cette croissance s'explique principalement par
le développement accéléré de son utilisation pour la production
d'électricité, grâce au progrès technologique que représentent les cycles
combinés et la cogénération. De plus le gaz naturel présente des avantages
décisifs pour la protection de l'environnement.
Le pétrole quant à lui représenterait en 2020
encore un gros tiers de la consommation d'énergie. La diminution de sa
part ne serait donc que très limitée, sauf en cas de flambée des prix. Il
conservera sans doute une place prépondérante dans les
transports.
B - la croissance de la population
mondiale
En 2020, la population mondiale devrait
dépasser les 8 milliards d'habitants. Même si la tendance actuelle de la
croissance démographique mondiale est au ralentissement, la structure
géographique de la population mondiale va se modifier comme le montre le
tableau suivant (en millions) :
Population |
1990 |
2020 |
Accroissement
2020/1990 |
Part
de
l'accroissement |
Amérique du Nord |
276 |
326 |
50 |
1,8 % |
Amérique Latine |
448 |
716 |
268 |
9,6 % |
Europe OCDE |
454 |
489 |
35 |
1,3 % |
Europe centrale |
100 |
111 |
11 |
0,4 % |
C.E.I. |
289 |
344 |
55 |
2,0 % |
Afrique du Nord
et Moyen Orient |
271 |
543 |
272 |
9,7 % |
Afrique subsaharienne |
502 |
1195 |
693 |
24,8 % |
Japon,
Australie,
Nouvelle-Zélande |
150 |
163 |
13 |
0,5 % |
Asie du Sud |
1146 |
1938 |
792 |
28,3 % |
Asie du Sud-Est |
1657 |
2265 |
608 |
21,7 % |
Total |
5293 |
8090 |
2797 |
100
% |
Sources : Conseil mondial de
l'énergie, O.N.U.
On voit que la population mondiale augmentera
de plus de la moitié mais certaines zones stagneront (Amérique du Nord,
Europe, C.E.I., Japon). L'accroissement se concentrera en Asie du Sud et
du Sud-Est ainsi qu'en Afrique subsaharienne.
La population des pays actuellement
développés, qui représentait environ 22 % de la population mondiale
en 1990, n'en représentera plus en 2020 qu'environ 16,5%, soit moitié
moins qu'en 1950.
La population des pays actuellement en voie de
développement verrait sa croissance ralentir sensiblement mais
représenterait une part de plus en plus grande de la population
mondiale.
C - Les conséquences en matière de
consommation d'énergie
Il est assez difficile de traduire les
évolutions démographiques en prévisions de consommations d'énergie.
Cependant des scénarios assez réalistes peuvent néanmoins être envisagés
comme le montre le tableau suivant élaboré d'après des tableaux du Conseil
mondial de l'énergie et de B.P ., en millions de
tep :
Demande
d'énergie |
Charbon |
Pétrole |
Gaz |
Hydraulique
et nucléaire |
Energies
nouvelles |
Total |
Années |
1990 |
2020 |
1990 |
2020 |
1990 |
2020 |
1990 |
2020 |
1990 |
2020 |
1990 |
2020 |
Amérique
du Nord |
503 |
455 |
816 |
799 |
510 |
541 |
277 |
362 |
67 |
196 |
2172 |
2353 |
Amérique
latine |
23 |
61 |
214 |
495 |
82 |
285 |
89 |
334 |
174 |
275 |
582 |
1451 |
Europe
O.C.D.E. |
327 |
365 |
573 |
514 |
241 |
345 |
268 |
393 |
32 |
84 |
1442 |
1701 |
Europe
centrale |
158 |
99 |
52 |
70 |
64 |
106 |
14 |
32 |
7 |
16 |
295 |
322 |
C.E.I. |
327 |
210 |
355 |
316 |
557 |
730 |
97 |
127 |
35 |
67 |
1372 |
1449 |
Afrique du N. -
Moyen-Orient |
7 |
17 |
165 |
374 |
98 |
351 |
5 |
16 |
22 |
50 |
297 |
807 |
Afrique
subsaharienne |
69 |
142 |
38 |
176 |
5 |
22 |
9 |
36 |
147 |
317 |
267 |
693 |
Japon,
Australie
Nouv. Zélande |
117 |
131 |
284 |
255 |
67 |
95 |
62 |
91 |
13 |
34 |
543 |
606 |
Asie du Sud |
127 |
530 |
62 |
201 |
24 |
118 |
22 |
143 |
214 |
463 |
449 |
1454 |
Asie du Sud-Est |
630 |
2095 |
200 |
879 |
42 |
354 |
73 |
461 |
365 |
741 |
1309 |
4530 |
Total Monde |
2288 |
4105 |
2759 |
4079 |
1689 |
2948 |
916 |
1995 |
1076 |
2243 |
8728 |
15366 |
Les consommations d'énergie devraient donc se
modifier de façon considérable.
Le plus notable est la croissance de la part
de l'Asie, hors Japon, dans la consommation mondiale : de 20 % en
1990 à 40 % en 2020. Cette demande émanera essentiellement de la Chine, de
l'Inde, de l'Indonésie et de la Corée. Les consommations seront très
concentrées dans des agglomérations de très grande taille.
Si l'Amérique latine et l'Afrique
représenteront chacune environ 10 % de la consommation mondiale d'énergie
en 2020, il faut noter que la progression de l'Afrique subsaharienne sera
plus faible que celle de l'ensemble Afrique du Nord -
Moyen-Orient.
Ces pays consommeront essentiellement des
énergies d'origine fossile.
D - La prépondérance des énergies
fossiles
La part des énergies fossiles croîtra de 84,5%
du bilan énergétique global en 1995 à 89% en 2020
La part du pétrole va rester
importante. La production de pétrole conventionnel se concentre au
Proche-Orient, avec tous les risques que cela implique. Le pétrole non
conventionnel (huiles lourdes) devra être produit à grande
échelle.
Le pétrole est utilisé par la pétrochimie,
pour la production de chaleur (en concurrence avec le gaz et
l'électricité), et surtout par les transports où il n'a actuellement pas
de concurrent.
La contribution du gaz devrait augmenter. Sa
part dans la couverture des besoins mondiaux pourrait passer de 22%
actuellement à près de 30% en 2020, voire plus encore si les contraintes
environnementales incitent à produire beaucoup plus d'électricité à partir
du gaz.
La demande de gaz devrait croître six fois
plus vite que celle des autres énergies dans leur ensemble,
particulièrement en Asie pour la production d'électricité.
On pourrait imaginer que, pour respecter les
engagements de Kyoto, la part du charbon, 25% actuellement, diminue de
façon importante. C'est pratiquement impossible car l'Inde et la Chine qui
en sont producteurs en ont besoin pour leur développement. Dans ces pays
la consommation de charbon devrait donc s'accroître.
La part des pays industrialisés dans la
demande primaire d'énergie décline rapidement. Ces pays consommaient au
début des années 1970 près de 63% de l'énergie utilisée dans le monde.
Cette part pourrait diminuer jusqu'à 30% d'ici 2050.
Dans les pays en voie de développement, qui
représentent 80% de la population mondiale, la consommation d'énergie par
tête est aujourd'hui faible.
Le rythme de croissance de leurs besoins
énergétiques dépendra du choix du modèle économique (mode de transport,
urbanisation, maintien d'une activité rurale, forte
industrialisation...).
La part des pays en développement dans
l'ensemble des besoins en énergies primaires pourrait passer de 34% en
1990 à 48-55% en 2020 et 58-67% en 2050.
L'Asie consommerait près de 30% de l'énergie
mondiale en 2015.
Se pose le cas particulier de la Chine et
l'évolution de sa consommation d'énergie dans l'avenir.
Actuellement une part très importante de sa
consommation est le fait de ses industries de base. Leur activité se
maintiendra tant que la Chine devra développer ses infrastructures de
base. A long terme, on peut s'attendre à un remplacement progressif des
activités industrielles lourdes par des infrastructures plus économes en
énergie. La demande de transport, faible actuellement (9% des besoins en
énergie du pays), risque d'exploser dans l'avenir.
Les besoins énergétiques de l'Amérique du Sud
progressent aussi rapidement. La libéralisation des marchés en cours dans
cette zone stimule la consommation d'énergie.
La part de l'Afrique reste modeste dans les
besoins mondiaux en énergie. Sa demande d'énergie primaire a crû de 3% en
moyenne au cours des dix dernières années.
2 - les conséquences inquiétantes de
l'utilisation des énergies fossiles
Celles-ci ont trait à la dépendance et à
l'incertitude de l'approvisionnement, aux pollutions engendrées par leur
combustion, aux conséquences en matière d'environnement et de santé
humaine. Ce constat doit amener à préparer des solutions visant à diminuer
le recours à ces énergies.
A - Dépendance et incertitudes de
l'approvisionnement
Nous examinerons les situations respectives du
pétrole, du gaz et du charbon.
a - Le pétrole
Le premier choc pétrolier de janvier 1974 a
entraîné une hausse brutale de 368% sur un an : le baril est ainsi
passé de 5,2 dollars à 11,7 dollars.
A la fin de 1998, le baril était à 10 dollars
pour remonter à près de 27 dollars en juin 2000, soit une hausse de 245%
sur cette période.
Actuellement le prix du baril de pétrole se
maintient entre 22 et 28 dollars.
Mais le pétrole n'a plus autant d'importance
dans l'économie occidentale : en 20 ans, sa part dans les échanges
mondiaux est passée d'environ 20% à 5%.
La flambée des cours du brut ne provoque plus
comme autrefois récession et poussée inflationniste. Avec l'essor des
services, le développement et la maturité du nucléaire, l'augmentation de
l'efficacité énergétique, les économies sont devenues un peu moins
dépendantes du pétrole.
Le pétrole ne représente plus que 37% des
approvisionnements énergétiques mondiaux. La dépendance pétrolière de
l'Union européenne est tombée de 98% à 53% en 30 ans.
Compte tenu de son emploi dans les transports,
le pétrole reste cependant une énergie des plus sensibles.
L'origine des importations a beaucoup changé
depuis 1973 comme le montre le tableau suivant (en %) :
Origine |
1973 |
1997 |
Moyen-Orient |
71,5 |
38,7 |
Afrique |
21,4 |
15,9 |
Mer du Nord |
0,2 |
35,5 |
U.R.S.S.ex- U.R.S.S |
3,4 |
9,6 |
Autres |
3,5 |
0,3 |
Nous avons donc considérablement réduit notre
dépendance à l'égard du Moyen-Orient et accru celle envers les pays de
l'ex-U.R.S.S dans des proportions qui semblent très
raisonnables.
La diversification de nos sources de pétrole
s'est finalement faite quasiment seulement au bénéfice de la zone
européenne et même communautaire. On ne peut que se réjouir de cette
situation, notamment du point de vue de la sécurité régionale qui règne en
Europe du Nord.
Cependant, l'état des réserves mondiales de
pétrole actuellement prouvées incite à un peu plus de prudence.
En effet, celles-ci peuvent être estimées de
la façon suivante en années de réserve :
Afrique |
25 |
Amérique du Nord |
17 |
Amérique latine |
36 |
Europe |
8 |
Ex-U.R.S.S |
26 |
Asie et Océanie |
16 |
Proche Orient |
93 |
Source : BP Statistical
review
Il y a donc une grande inégalité dans la
répartition des réserves de pétrole et l'Europe est particulièrement
vulnérable en matière de réserves propres.
Certes il y a des débats sur le niveau de ces
réserves car d'une part, la hausse du prix du pétrole incite à mettre en
production un plus grand nombre de puits et d'autre part, le progrès
technique permet de récupérer plus de pétrole dans des conditions
économiques satisfaisantes.
Mais notre approvisionnement en pétrole risque
dans un avenir plus ou moins proche de redevenir très dépendant de zones
pouvant être politiquement instables ou imprévisibles. Il n'est
certainement pas prématuré de s'en soucier.
b - Le gaz
Aujourd'hui les réserves prouvées de gaz sont
estimées à 145 000 milliards de m3, les réserves économiquement
exploitables à 300 000 milliards de m3, et les réserves totales
à 600 000 milliards de m3. Les réserves prouvées devraient
atteindre 90 ans de consommation en 2030. Il faut ajouter à cela les
nouvelles réserves : gaz des couches peu perméables, des gisements
sous-marins, des mines de charbon et à plus long terme des hydrates
sous-marins (gisement supérieur à toutes les réserves connues) et du
méthane produit par séquestration du CO2.
Les réserves de gaz connues se concentrent
dans l'ex Union soviétique, au Moyen-Orient, en Asie du Pacifique et en
Amérique du Nord.
L'Union européenne produit de moins en moins
de gaz et sa dépendance extérieure va s'accentuer. Nous retrouvons là une
vulnérabilité analogue à celle existant dans le domaine du pétrole et qui
s'ajoute à cette dernière.
Le prix du gaz suit celui du pétrole avec un
décalage dû à la nature des contrats d'achat. Mais pour cette énergie,
c'est la partie « transport » qui représente l'essentiel du
coût. Les deux moyens de transports traditionnels sont les gazoducs
terrestres ou sous-marins et les navires méthaniers.
c - Le charbon
Il représente aujourd'hui 30% du marché
énergétique mondial. Le charbon comme source d'énergie a encore de belles
perspectives devant lui. Les gisements prouvés de houille et de lignite
atteignent 3 500 milliards de t.e.p. (tonnes équivalent pétrole). Son coût
d'extraction est faible. Depuis 30 ans, la tonne de charbon coûte entre 30
et 50 dollars.
De plus, les gisements sont bien répartis et
se trouvent principalement dans des pays politiquement sans
risques comme l'Australie et les Etats-Unis. La Chine est également
un pays très gros producteur mais personne ne peut savoir quel est son
avenir politique.
Le charbon pose cependant potentiellement de
gros problèmes d'environnement, car sa combustion entraîne de fortes
pollutions. Il est donc nécessaire soit d'épurer les fumées soit
d'employer des techniques de combustion très sophistiquées, soit de
combiner les deux procédés.
B - Les pollutions engendrées par leur
combustion
La pollution atmosphérique a longtemps été
perçue comme un problème limité à des zones restreintes, urbaines et
industrialisées.
Mais on s'est progressivement rendu compte que
la pollution atmosphérique ne peut pas être, en fait, considérée comme un
phénomène local. Elle concerne en réalité des régions entières (pollutions
photochimiques, pluies acides), voire la planète dans son ensemble
(diminution de la couche d'ozone, accroissement de l'effet de
serre).
Nous évoquerons plus particulièrement l'effet
de serre.
Les gaz dits à effet de serre empêchent la
dissipation de la chaleur de la Terre. Ils exercent de ce fait un effet
similaire à celui des vitres d'une serre qui, si elles laissent passer la
lumière visible, retiennent de l'intérieur le rayonnement thermique. Sans
la présence de ces gaz, la température moyenne à la surface de notre
planète serait de -18°C au lieu de +15°C.
Les principaux gaz à effet de serre sont le
dioxyde de carbone, le méthane, qui a cinquante fois plus d'action que le
CO2, et l'oxyde d'azote (ou protoxyde d'azote).
Les oxydes d'azote sont émis par tous les
systèmes de combustion à haute température. Les transports en sont donc
les principales sources d'émissions.
Concernant les autres polluants, entre 80% et
90% des composés organiques volatiles anthropiques (C.O.V.) et 90% du
monoxyde de carbone (CO) émis dans les villes proviennent des véhicules
motorisés. Les transports et l'industrie sont responsables de l'émission
de particules fines.
Des progrès ont néanmoins été accomplis depuis
quelques années. C'est ainsi que les émissions de CO et de plomb, métal
lourd toxique contenu dans le pétrole, ont été progressivement réduites
dans la plupart des villes européennes depuis 5 à 10 ans, grâce à
l'introduction du pot catalytique et de l'essence sans plomb.
Les émissions de NOx de C.O.V. et de
particules fines diminuent par contre beaucoup plus lentement car le
nombre d'automobiles et le kilométrage parcouru sont en constante
augmentation.
C- Les conséquences en matière
d'environnement
L'accroissement des gaz à effet de serre est
une évolution qui a commencé voilà déjà environ un siècle.
C'est ainsi qu'au cours du XXème siècle, la
température moyenne globale de l'air en surface a augmenté d'une valeur
comprise entre 0,3 et 0,6°C selon certains auteurs et 1°C selon d'autres.
Parallèlement, on a observé que le niveau moyen des océans a, quant à lui,
monté de 10 à 25 cm. Dans certaines régions, des modifications dans la
variabilité et les extrêmes climatiques sont également intervenues. Un
certain nombre de simulations ont estimé que l'augmentation de la
température moyenne à la surface du globe serait de 2°C entre 1990 et
2100, le niveau de la mer s'élevant dans le même temps de 50 cm.
Ces augmentations des émissions de gaz à effet
de serre sont, pour une part très importante, certainement d'origine
anthropique comme le montre la diminution de la concentration en oxygène
de l'air et les analyses de la composition isotopique du gaz
carbonique.
Le volume mondial des émissions de gaz à effet
de serre s'est accru de 8,2% entre 1990 et 1997.
L'évolution régionale est plus inquiétante
encore : l'accroissement est d'un tiers pour la Chine, de 56% pour
l'Asie, de 15 à 20% pour l'Afrique. Les émissions de ces gaz pourraient,
selon l'O.C.D.E., tripler d'ici 2050.
Le sommet de Rio, en 1992, a permis de
ratifier la convention cadre de l'O.N.U. sur le changement climatique,
avec pour objectif la stabilisation des émissions en l'an 2000 au même
niveau qu'en 1990. En 1997, au sommet de Kyoto, ces engagements ont été
prolongés pour la période 2008-2012, les pays industriels s'engageant à
réduire en moyenne de 5,2% leurs émissions et l'Union européenne de
8%.
L'objectif de réduction des émissions des pays
industrialisés peut paraître modeste face aux enjeux. Les pays développés
doivent en effet parvenir à réduire leurs émissions de gaz à effet de
serre et cesser d'offrir aux pays du Sud le modèle de développement
reposant sur une consommation d'énergie toujours plus
importante.
L'échec de la conférence de La Haye en
décembre 2000 a de quoi inquiéter, ainsi que les déclarations du Président
Bush. En effet, le protocole de Kyoto ne pourra entrer en vigueur que
lorsque 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de
serre l'auront ratifié. Il est évident que les Etats-Unis, qui émettent
36% du CO2 du monde industrialisé, représentent un poids
particulièrement lourd.
L'effet de serre n'est donc pas simplement un
sujet d'études scientifiques. C'est également un problème politique à
l'échelle de la planète qui a des répercussions en termes de santé
publique, d'aménagement du territoire, de transports et de choix
énergétiques.
D- Les conséquences en matière de santé
humaine
La pollution de l'air est reconnue responsable
d'une action défavorable sur les affections et les troubles respiratoires,
asthme, affections pulmonaires obstructives chroniques, maladies
cardio-vasculaires et cancer du poumon.
On estime que trois millions de personnes
meurent chaque année des conséquences de la pollution atmosphérique, soit
5% des 55 millions de décès annuels dans le monde.
De nombreuses études mettent en évidence le
lien direct qui existe entre les taux de mortalité et les concentrations
journalières ambiantes de produits chimiques. Il faut en effet conserver à
l'esprit qu'une personne respire chaque jour 15 000 litres
d'air.
Les polluants atmosphériques comprennent les
particules en suspension, les gaz et les vapeurs présents dans
l'atmosphère à des concentrations anormalement élevées.
Les particules les plus grosses sont retenues
par les voies aériennes supérieures, alors que les plus fines peuvent
pénétrer profondément dans les voies respiratoires inférieures,
contribuant à une irritation de la muqueuse bronchique. Cet effet peut
être particulièrement important chez les enfants dont les mécanismes de
défense sont soit immatures soit particulièrement fragiles.
Les particules affectent continuellement un
plus grand nombre de personnes que tout autre polluant. Ce sont des
poussières grossières (sol et cendres minérales) ou des poussières fines
provenant de la fumée du bois ou de l'échappement des moteurs.
Les polluants atmosphériques gazeux sont
principalement les oxydes d'azote (NOx), l'ozone
(O3), l'oxyde de carbone (CO), le dioxyde de soufre
(SO2), et les composés organiques volatiles.
L'ozone est un gaz très agressif pour les
muqueuses oculaires et respiratoires. Il pénètre facilement jusqu'aux
voies respiratoires les plus fines.
Le dioxyde de soufre provient de la
combustion de combustibles fossiles contenant du soufre (mazout, charbon).
Il forme en présence d'humidité de l'acide sulfurique qui est très
irritant. Celui-ci peut déclencher un spasme bronchique chez les
asthmatiques, augmenter la fréquence et l'intensité des symptômes
respiratoires aigus chez l'adulte (toux, gène respiratoire). Il peut
également encore altérer la fonction respiratoire chez
l'enfant.
Le dioxyde d'azote peut pénétrer dans les plus
fines ramifications des voies respiratoires. Il peut, dès 200 microgrammes
par m3 d'air, entraîner une altération de la fonction
respiratoire. Il provient des véhicules et des installations de
combustion.
Le monoxyde de carbone a la propriété de
se fixer à la place de l'oxygène sur l'hémoglobine du sang, conduisant
ainsi à un manque d'oxygénation du système nerveux, du c_ur et des
vaisseaux sanguins. Il peut provoquer des maux de tête, des vertiges... Le
monoxyde de carbone provient des combustions incomplètes des carburants et
des combustibles.
Les composés organiques volatiles proviennent
notamment des hydrocarbures. Leurs effets vont de la simple gêne olfactive
jusqu'à des risques mutagènes et cancérigènes. C'est notamment le cas du
benzène dont les émanations sont importantes lors des innombrables
opérations de remplissage des réservoirs d'hydrocarbures.
Les concentrations de dioxyde de soufre et de
particules en suspension diminuent dans les pays industrialisés tandis que
celle de NOx et d'ozone sont constantes ou en
augmentation.
Dans les pays en développement, l'augmentation
de la circulation routière et des gaz d'échappement et des émissions
industrielles accroît les concentrations de dioxyde de soufre, de
particules en suspension, de NOx et de O3.
E- Préparer la diminution du recours à ces
énergies
Les pouvoirs publics français ne peuvent
répondre entièrement seuls. Beaucoup de questions qui ont une incidence
directe sur la politique énergétique sont maintenant traitées dans le
cadre de l'Union européenne : ouverture des marchés électriques et
gaz, normes environnementales, taxation des carburants.
Compétitivité, sécurité d'approvisionnement et
environnement : ces choix stratégiques seront de plus en plus
élaborés en concertation avec nos partenaires.
La France est le pays industrialisé qui émet
le moins de dioxyde de carbone par habitant, grâce à la place importante
du nucléaire et de l'hydraulique dans son bilan énergétique. Mais cette
structure de la production limite fortement ses possibilités de réduire
ses émissions par substitution de combustibles.
Il lui sera ainsi particulièrement difficile
de se conformer aux engagements de Kyoto, qui exigent de ramener les
émissions de 2010 au niveau de celles de 1990.
L'industrie paraît en mesure de stabiliser ses
émissions d'ici 2010. Mais les risques d'augmentation sont réels dans le
résidentiel et le tertiaire et très importants dans le transport. Les
consommations d'énergie (donc les émissions de CO2) du secteur
des transports sont en croissance en raison notamment de la progression du
trafic marchandises sur longue distance.
La stagnation des émissions apparaît possible,
mais elle requerra non seulement des politiques publiques volontaires,
mais encore une forte adhésion de l'opinion à la politique de sobriété
énergétique.
Le développement des énergies nouvelles et
renouvelables doit donc être envisagé et encouragé.
Cependant la couverture des besoins
énergétiques, sans augmenter l'effet de serre, ne pourra être atteinte que
par le nécessaire maintien et certainement par l'augmentation de notre
parc de centrales nucléaires.
3 - Une énergie quasiment idéale :
l'électricité
A - L'électricité
L'électricité joue un rôle essentiel dans
notre civilisation. Dans les pays industrialisés, elle est omniprésente,
toujours disponible et apportée aux multiples points d'utilisation par un
réseau de distribution ramifié.
Celle-ci est essentiellement produite dans de
grandes centrales, thermiques ou hydrauliques, utilisant soit des
combustibles fossiles (charbon, hydrocarbures), soit des combustibles
nucléaires (uranium), soit l'énergie hydraulique. Des générateurs
(alternateurs) y produisent de l'électricité sous forme alternative. Cette
énergie est transportée vers les centres de consommation grâce à des
réseaux filaires.
Lorsque l'énergie doit être produite sur
place, endroits d'accès difficile, balises marines... on a recours à
d'autres modes de production : groupes électrogènes à moteur Diesel,
convertisseurs photovoltaïques, éoliennes.
B - Les difficultés de cette
énergie
a - En matière de prix
Un précédent rapport de l'Office a étudié les
coûts de production de l'électricité et a comparé les différentes filières
dans tous les pays. Une des conclusions est que comparativement aucune
technologie ne l'emporte sur les autres. Les conditions économiques et
réglementaires de chaque pays déterminent les hiérarchies de compétitivité
des filières au plan national.
Depuis plusieurs années, les installations de
cycles combinés à gaz ont fait des progrès techniques importants. Les
rendements ont augmenté de façon considérable : depuis 1996, le gain
dépasse les 50%. Les progrès de cette filière sont plus importants et plus
rapides que ceux du nucléaire. Enfin la compétitivité de cette filière est
soutenue par la diminution du prix du gaz depuis dix ans d'une part et
l'apparition de nouveaux types de turbines d'autre part.
La technologie des centrales à charbon a aussi
considérablement évolué en termes d'épuration des effluents gazeux et les
prix du charbon sont stables depuis trente ans.
Le coût du kWh produit avec un cycle combiné à
gaz pourrait se situer entre 16,5 et 20,5 centimes alors que le coût du
kWh nucléaire se situerait entre 12 et 20 centimes, après
amortissement.
Le coût du combustible est important. Il
représente de 60 à 70% du coût total pour le gaz et seulement 20% pour le
nucléaire. Les vulnérabilités des deux filières sont donc très différentes
face à des perturbations sur les prix ou les
approvisionnements.
Les coûts du kW/h produit par les énergies
renouvelables sont beaucoup plus élevés.
Lorsque l'on prend en compte les coûts
externes, c'est à dire les émissions de polluants des différentes
filières, le nucléaire est le mode de production de l'électricité le plus
compétitif.
Par contre la production d'électricité par des
installations à cycle combiné à gaz devient compétitive dans un certain
nombre de pays.
Le nucléaire s'impose donc pour tous les
grands pays industrialisés pour la production de masse d'électricité.
b - En matière de transport
Une caractéristique fondamentale de
l'électricité est qu'elle ne peut pas être stockée. Il faut donc organiser
son transport. Il est nécessaire d'ajuster la production et la livraison
d'électricité à la demande des consommateurs et pouvoir compter sur un
réseau fiable.
Pour des raisons économiques, la production
d'électricité est concentrée sur quelques sites du territoire, il faut
ainsi transporter de très fortes puissances sur de longues distances. On
utilise de très hautes tensions, afin d'éviter le maximum de pertes en
ligne lors du transport.
Pour aller d'un point à un autre,
l'électricité emprunte plusieurs lignes différentes. Quand une ligne est
endommagée, on reporte la charge sur les autres. Le maillage coûte cher
mais permet de pallier des défaillances du réseau et permet aussi
d'exploiter au mieux les sites de production les plus rentables.
La fiabilité du réseau est donc très
importante. Les tempêtes de décembre 1999 ont montré à la fois les graves
conséquences des coupures d'électricité, la vulnérabilité de ce transport
et la nécessité d'un fort maillage. On a aussi envisagé d'enterrer les
lignes, ce qui est fort coûteux et difficile pour les lignes à très haute
tension.
L'exploitation du réseau français est en
pleine transformation. La directive européenne du 19 décembre 1996
organise l'ouverture progressive des marchés de l'électricité. Elle
prévoit l'arrivée de nouveaux producteurs sur le marché national et la
liberté d'accès au réseau de transport et de distribution.
La loi française du 20 février 2000 a
transposé cette directive. Elle a créé un gestionnaire du Réseau de
transport d'électricité, (R.T.E.) qui a pour mission d'exploiter,
d'entretenir et de développer les réseaux de transport.
c - En matière de stockage
L'électricité est transportée sur de grandes
distances avec de faibles pertes, mais il est difficile de la stocker
efficacement. La production électrique doit donc s'adapter à la
demande.
Le stockage de l'électricité facilite la
décentralisation de la production d'énergie, ce qui évite d'investir dans
de grosses infrastructures, et permet une plus grande souplesse
d'utilisation.
Les possibilités de développement des
technologies de stockage de l'électricité restent très importantes et
représentent un enjeu capital au niveau mondial.
On peut stocker de l'électricité en
transformant l'énergie électrique en une autre forme d'énergie, qui peut
être emmagasinée puis récupérée.
Les barrages stockent ainsi l'énergie
potentielle de l'eau qui est utilisée selon les besoins voulus.
L'énergie électrique peut être stockée sous
forme d'énergie chimique. C'est le cas des accumulateurs.
Les piles représentent la méthode de stockage
d'électricité la plus répandue. La flexibilité et la facilité de ces
méthodes chimiques leur ont donné une position importante sur le marché.
Elles sont fiables et sont utilisables au moment précis où l'on en a
besoin. Elles présentent quelques limites : elles sont lourdes, pas
assez puissantes, trop longues à charger et trop chères à fabriquer. Elles
ont de faibles performances et posent des problèmes de recyclage en fin de
vie.
Une autre possibilité de stocker l'énergie de
façon indirecte est de procéder à l'électrolyse de l'eau pour fabriquer de
l'hydrogène, mais ce n'est pas compétitif par rapport au
« cracking ».
C - La nécessité de s'orienter vers de
nouveaux modes de production d'énergie.
Il existe d'autres modes de production
d'énergie fondés notamment sur l'utilisation des énergies renouvelables.
On n'en fera qu'un très rapide survol dans la mesure où elles font l'objet
d'un rapport en cours de l'Office.
a - L'énergie éolienne
Pour qu'une éolienne produise de l'énergie, il
faut que le vent souffle le plus régulièrement possible à une vitesse
supérieure à 15 km/h. Ces conditions se retrouvent en bordure du littoral
et sur les reliefs. Les pales ne résistent pas à des vents supérieurs à
100 km/h et sont très sensibles à la corrosion du sel et du
givre.
Le rendement d'une éolienne varie de 15 à 35%.
En moyenne le kW/h éolien français coûte entre 33 et 42 centimes. La
production par éolienne ne cesse d'augmenter mais ne pourra concerner
qu'une faible proportion de la production nationale
d'électricité.
La politique française éolienne à l'horizon
2010 s'est fixée un objectif de production d'électricité de 250 à 500
MW.
La production d'électricité par éolienne
progresse actuellement. Sa capacité installée dans le monde a doublé entre
1995 et 1998.
b - L'énergie photovoltaïque
Le principe de la production d'électricité
photovoltaïque est bien connu, mais difficile à mettre en _uvre. Le
rendement de telles piles est assez faible par rapport à l'apport
d'énergie. Les pertes d'énergie sont importantes et on n'obtient qu'une
conversion de 15 à 26% de l'énergie électromagnétique. Le fonctionnement
des piles est peu polluant, mais la production et le recyclage des
composants sont assez délicats.
Cependant des recherches sont menées pour
évaluer de nouvelles architectures cristallines et de nouveaux
matériaux.
Le solaire photovoltaïque est actuellement
l'énergie renouvelable la plus coûteuse. L'usage du photovoltaïque se
limite aux endroits où il n'est pas économiquement viable d'amener
l'énergie produite dans une centrale (habitation isolée, bornes de
téléphone, signalisation...)
En France, l'objectif de l'Agence de
l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (A.D.E.M.E.) est
d'atteindre 50 MW installés supplémentaires en 2005, la puissance
installée étant de 8 MW en 1999.
c - Les biocarburants
Le biocarburants sont des carburants obtenus à
partir d'une matière première végétale. Le gros avantage de ce type de
carburant est d'être utilisable avec des moteurs traditionnels sans
modification et de manière interchangeable avec les carburants
classiques.
Les coûts de production sont largement
supérieurs à ceux des carburants fossiles. Ils bénéficient actuellement
d'une forte détaxe dans de nombreux pays. Ils permettent de lutter contre
la pollution automobile et d'utiliser à des fins non alimentaires des
terres agricoles mises en jachère.
Ces modes de production sont encore très
marginaux compte tenu de leur coût de revient. Ils ne sont naturellement
en aucune façon susceptibles de remplacer les énergies
fossiles.
Une seule technique est susceptible de le
faire à terme : la pile à combustible.
II - La pile à combustible
1 - Historique et principe
Les piles à combustible ont mis plus de 150
ans pour évoluer du stade de l'invention à l'innovation, ce qui est un
phénomène assez rare dans l'histoire des technologies.
Leur aventure a été ponctuée par des
mouvements itératifs de développement, d'abandon puis de redéveloppement.
Nous le verrons en évoquant leur historique avant d'en décrire le
principe.
A - Historique
Après l'âge des précurseurs et un relatif
abandon, succède une période de premier développement au début des années
1960, celle-ci étant suivie d'un temps de ralentissement de la recherche.
La redécouverte de cette technique s'est faite au début des années
1990.
a - Les précurseurs
En 1802, Sir Humphry Davy découvre le principe
de l'électrochimie en construisant une cellule en carbone fonctionnant à
haute température avec de l'acide nitrique comme électrolyte.
La première cellule hydrogène-oxygène fut
construite en 1839 par Sir William Grove, qui réalisa la réaction inverse
de l'électrolyse de l'eau en utilisant des électrodes de platine poreux et
de l'acide sulfurique comme électrolyte.
Cette technique fut mise en sommeil devant le
développement plus rapide des générateurs thermiques et des accumulateurs
et piles électriques aux environs des années 1860.
En 1889, L. Mond et C. Langer apportent des
perfectionnements dans la pile notamment avec l'introduction de
catalyseurs (noir de platine) ou des électrolytes pouvant être contenus
dans des matrices poreuses en plâtre ou en amiante.
En 1921, E. Baur met en évidence l'importance
de la cinétique. Il met au point une cellule fonctionnant à haute
température (1000°C), avec une anode de carbone, une cathode à base
d'oxyde de fer et des carbonates alcalins comme électrolytes.
A la base de cette technologie, on note
plusieurs avancées scientifiques et techniques concernant l'utilisation
des différents matériaux comme électrolytes, notamment l'acide
phosphorique au Royaume-Uni au XIXème siècle.
Pendant les années 1920, des études effectuées
en Allemagne ont trait aux piles à carbonates fondus et aux piles à oxydes
solides. Le progrès le plus important a été effectué ensuite par Francis
T. Bacon qui a remplacé l'électrolyte acide par un électrolyte alcalin.
L'avantage de ce dernier est d'être moins corrosif pour les électrodes.
Vers 1935, il réalise la première pile
hydrogène-oxygène, qui aboutira en 1953 à la fabrication d'un premier
générateur de 1 kW électrique. Cette réalisation mit en évidence les
différents avantages de cette pile : fonctionnement silencieux,
rendement très élevé par rapport aux autres générateurs thermiques et
possibilité d'utilisation en stationnaire ou en traction.
Le principe physique étant démontré, les
recherches et développements se sont poursuivis dans le monde.
b - Le premier développement des piles à
combustible
Dans les années 1950-1965, des dizaines de
laboratoires et d'industriels se lancèrent dans les piles à
combustible.
Les premières applications ont concerné les
domaines spatiaux et océanographiques. Il y eut notamment l'essai d'une
pile de 20 kW par l'U.S. Navy capable de fonctionner à une profondeur de 6
000 m.
La pile à combustible a été adoptée par la
N.A.S.A. pour les engins spatiaux dans les années soixante. Les premières
applications spectaculaires ont été effectuées sur les véhicules spatiaux
habités Gemini (1963) et Apollo (1968). Ce type de pile est d'ailleurs
encore employé par la navette américaine.
Dans le domaine spatial, la pile à
hydrogène-air a fait la preuve de son efficacité en minimisant grâce à son
haut rendement le poids des réactifs transportés.
Pour ces applications le prix est secondaire.
Le but est de disposer de sources électriques fiables, performantes et
sans rejets de gaz toxiques.
Aux Etats-Unis, Allis-Chalmers Manufacturing
Company fabriqua une pile alcaline de 15 kW pour un tracteur électrique.
Karl Kordesch, chez Union Carbide, réalisa une pile alcaline de 6 kW qui,
associée à des batteries plomb/acide, alimenta une Austin A40 à propulsion
électrique. Cette voiture, d'une autonomie de 300 km pour 2 kg d'hydrogène
embarqué dans des bouteilles sous pression, a fonctionné pendant 3 ans en
effectuant plus de 16 000 km.
La réussite technologique de ces programmes
encouragea un grand nombre de recherches, principalement aux Etats-Unis,
mais aussi en Europe, sur des piles utilisant aussi bien l'hydrogène que
d'autres combustibles.
Les recherches sur les piles à combustible ont
été très importantes en France dans les années 1960-1975.
Pendant cette période, plusieurs firmes
industrielles ont mené des recherches fondamentales et technologiques,
aboutissant à la réalisation de prototypes de piles à méthanol et à
hydrazine de 1 kW (Alstom) et de piles alcalines (A.F.C.) à hydrogène/air
(Electricité de France et Institut français du pétrole).
Les travaux portèrent sur le concept même de
la pile, sur les membranes, sur l'amélioration du rendement, sur les
différents types de piles et le développement des auxiliaires
indispensables comme les pompes et les vannes.
Les systèmes obtenus donnèrent toute
satisfaction pour leurs applications, mais on utilisait comme seul
carburant et comburant de l'hydrogène et de l'oxygène, tous deux très
purs.
Les premiers travaux sur l'emploi du méthanol,
comme combustible embarqué, avec reformeur, sont lancés à cette
période.
En 1970, Du Pont met au point, pour un usage
autre, la membrane Nafion, qui a permis de relancer les piles à
combustible acides. Dans le même temps, les Etats-Unis ont développé les
piles à potasse.
Le très fort développement des recherches sur
les piles à combustible dans les années 1970 résulte de la première crise
du pétrole de 1973. A ce moment, les premières préoccupations
environnementales font leur apparition.
Une enquête des autorités fédérales
américaines sur les conséquences de la forte croissance de la pollution
automobile incite tous les laboratoires et les industriels américains,
mais aussi européens et japonais à se lancer dans de nombreux travaux sur
l'amélioration des véhicules (amélioration des moteurs à essence,
véhicules hybrides et électriques...).
Dans le même temps, des travaux sur
l'utilisation de l'hydrogène dans les moteurs thermiques, le stockage de
l'hydrogène embarqué et l'utilisation d'un combustible avec reformage se
développent.
Dès 1969, ces travaux bénéficient de contrats
très importants et nombreux. En 1972, plus de 30 projets de recherche sont
menés aux Etats-Unis sur le stockage de l'hydrogène embarqué ou sur sa
fabrication embarquée.
L'objectif initial n'est pas les piles à
combustible, mais l'emploi de l'hydrogène dans les moteurs thermiques pour
réduire la pollution.
En Europe, des travaux similaires sont menés
par tous les constructeurs, les laboratoires et les fabricants de
carburants. En France l'Institut français du pétrole (I.F.P.), le
Commissariat à l'énergie atomique (C.E.A.) et Air Liquide travaillent sur
plusieurs programmes de ce type.
Le premier choc pétrolier relance les travaux
sur la pile. En 1973, des prototypes roulants de General Motors et Ford
font leur apparition avec une pile à hydrogène et stockage
d'hydrogène.
Des projets de réalisations de puissantes
centrales électriques (de 1 à 500 MW) utilisant des piles à combustible
sont élaborés (Alstom, Exxon), mais ne se réalisent pas.
On bute encore à l'époque sur des problèmes
d'industrialisation, de fourniture et de stockage de carburant. Le bilan
énergétique global et le prix de revient à l'usage ne sont pas encore
satisfaisants. De plus, durant la période 1965-1980, les rendements des
moteurs thermiques progressent et les moteurs Diesel font l'objet de
nombreuses améliorations.
c - Le ralentissement de la
recherche
A la suite du deuxième choc pétrolier de 1979,
une étude sur l'évaluation des possibilités techniques et économiques du
développement de la pile à combustible pour la traction fut menée en
France. De très nombreuses incertitudes sur l'avenir des piles n'ont pu
être levées et cette étude a conclu à la non-poursuite des programmes de
recherche.
En 1980, on constate l'échec des efforts pour
utiliser cette technologie.
Elle reste très coûteuse et la durée de vie
des piles est encore très limitée. La durée de fonctionnement de ces piles
était faible car les électrodes fonctionnant généralement avec un
électrolyte liquide avaient tendance à se dessécher ou se
noyer.
Fin 1981, la plupart des équipes travaillant
sur des applications des piles pour la traction chez les constructeurs,
équipementiers et dans les laboratoires sont démantelées. Seules quelques
personnes continuent à faire de la veille technologique.
Durant ces années, deux pays continuent
pourtant à travailler sur cette technologie : les Japonais sur les
utilisations stationnaires et les Allemands sur les piles pour
sous-marins.
En France, vers le milieu des années 1980, se
poursuivent quelques travaux universitaires sur les catalyseurs tandis que
le C.N.E.S. réfléchissait aux applications de cette technologie dans le
cadre de la préparation du programme de navette spatiale
Hermès.
E.D.F. et G.D.F. commencent à accorder un
nouvel intérêt à cette technique : E.D.F. songe à la production
d'hydrogène pour utiliser son électricité d'origine nucléaire tandis que
G.D.F. souhaite vendre du gaz.
A partir du début des années 1990, les
préoccupations environnementales liées au développement de l'effet de
serre relancent la recherche dans le domaine des piles à
combustible.
Cette période de redémarrage fait partie
intégrante de l'histoire actuelle et sera évoquée dans le chapitre
consacré à la recherche.
B - Le principe
Nous n'évoquerons ici que le principe général
de fonctionnement d'une pile à combustible. Son organisation détaillée
sera décrite au chapitre trois de cette partie.
Une pile à combustible est un générateur
d'électricité qui transforme directement l'énergie chimique d'un
combustible en énergie électrique.
La pile à combustible fonctionne sur le mode
inverse de l'électrolyse de l'eau. Elle est constituée de deux électrodes
(anode et cathode) séparées par un électrolyte, matériau qui bloque le
passage des électrons mais laisse circuler les ions.
Le principe de fonctionnement est tout à fait
similaire à celui d'une pile conventionnelle avec un oxydant et un
réducteur séparés par un électrolyte.
Dans la pile conventionnelle, l'oxydant et le
réducteur sont progressivement consommés. La pile à combustible, quant à
elle, fonctionne continuellement tant qu'elle est alimentée. Le comburant
et le combustible sont stockés à l'extérieur de la pile.
Le réducteur le plus approprié est l'hydrogène
(H2) et l'oxydant est l'oxygène de l'air
(O2).
Source : Michel
Prigent, « Les piles à combustible : état du développement
et des recherches en cours à l'aube de l'an 2000 »
A l'anode (pôle négatif), l'hydrogène va se
transformer en ions H+ en libérant des électrons selon la
réaction :
H2 → 2H+ + 2
e-
A la cathode (pôle positif), les ions
H+ se combinent aux ions O-- constitués à partir de
l'oxygène de l'air pour former de l'eau selon la
réaction :
1/2O2 + 2H+ +
2e- → H2O
C'est le transfert des ions H+ et
des électrons vers la cathode qui va produire un courant électrique
continu et de l'eau à partir de l'hydrogène et de l'oxygène.
La réaction globale s'écrit donc
:
H2 + ½ O2 →
H2O + énergie électrique
La production d'électrons à l'anode et leur
consommation à la cathode assurent la différence de potentiel qui permet
la circulation du courant lorsque la pile est alimentée en air et en
hydrogène et qu'elle est placée en générateur dans un circuit électrique.
La réaction est déclenchée à l'aide d'un
catalyseur. Il s'agit en général d'une fine couche de platine disposée sur
les électrodes.
Cette pile est totalement solide. Elle
comprend deux plaques bipolaires en carbone munies de canaux distributeurs
qui amènent l'hydrogène et l'oxygène et assurent l'évacuation de l'eau.
Les plaques assurent également les contacts électriques entre les cellules
de base dans le cas d'un empilement.
La membrane constitue le « c_ur de
pile » et assure la fonction d'électrolyte. Elle est recouverte sur
ses deux faces d'une fine couche de platine, le catalyseur.
Ce générateur électrochimique utilise
l'hydrogène comme réducteur, mais d'autres composés, tels que le gaz
naturel ou le méthanol peuvent être utilisés.
Comme dans une combustion classique, la pile à
combustible utilise un combustible (hydrogène, méthane, méthanol...) et
l'oxygène de l'air, mais l'énergie chimique contenue dans le combustible
est directement convertie en électricité, sans passer par le stade
thermique. Il n'y a également aucune pièce en mouvement.
En général la tension d'une cellule est de
l'ordre de 1 volt (V). Pour obtenir la quantité désirée d'électricité, il
est nécessaire d'assembler plusieurs cellules en série.
Le courant fourni par une pile à combustible
est continu. Il est donc nécessaire de placer en aval de la pile un
onduleur permettant la transformation du courant continu en courant
alternatif.
La majorité des piles à combustible utilisent
l'hydrogène comme combustible.
Comme nous le verrons plus en détail dans le
dernier chapitre de ce rapport, l'hydrogène peut être soit produit in
situ par un reformeur embarqué à partir d'un certain nombre de
carburants, soit être contenu dans un réservoir classique. Dans ce dernier
cas, l'hydrogène doit être produit dans une usine et acheminé jusqu'au
réservoir.
Le rendement d'une pile à combustible, sans
reformage, varie selon le type de pile et peut être supérieur à 50%.
Dans une pile à combustible, l'énergie non
convertie en électricité est émise sous forme de chaleur et est évacuée
sous forme d'eau chaude ou de vapeur.
Cette perte énergétique peut-être limitée si
l'on utilise la chaleur émise par la pile à des fins de cogénération, en
chauffant de l'eau ou de l'air. Le rendement global va alors pouvoir
atteindre 80 à 90%.
La pile à combustible présente aussi
l'avantage d'avoir un rendement élevé à bas régime, ce qui n'est pas le
cas des moteurs à combustion interne.
C- Les différentes sortes de piles
Il existe cinq grandes catégories de piles à
combustible.
Leurs principales caractéristiques sont
résumées dans le tableau suivant :
Type de pile |
AFC
Pile alcaline |
PEMFC
Pile à membrane échangeuse
de protons |
PAFC
Pile à acide
phosphorique |
MCFC
Pile à carbonates
fondus |
SOFC
Pile à oxyde
solide |
Température de
fonctionnement |
70-100°C |
70-100°C |
150-210°C |
650-1000°C |
800-1000°C |
Domaine de puissance |
1W-10kW |
1W-300kW |
1W-300kW |
10kW-100MW |
1kW-500MW |
Rendement |
55-60% |
32-40% |
36-45%
80% en
cogénération |
50-60% |
50-55%
70% en cycle
combiné |
Electrolyte |
Hydroxyde de
potassium |
Solide à base de
fluor |
Acide phosphorique
concentré |
Carbonates fondus de
lithium/
potassium |
Céramique en dioxyde de
zirconium |
Catalyseur |
platine |
platine |
platine |
|
|
Electrodes |
|
|
|
Nickel |
Nickel |
Combustible le plus
probable |
H2 pur |
H2 pur
Méthanol |
Méthanol
Gaz naturel
H2 (CO<1%) |
Gaz naturel
H2
Biomasse |
|
Etat de la technologie |
Mature |
Assez mature |
Aboutie |
Pas encore
mature |
Encore
expérimentale |
Avantages |
- matériaux bon
marché
- tolère CO |
- technologie de
fabrication simple
- temps de démarrage
rapide
- basse température et
petite taille |
- relativement tolérante au
CO |
- excellent
rendement
- tolère le CO
- supporte le gaz
naturel
- pas de métaux
précieux
- reformage
interne |
- excellent
rendement
- reformage
interne
- fabrication
potentiellement simple
- pas de métaux
précieux |
Limites |
- utilise H2 et O2
purs
- ne tolère pas
CO2
- électrolyte
corrosif |
- asphyxie par le
CO
- composants
coûteux |
- composants
coûteux
- problèmes de
corrosion
- faible densité
d'énergie |
- problèmes de
corrosion
- catalyseurs
précieux |
- les hautes températures
nécessitent des matériaux non-standards
- supporte mal les
variations de température |
Applications |
- militaire
- espace |
- véhicules
- sous-marins
- espace
- générateurs
stationnaires
- applications
portables |
- cogénération
(10-250kW) |
- cogénération
- alimentation de sites
isolés |
- cogénération
- centrales
domestiques |
Chef de file |
IFC |
Ballard, IFC, Siemens,
DeNora |
IFC, Fuji |
ERC, MC Power |
Siemens |
2 - Une source d'énergie aux multiples
possibilités d'applications
Les piles à combustible, à la différence des
piles classiques dont on se débarasse lorsque la matière active est
épuisée, ou des accumulateurs que l'on recharge électriquement, sont
alimentées en continu. Cela leur confère une souplesse d'emploi
équivalente à celle d'un moteur thermique.
Les piles à combustible présentent, par
rapport aux machines thermiques, des caractéristiques générales très
intéressantes pour la production d'électricité :
- utilisant de l'hydrogène et de l'oxygène
elles ne rejettent que de la vapeur d'eau,
- elles sont silencieuses. A l'exception des
pompes il n'y a pas de pièces mobiles dans les piles. La maintenance est
donc très peu coûteuse,
-
- elles ont un rendement énergétique élevé. Le
rendement électrique peut atteindre 60%. Le rendement global peut aller
jusqu'à 80% lorsqu'il y a cogénération,
- elles ont une grande souplesse d'utilisation
compte tenu de la possibilité de fabrication modulaire d'éléments de
dimension et de formes variées, et de démarrage et arrêt quasi -
instantanés pour les piles à basse température,
- elles ont une grande densité massique
d'énergie, ce qui est un avantage particulièrement important pour les
applications spatiales et les véhicules terrestres,
- elles peuvent utiliser une grande variété de
combustibles (hydrogène, gaz naturel, méthanol, naphta, gaz de
biomasse...).
On évoquera les trois types d'applications
actuellement envisagées : la génération stationnaire d'énergie, la
propulsion de véhicules et l'alimentation d'appareils
portables.
A - La génération stationnaire
d'énergie
La génération stationnaire d'énergie peut
s'effectuer dans des centrales électriques et par la mise en _uvre de la
cogénération électricité-chaleur.
a - Les centrales électriques
Les piles à combustible peuvent constituer
d'excellentes sources d'énergies délocalisées. L'intérêt qu'elles
suscitent est renforcé par la constante augmentation de la demande
d'électricité et par l'ouverture du marché de la fourniture d'énergie
électrique.
La production massive d'électricité ne devrait
toutefois pas être concernée, notamment dans un pays comme la France qui
s'est dotée d'une industrie nucléaire très performante.
Les piles à combustible peuvent être aussi une
solution à la difficulté d'implanter de nouvelles lignes électriques
spécialement dans les endroits isolés.
Les piles à combustible permettent une
économie de transport et une sûreté de distribution très grande.
Elles peuvent constituer des systèmes de
secours qui devraient avoir une grande fiabilité.
Le rendement électrique d'une pile à
combustible ne dépend pas de la taille de l'installation. Cela permet la
construction de petites unités qui peuvent être placées à proximité des
utilisateurs et notamment des particuliers. L'eau chaude produite par un
tel dispositif peut assurer à la fois le chauffage et la réfrigération
d'une maison.
Les piles à combustible pourraient remplacer à
terme les centrales thermiques d'une puissance de quelques centaines de
mégawatts. Les piles à haute température, comme les piles à carbonates
fondus (M.C.F.C.) et les piles à oxyde solide (S.O.F.C.), auxquelles on
peut adjoindre une turbine à gaz sont les mieux adaptées. On estime le
marché américain des systèmes pile à oxyde solide - turbine à gaz à
500-600 MW par an dans 10 ans.
b - La cogénération chaleur -
électricité
Les systèmes de cogénération se révèlent
intéressants lorsque l'utilisation simultanée d'électricité et de chaleur
ou de froid est requise, par exemple pour les hôpitaux ou les piscines.
Elle peut-être envisagée même pour les particuliers. Toutefois une
réduction des coûts est encore nécessaire pour assurer une pénétration
importante de ce type de marché.
La pile à combustible offre un meilleur
rapport électricité - chaleur que les groupes électrogènes à moteur Diesel
et les turbines, mais ceux-ci offrent des coûts de revient
incomparablement plus bas.
La cogénération avec une pile à combustible
est actuellement très étudiée. De nombreux essais pour des puissances
allant de quelques kW à quelques MW sont en cours dans le
monde.
La taille et le poids des piles à combustible
ayant peu d'importance dans les applications stationnaires, de nombreux
types de piles sont utilisables.
La pile à acide phosphorique (P.A.F.C.) est
celle qui fonctionne le mieux actuellement dans ce type
d'application.
Mais les autres types de pile, M.C.F.C.,
S.O.F.C. et P.E.M. peuvent aussi être intéressantes pour des systèmes de
cogénération.
Le marché des piles stationnaires pourrait
représenter à terme un marché d'environ 1 à 2 milliards de
dollars.
Il y a ainsi des projets de commercialisation
de piles P.E.M. de 250 kW de la part de Ballard, ainsi que de petites
piles de 7 kW destinées aux maisons individuelles par Plug Power en
collaboration avec GE Microgen, filiale de GE Power Systems.
Toutefois les coûts de revient et, nous le
verrons, des difficultés de fonctionnement non réellement résolues,
permettent de douter de la réalité de la commercialisation
imminente.
B - La propulsion des véhicules
La propulsion des véhicules par pile à
combustible est une idée extrêmement séduisante car elle permettrait de
s'affranchir des sujétions des moteurs à combustion interne.
Ceux-ci ont fait, comme on le verra, d'énormes
progrès et possèdent encore de grandes possibilités d'améliorations. Mais
inévitablement, il arrivera un moment où il ne sera plus possible de
réduire leurs émissions.
La pile à combustible s'imposera probablement
un jour pour la propulsion des véhicules même s'il n'est pas possible
d'indiquer un délai.
Les premiers véhicules à en être équipés
pourraient être les véhicules de transport en commun. Deux raisons
motivent cette opinion : les préoccupations environnementales dans
les centres villes (pollution, bruit) et la place disponible pour
installer à bord de ce type de véhicule l'encombrante pile à combustible.
Mais il nous semble que le coût de revient
empêchera, encore plus que pour les applications stationnaires, une
diffusion rapide de ce mode de propulsion.
En effet, il faudra certainement un gain d'un
facteur dix en coût de revient pour que les piles à combustible puissent
être utilisées dans l'automobile. La production en série ne devrait pas
suffire pour abaisser de façon significative les prix de revient actuels.
Il faudra pour cela certainement encore réaliser des progrès techniques
importants.
La fiabilité de ces piles devra aussi être
considérablement augmentée car les exigences du fonctionnement sur un
mobile sont beaucoup plus importantes qu'à poste fixe.
Le fonctionnement des auxiliaires, notamment
du reformeur dans un tel environnement, devrait aussi poser des problèmes
importants.
Enfin une autre difficulté devra être
résolue : l'alimentation de la pile en hydrogène.
Le choix devra être fait entre la fabrication
de l'hydrogène à bord par reformage ou le stockage du gaz dans un
réservoir. Nous reviendrons sur ces questions dans le dernier chapitre de
ce rapport.
Il y aura donc plusieurs étapes successives à
franchir, dont celle des véhicules hybrides, avant d'obtenir une
propulsion électrique utilisant seule une pile à combustible.
C - L'alimentation d'appareils
portables
Les piles à combustible trouveront sans aucun
doute des perspectives intéressantes de développement sur le marché en
pleine croissance des équipements électroniques portatifs.
Les équipements électroniques portables sont
actuellement handicapés par la faible autonomie de leur source d'énergie.
Il faut les recharger régulièrement. Avec une pile à combustible,
l'autonomie ne sera limitée que par la taille du réservoir d'hydrogène ou
de méthanol.
Comme nous le verrons dans le troisième
chapitre, un certain nombre de difficultés techniques demeurent dans ce
domaine.
Ces micropiles devraient très rapidement
concurrencer les batteries actuelles de ces équipements
portables.
Ce marché pourrait être ainsi le premier à
apparaître réellement alors que les principaux développements ont été
menés jusqu'à présent dans le domaine de l'automobile et de la génération
stationnaire d'énergie.
Toutes ces applications sont parfois
présentées comme imminentes. Il convient donc de s'interroger sur le
niveau réel de mise au point des piles à combustible.
3 - Quel est le niveau réel de mise au
point de la technique des piles à combustible ?
Nous focaliserons notre intérêt sur le type de
pile le plus étudié à l'heure actuelle : la pile à membrane
échangeuse de protons (P.E.M.).
Nous examinerons une variante de celle-ci, la
pile à méthanol direct qui utilise directement le méthanol comme
carburant. La dénomination anglaise de cette dernière est Direct
methanol fuel cell (D.M.F.C.).
Nous évoquerons également in fine de ce
chapitre le niveau d'évolution des autres sortes de piles.
A - La pile à combustible à membrane
(P.E.M.)
On évoquera le c_ur de pile et les
auxiliaires.
a - Le c_ur de pile
Le c_ur de cette pile est composé de
l'électrolyte, des électrodes et des plaques.
1 - L'électrolyte
Un électrolyte est une substance qui permet la
dissociation, en présence d'eau, d'un élément en ions chargés négativement
et positivement. Cette solution aqueuse est ainsi rendue électriquement
conductrice.
Dans les piles mises au point dans les années
1975 - 1980, l'électrolyte était liquide, ce qui entraînait soit la noyade
des électrodes en cas d'excès de celui-ci soit leur assèchement en cas de
fuite. L'avancée technologique décisive a été effectuée au début des
années 1990 par la mise au point d'électrolytes solides polymères à la
suite de travaux réalisés au Los Alamos National Laboratory, aux
Etats-Unis. C'est cela qui a permis de pouvoir mettre au point des piles à
combustible à durée de vie importante.
Dans les piles P.E.M., l'électrolyte est un
type particulier de polymère plastique.
Il s'agit d'une membrane polymère perfluorée
sur laquelle sont greffés des groupements sulfonates
SO3-. Cette membrane est « prise en
sandwich » entre l'anode et la cathode selon le schéma
suivant :
Un certain nombre de fabricants produisent ce
type de membranes : Asahi Glass, Asahi Chemicals, Gore, Dow
Chemicals. Mais le modèle qui fait référence et, actuellement, le plus
employé, est celui fabriqué par la firme Du Pont et connu sous le nom de
marque déposée, Nafion.
Ce type de membrane mis au point au début des
années 1970 n'a pas été élaboré pour les piles à combustible. C'est en
réalité un dérivé de produits utilisés dans l'industrie de fabrication par
électrolyse du chlore et de la soude. Elle a été ensuite transposée telle
quelle dans la fabrication des piles à combustible.
Très hygroscopique, la membrane doit toujours
rester saturée d'eau pour permettre le déplacement des ions H+
associés aux groupements sulfonates.
Ce type d'électrolyte n'est pas d'un type
courant dans la mesure où, en présence d'eau, les ions négatifs sont
retenus à l'intérieur de sa structure. Seuls les ions positifs, les ions
hydrogène, sont mobiles et libres de transporter la charge positive à
travers celle-ci. Ces ions hydrogène ne se meuvent que dans une seule
direction, de l'anode vers la cathode. Sans le mouvement de ces ions à
l'intérieur du c_ur, le circuit électrique resterait ouvert et aucun
courant électrique ne serait généré.
La structure de la membrane de type Nafion
est en Téflon.
La membrane est en fait une substance stable
et relativement solide due à la combinaison des caractéristiques physiques
et chimiques des perfluorocarbones sulfonés.
Ces membranes présentent une très importante
stabilité chimique dans un environnement à la fois oxydant et réducteur.
Elles sont très résistantes et elles peuvent fonctionner plusieurs
milliers d'heures.
L'épaisseur de cette membrane est
habituellement d'environ 200µm. Il y a un travail continuel de recherche
pour diminuer cette épaisseur qui, d'après les spécialistes, devrait
pouvoir atteindre 100µm. Il n'est pas impossible qu'elle puisse devenir
encore plus mince.
Bien que fine, elle sépare de façon efficace
les gaz : l'hydrogène peut ainsi être séparé de l'air, ce qui est la
condition impérative de fonctionnement. Aucune discontinuité ne pouvant
exister à sa surface, cela entraîne une fabrication très délicate et la
nécessité de contrôles de qualité très stricts lors du processus
d'élaboration.
Les électrons produits ne pouvant pas franchir
la membrane, ils doivent passer à l'extérieur pour fermer le circuit.
C'est en suivant ce chemin qu'ils peuvent alimenter un appareil électrique
extérieur comme on peut le voir sur le schéma de fonctionnement.
La membrane est, si l'on peut dire, le
« c_ur du c_ur » du générateur à pile à combustible. Les
surfaces nécessaires dans une pile sont fonction de sa puissance :
ainsi une pile de 30 kw doit posséder une surface de membrane de 10
m2.
L'usage des membranes actuelles présente un
certain nombre de difficultés techniques. Celles-ci sont, notamment, la
limitation de température de fonctionnement et la gestion de leur
humidité.
La première difficulté concerne la température
de fonctionnement.
Les piles à combustible actuelles à membranes
protoniques de type Nafion, ne peuvent travailler qu'à une
température maximale de 90°C. En pratique, la température de
fonctionnement est le plus souvent comprise entre 60 et 80°C.
A des températures supérieures à ces niveaux,
les membranes ne peuvent plus assurer une conductivité convenable des
protons à cause de leur inaptitude à retenir l'eau. Leur rendement diminue
donc en fonction de l'élévation de la température.
Il serait pourtant fort utile de pouvoir
augmenter cette température de fonctionnement car tous les chimistes
savent que plus la chaleur augmente plus certaines réactions se font
facilement.
Concernant ces piles l'enjeu technique n'est
pas mince. En effet si les membranes pouvaient supporter des températures
plus élevées, l'activité des catalyseurs en platine de l'anode et de la
cathode pourrait être augmentée. Cette température plus élevée permettrait
d'éviter l'encrassement de l'anode par le monoxyde de carbone : à
partir d'une température de fonctionnement de 170°C, ce problème ne se
poserait plus.
Une température plus élevée de fonctionnement
contribuerait aussi à améliorer le rendement en électricité des
carburants. Elle permet également d'accroître le rendement thermique par
la possibilité d'exploiter en sortie de pile à combustible un système de
cogénération. Nous verrons que cela est possible pour les piles S.O.F.C.
mais ne l'est pas à l'heure actuelle pour les piles P.E.M.
Il apparaît donc nécessaire de pouvoir faire
atteindre une température de fonctionnement beaucoup plus élevée aux piles
à membrane. Mais on mesure le chemin qui reste à parcourir : il
faudrait à terme obtenir au moins un doublement, des températures qu'il
est actuellement possible d'atteindre de façon usuelle, c'est-à-dire
environ 160°C -180°C.
Un certain nombre de techniques pourrait être
utilisée pour faire croître cette valeur. Il semble, notamment, qu'on
pourrait assez facilement atteindre une température de l'ordre de 120°C en
faisant travailler la membrane sous pression, c'est-à-dire en l'alimentant
en air comprimé. Mais l'inconvénient de cette pressurisation est qu'elle
diminue l'espérance de vie de la pile.
La meilleure voie serait sans conteste de
mettre au point de nouvelles membranes supportant des températures de
l'ordre de 170 - 180°C à la pression ambiante.
Des instituts de recherches et d'entreprises
travaillent activement sur ce problème. On conçoit que la compétition soit
très âpre. Il ne fait en effet pas de doute que le détenteur d'une
membrane adéquate serait assuré d'un avantage industriel tout à fait
important. De fait actuellement, tous les fabricants de ce type de piles
obtiennent tous des performances à peu près semblables dans la mesure où
ils emploient tous, ou quasi tous, la même membrane en Nafion.
Il ne nous a pas été très facile de trouver
des informations sur les recherches en cours dans ce domaine. Un certain
nombre d'éléments peuvent néanmoins être trouvés à la lecture attentive
des comptes rendus des colloques et congrès qui se tiennent de plus en
plus fréquemment sur ces piles à combustible.
Sans avoir l'ambition d'être exhaustifs, nous
pouvons cependant donner néanmoins une certaine idée des travaux en cours
sur ces membranes concernant leur température de
fonctionnement.
Se sont lancées dans ces recherches des
entreprises, comme W.L. Gore, 3M, Celanese, Ionics et Dow aux Etats-Unis,
Asahi chemical and Asahi glass au Japon, Sanofi en France ainsi que des
organismes de recherche comme le Commissariat à l'énergie atomique
(Grenoble) qui travaille sur une membrane polyimide et des Universités
comme celle de Poitiers.
Les recherches se focalisent essentiellement
sur différents polymères (polysulfones, polyéthers-cétone, polyimide...)
généralement sulfonés afin d'assurer le transfert protonique. Des éléments
minéraux en tant que charges conductrices protoniques ou renfort mécanique
y sont parfois associés.
On peut également noter qu'au niveau européen,
des recherches tendant à conférer aux polymères thermostables des
propriétés de conduction élevées tout en conservant de bonnes
caractéristiques mécaniques ont été explorées dans le cadre du programme
Brite-Euram. Au sein de ce dernier ont été conduits des travaux sur des
membranes organiques - inorganiques formées par l'association de polymères
sulfonés et de matériaux inorganiques conducteurs protoniques.
Malgré ces différents efforts en cours et
plusieurs prototypes de laboratoires, aucune solution de rechange
réellement opérationnelle à l'utilisation du Nafion ne semble
exister à l'heure actuelle.
La deuxième difficulté a trait aux problèmes
de l'humidité nécessaire.
Il est absolument nécessaire que la membrane
soit constamment humide, la gestion de l'eau étant en effet un point clé
de la membrane d'une pile de type P.E.M.
L'eau est un produit du fonctionnement de la
pile et doit être évacuée à l'extérieur. Mais, dans le même temps, il est
primordial que l'air et le carburant soit correctement humidifiés pour
maintenir la membrane convenablement hydratée. Cela est nécessaire, comme
on l'a déjà noté, pour permettre le déplacement des ions
H+, faute de quoi la production de courant
électrique cesse. Par contre si la membrane devient trop sèche, elle se
rompt.
Cette nécessité de contrôler l'humidité de la
membrane sans que celle-ci ne devienne excessive ni insuffisante est une
contrainte très forte. Elle ne semble pas encore complètement maîtrisée
surtout dans la perspective de la mise sur le marché de piles qui devront
fonctionner sans la surveillance constante de techniciens.
Ces deux difficultés ne nous apparaissent pas
être proches d'être résolues.
La membrane de l'avenir réellement performante
reste donc encore très largement à mettre au point.
Il est donc nécessaire d'effectuer encore dans
ce domaine une ample recherche fondamentale.
C'est un domaine qui nous semble éminemment
stratégique.
En effet l'inventeur d'une nouvelle membrane
qui fonctionnerait à haute température et dont la sensibilité à l'humidité
ne serait pas trop forte obtiendrait un avantage déterminant pour la mise
au point d'une pile à combustible réellement opérationnelle.
2 - Les électrodes
Les électrodes sont des conducteurs
électroniques au travers desquels des électrons sont échangés avec les
réactifs chimiques dans une réaction électrochimique.
Toutes les réactions électrochimiques
comportent deux parties : une oxydation à l'anode et une réduction à
la cathode.
Dans une pile à combustible de type P.E.M.
fonctionnant à la température relativement basse d'environ 80°C, ces deux
réactions n'ont normalement lieu qu'à une vitesse très lente. Elles
dépendent de la nature des éléments constitutifs des électrodes et de leur
état de surface et donc de la plus ou moins grande difficulté à réaliser
les échanges électroniques au niveau de l'interface électrode-électrolyte
(polarisation d'activation).
Pour réduire cette polarisation d'activation à
ce niveau, on met en _uvre des « catalyseurs » (ou
« électrocatalyseurs ») spécifiques. Ils ont pour rôle de
faciliter les échanges électroniques lorsque ceux-ci constituent l'étape
lente du processus.
Les meilleurs catalyseurs anodiques et
cathodiques pour les piles de type PEM sont à base de métaux précieux et,
notamment, de platine.
Celui-ci est mis en _uvre à l'état dispersé
sur du charbon actif à très grande surface spécifique comme, par exemple,
du noir d'acétylène. La taille très réduite des particules de platine, de
l'ordre de deux nanomètres de diamètre, autorise la création d'une surface
de contact très importante pour les molécules de gaz. Cela permet de
n'utiliser qu'une quantité relativement modeste de platine. Les réactions
peuvent ainsi se développer en de multiples endroits et, en conséquence,
générer un flux significatif d'électrons, c'est-à-dire de courant
électrique.
La réaction physique et électrochimique aux
électrodes est assez complexe.
A l'anode, l'hydrogène diffuse à travers le
matériau jusqu'à ce qu'il rencontre une particule de platine. Le platine
dissocie alors par catalyse la molécule d'hydrogène (H2) en
deux atomes d'hydrogène (H) qui se lient avec les deux atomes de platine
les plus proches.
Chaque atome d'hydrogène « relâche »
ensuite un électron pour donner un ion hydrogène (H+). Ces ions
(H+) traversent ensuite la membrane vers la cathode pendant que
les électrons migrent de l'anode vers le circuit extérieur et enfin vers
la cathode.
Le schéma suivant montre le cheminement de
cette réaction :
A la cathode, la réaction mettant en _uvre une
molécule d'oxygène (O2) est une réduction suivant un processus
à étapes multiples.
L'acidité du milieu ne permet pas d'utiliser
un métal comme par exemple le nickel. Les catalyseurs à base de platine
semblent actuellement les seuls à pouvoir réduire l'oxygène en grandes
quantités et donc permettre l'obtention de densités de courant importantes
aux températures relativement basses d'environ 80°C auxquelles
fonctionnent les membranes des piles à combustible du type P.E.M.
Ces électrodes ne participent pas directement
aux réactions électrochimiques et ne sont donc pas consommés, à la
différence des piles classiques ou des piles au lithium. Cependant leur
structure peut évoluer par suite du frittage progressif des particules de
catalyseur.
Si la pile est alimentée par de l'hydrogène
pur, son oxydation ne pose pas de problème particulier au niveau des
électrodes.
Par contre l'alimentation en hydrogène issu
d'un reformeur placé en amont de la pile entraînera la présence de
monoxyde de carbone (CO) résiduel.
Il apparaît qu'en dessous de 100°C il suffit
d'une centaine de ppm de CO dans l'hydrogène pour aboutir à
l'empoisonnement progressif des sites actifs des électrodes. La présence
de soufre entraîne les mêmes difficultés.
Cet empoisonnement entraîne un amoindrissement
de la surface réelle active des électrodes et donc une diminution de
l'intensité du courant et de la puissance. Les solutions pour obvier à ces
problèmes réside dans l'augmentation de la stabilité des électrodes, cette
question étant au centre d'un grand nombre de recherches.
Compte tenu du prix du platine on cherche bien
entendu à diminuer l'emploi de ce métal.
Un certain progrès a eu lieu de ce point de
vue. Ainsi en 1986 une pile à combustible utilisait 16 grammes de platine
par kilowatt de puissance produite. Actuellement il faut 1 gramme de
platine par kilowatt de puissance. On mesure ainsi l'amélioration
considérable qui a été effectuée en quinze ans.
Mais il semble très problématique à beaucoup
de spécialistes que l'on puisse diminuer encore beaucoup cette quantité
nécessaire. La recherche s'oriente actuellement vers la rationalisation
des dépôts de platine par la modification de l'architecture des
électrodes, car il a été démontré qu'environ 20 à 30% de ce métal était
vraiment actif.
Une autre possibilité est de faire fonctionner
les piles sous une pression de plusieurs atmosphères. Cela accroît les
vitesses de diffusion et de réaction de l'hydrogène et de l'oxygène et
diminue donc les quantités de platine nécessaires. Cependant il semble que
les gains soient assez faibles. La pressurisation alourdit les piles
compte tenu du poids du compresseur qui, par ailleurs, a tendance à faire
diminuer le rendement.
Mais les améliorations les plus importantes
sont recherchées par l'emploi d'alliages de platine avec d'autres métaux,
le remplacement du platine par des métaux plus stables et l'augmentation
de la température de fonctionnement de la pile.
Il y a actuellement des projets de
remplacement du platine par du ruthénium.
Une autre voie de recherche suivie notamment
en Grande-Bretagne serait de fabriquer des électrodes à base de nickel et
de tungstène qui présentent des propriétés physiques intéressantes et sont
peu coûteux.
Mais tous les projets de remplacement complet
du platine sont encore du domaine du laboratoire.
A l'anode, où a lieu la réaction d'oxydation,
on a pu mettre en évidence la possibilité d'employer certains alliages de
platine. Ces alliages platine/ ruthénium, platine/molybdène et
platine/étain donnent des résultats encourageants. Ils semblent cependant
nécessiter une température plus élevée, aux alentours de 120°C, avec une
adjonction d'air de 0,5 % au gaz issu du réformage. Ces nouveaux
catalyseurs permettraient des tolérances de l'ordre de 500 ppm de monoyde
de carbone dans l'hydrogène.
Des essais sont également en cours avec des
terres rares comme le lanthane. Celui-ci est un métal blanc malléable,
premier de la série des lanthanides ou terres rares. Ils sont utilisées
comme catalyseurs dans de nombreuses réactions chimiques comme
l'hydrogénation, la polymérisation ou l'isomérisation. L'emploi de la
pérovskite, un titane naturel de calcium, est également étudié.
A la cathode, pour la réduction de l'oxygène,
il est envisagé d'utiliser des alliages avec des métaux comme le chrome,
le nickel ou le molybdène.
La température de fonctionnement des piles à
combustible est donc un problème important qui n'a pas encore trouvé de
solution.
3 - Les plaques
On peut distinguer les supports de cathode et
d'anode et les plaques bipolaires.
- Les supports de cathode et
d'anode
Disposés de part et d'autre de la cathode et
de l'anode, ces supports ont une épaisseur de 100 à 300 microns. Ils sont
généralement fabriqués en tissu imprégné de carbone car ils doivent
permettre le passage des électrons de l'anode à la cathode.
La nature poreuse de ces supports permet aux
gaz de diffuser, ce qui leur permet, en se dispersant, d'entrer en contact
avec la surface entière de la membrane.
Ils jouent également un rôle important dans la
gestion de l'eau. Ils doivent assurer à la fois l'humidification de la
membrane et l'évacuation de l'eau excédentaire. Ces pièces sont donc
généralement recouvertes d'un matériau de type Téflon afin que l'eau ne
les bouche pas.
- Les plaques bipolaires
Accolées aux supports d'anode et de cathode,
elles ont le double rôle de canaliser les flux de gaz en provenance de
l'extérieur et de collecter le courant. Dans une pile à combustible à
cellule unique, elles sont les composantes extérieures de la pile.
Elles sont fabriquées avec un matériau léger,
rigide, imperméable aux gaz et conducteur de l'électricité. C'est le plus
souvent du graphite.
La première tâche de ces plaques est de
canaliser les flux de gaz en provenance de l'extérieur de la pile.
La face connexe du support d'anode ou de
cathode est parcourue par des canaux intérieurs dont la hauteur, la
profondeur et l'espacement sont de l'ordre de 0,8 mm. Ils servent à faire
transiter les gaz à travers la pile. La structure intérieure de la plaque,
la largeur et la profondeur des canaux, sont des caractéristiques
déterminantes de la bonne distribution des gaz. Cette structure a aussi
une grande importance en ce qui concerne la fourniture d'eau à la membrane
et l'évacuation de l'eau à partir de la cathode.
Le deuxième rôle de ces plaques est d'être un
collecteur de courant.
Les électrons produits par l'oxydation de
l'hydrogène sortent par l'anode, traversent le support d'anode et ensuite
la plaque. Ils quittent ensuite la pile et alimentent le circuit
extérieur.
Les piles à combustible sont en fait formées
d'un empilement de ces structures primaires qui sont accolées les unes aux
autres par l'intermédiaire des plaques, plaques positives au contact des
plaques négatives, assurant ainsi la connexion électrique en série de la
totalité de la pile. C'est pour cette raison que ces plaques sont parfois
appelées « plaques bipolaires d'interconnexions ».
Ces multiples fonctions doivent être remplies
simultanément. Il y a donc, en termes de matériaux, des contraintes
importantes de construction.
Les plaques doivent avoir un bon niveau de
conductivité, une bonne inertie chimique notamment par rapport à l'eau et
aux acides ainsi qu'une perméabilité très faible à l'hydrogène. Elles
doivent également être très résistantes à la corrosion et être légères
afin que les empilements nécessaires pour réaliser une pile à combustible
ne soit pas trop lourds.
Les matériaux couramment employés à l'heure
actuelle sont à base de graphite haute densité. Les dizaines de canaux
nécessaires doivent être usinés avec beaucoup de soins car les tolérances
sont très faibles.
Ces plaques sont donc difficiles à réaliser.
Il ne sera certainement pas possible d'en rester à l'usinage comme mode de
fabrication. Une percée technologique dans le mode de fabrication de ces
plaques sera nécessaire.
Il faudrait d'abord employer des matériaux
moins coûteux et moins difficiles à travailler que le graphite, comme par
exemple l'inox. Il sera certainement nécessaire de mettre au point des
procédés de fabrication comme l'emboutissage ou la thermocompression qui
permettraient la fabrication automatique à la chaîne.
Les résines thermodurcissables riches en
charges conductrices et, particulièrement celles à base de polyesters
conducteurs, pourraient être une des solutions pour la fabrication de ces
plaques. Un certain nombre de sociétés américaines se sont lancées
récemment dans ces réalisations.
Le Commissariat à l'énergie atomique
s'intéresse également à ces techniques de fabrication des plaques pour
piles à combustible. Il étudie ainsi des matériaux organiques dans
lesquels sont dispersés, à cause de la nécessité d'obtenir un matériau
inerte chimiquement, des charges non métalliques de type graphite ou noir
de carbone.
Ces problèmes de fabrication relèvent
essentiellement de la science des matériaux.
b - Les auxiliaires
Le c_ur de pile doit être entouré par un
certain nombre d'auxiliaires.
Il est nécessaire de disposer autour de lui
des appareils qui assureront son alimentation en hydrogène, son
refroidissement, l'évacuation de la chaleur et de l'électricité, le
compresseur afin d'augmenter le rendement...
Tous ces appareils auxiliaires sont en fait
banals dans la mesure où ils sont employés couramment notamment dans
l'industrie chimique et pétrolière. Ils ont donc simplement été adaptés
aux piles à combustible.
Leur fonctionnement nécessite de l'énergie.
Ainsi le compresseur d'air à la cathode peut consommer jusqu'à 12
kilowatts à pleine puissance.
Avant d'examiner un auxiliaire très important,
le reformeur, et la nécessaire présence d'accumulateurs on évoquera le
problème de la commande et du contrôle de cet ensemble.
1 - La commande de cet ensemble
L'ensemble du système générateur à pile à
combustible doit faire l'objet d'un contrôle et d'une gestion appropriés.
Il est naturellement fait appel à l'électronique pour ces tâches.
Les informations sont très lacunaires dans ce
domaine. Néanmoins il semble que l'on ne dispose pas encore d'une
électronique de puissance satisfaisante dans ce domaine.
En effet le travail de recherche dans ce
domaine s'est longtemps focalisé sur le contrôle des fortes puissances
alors que les piles à combustible se situent plutôt dans les petites et
moyennes puissances. Cette situation est telle que toute l'expérience et
les réussites enregistrées dans ce domaine dans notre pays, notamment pour
des applications telles que le T.G.V., ne sont pas transposables au niveau
de la pile à combustible.
Ce domaine pourrait certainement intéresser
des firmes comme Valeo. Cette entreprise est déjà impliquée dans l'étude
d'équipements pour la gestion thermique et de l'eau des piles à
combustible. Une nouvelle division vient d'être créée pour les
compresseurs électriques.
Valeo participe aussi aux programmes des
constructeurs automobiles dans ce domaine et à des actions au sein du
Réseau « pile à combustible ».
Le contrôle-commande des piles à combustible
est certainement un enjeu stratégique.
En effet, ayant pris avec quelque retard le
départ dans les différents composants de pile à combustible, nos
entreprises et nos laboratoires pourraient trouver là une possibilité de
nous positionner comme des interlocuteurs irremplaçables.
Il serait en effet peut-être possible de
valoriser dans ce domaine tous le savoir-faire qu'un certain nombre
d'acteurs français, et notamment le C.E.A., ont pu acquérir dans la
gestion électronique des systèmes complexes.
Cet axe de recherches nous paraît d'autant
plus nécessaire à explorer de façon approfondie que les Japonais et les
Américains seraient en train de faire des efforts très importants dans ce
domaine.
2 - La nécessaire présence d'accumulateurs
classiques
Ce système générateur à pile à combustible a
besoin de classiques accumulateurs pour fonctionner.
Ils sont tout d'abord indispensables pour le
démarrage à la fois du reformeur, du système de contrôle commande et de
l'ensemble des auxiliaires.
Ces accumulateurs seront aussi nécessaires
pour stocker la production d'électricité de la pile à combustible dans les
moments où ce courant ne sera pas employé, le fonctionnement de la pile
n'étant pas interrompu. Celle-ci a alors une fonction de recharge de la
batterie.
Les changements de phases requerront également
un tel équipement. En effet une pile à combustible est assez longue à
changer de gradient de puissance. Ce sont des batteries qui se mettront en
route pour assurer les transitions. Elles seront aussi nécessaires pour
pallier les variations de puissance de sortie de la pile en fonction de la
température du milieu.
3 - Le reformeur
C'est un auxiliaire nécessaire quand la pile
n'est pas alimentée par de l'hydrogène stocké dans un réservoir . Il
permet de stocker l'hydrogène qui sera consommé par la pile.
Les technologies de reformage sont utilisées
de façon courante pour la production de gaz de synthèse dans l'industrie
chimique et pétrolière.
Comme l'indique un rapport récent de
l'Institut français du pétrole (I.F.P.), la production d'hydrogène
s'effectue en trois étapes : génération du mélange initial, réaction
du monoxyde de carbone et de l'eau et purification finale de
l'hydrogène.
- La génération du mélange initial
La première opération est la production de gaz
de synthèse. Il existe trois méthodes majeures : le vaporeformage,
l'oxydation partielle et les procédés autothermes.
· Le vaporeformage
Le vaporeformage, est le procédé possédant le
meilleur rendement énergétique, le plus économique et le plus répandu. Il
peut convertir une large gamme d'hydrocarbures, du gaz naturel au naphta.
La réaction de base est la décomposition du méthane en ses éléments.
Celle-ci produit du carbone solide que l'on transforme en gaz par
utilisation de la vapeur d'eau.
Il y a la nécessité d'un apport externe de
chaleur compte tenu du caractère fortement endothermique, c'est-à-dire
avec absorption de chaleur, de cette réaction.
Dans le cas de piles à combustible de type
P.E.M., cette chaleur doit être apportée par une combustion additionnelle
de carburant, ce qui nécessite un brûleur complémentaire. Il convient de
noter que les échanges de chaleur et les montées en température
nécessitent des temps de réponse et de mise en marche importants.
C'est ce système qu'ont choisi un certain
nombre de firmes automobiles, notamment, Toyota, DaimlerChrysler et
General Motors pour leur prototype de voiture à pile à
combustible.
· L'oxydation partielle
L'oxydation partielle est un procédé
essentiellement thermique. Il est surtout utilisé dans des installations
industrielles pour produire de l'hydrogène à partir de produits plus
lourds que le naphta bien qu'il puisse aussi fonctionner avec des
hydrocarbures légers.
Par rapport au vaporeformage, cette méthode
autorise un plus grand choix de carburant, qui peut aller du gaz naturel
au gazole.
Ce procédé offre une plus grande compacité,
une simplification importante du système de gestion de l'eau et un temps
de démarrage et de réponse réduits du fait de l'absence de brûleur externe
et des échanges de chaleur.
Par contre ces aspects positifs sont compensés
par :
- une forte exothermicité et un rendement en
hydrogène plus faible,
- une possible dilution de l'hydrogène produit
par des gaz comme l'azote en cas d'alimentation en air du réacteur, ce qui
peut affecter le rendement de la pile.
On notera que, entre autres, l'Argonne
national laboratory a choisi l'oxydation partielle comme système de
génération d'hydrogène embarqué. Ce laboratoire vient d'ailleurs de
présenter un reformeur très compact fonctionnant selon cette technique.
· Le procédé autotherme
Le procédé autotherme utilise une combinaison
des deux réactions décrites. Il s'agit de tirer avantage de
l'exothermicité de l'oxydation partielle pour combler l'endothermicité du
vaporeformage.
C'est l'entreprise britannique Johnson Matthey
qui semble la plus avancée dans cette voie.
Au démarrage, le réacteur est alimenté en
carburant et en air (fonctionnement en oxydation partielle). Lorsque la
température est suffisamment élevée, un mélange eau, méthanol et air est
introduit dans le réacteur et permet un fonctionnement autotherme. Dans
les zones endothermiques (vaporeformage), la chaleur additionnelle peut
être fournie par combustion de l'hydrogène résiduel non converti dans la
pile et par un éventuel appoint en carburant.
Comme le note le rapport précité de l'I.F.P.,
« ce réacteur est tout à fait original [...][dans la mesure où] les
réactions endothermiques et exothermiques ont lieu sur les mêmes
particules de catalyseurs, ce qui entraîne des transferts de chaleur sur
des distances très courtes (microscopiques) [...]».
On obtient ainsi, quelque soit le procédé
choisi, un mélange gazeux à base de monoxyde de carbone et d'hydrogène
dont il est nécessaire d'éliminer le monoxyde de carbone et les impuretés.
- La réaction du monoxyde de carbone et de
l'eau
Il s'agit là de faire réagir le monoxyde de
carbone et l'eau pour obtenir de l'hydrogène supplémentaire.
C'est une réaction exothermique qui s'effectue
généralement en deux étapes successives : d'abord à haute température
(340 à 450°C) puis à basse température (200 à 250°C).
- La purification de l'hydrogène
Il est indispensable de purifier le mélange
dans la mesure où il contient encore du monoxyde de carbone qui constitue
un poison pour le platine employé dans les piles.
Trois méthodes peuvent être ici
utilisées : la méthanation, l'oxydation sélective, l'adsorption,
l'utilisation de membranes en alliage de palladium.
· La méthanation
Cette méthode utilise trois moles d'hydrogène
pour chaque mole de monoxyde de carbone éliminé. Elle produit du méthane
et de l'eau. Elle est couramment employée dans l'industrie mais n'apparaît
pas comme devant être utilisée dans les véhicules.
Cette réaction est en effet difficile à
contrôler en présence d'un excès de dioxyde de carbone qui requiert une
unité de décarbonatation en amont de la purification, ce qui est peu
compatible avec la nécessité d'une installation compacte.
· L'oxydation sélective
Différents catalyseurs sont connus pour leurs
propriétés d'oxydation sélective du monoxyde de carbone en présence
d'hydrogène. Leur utilisation nécessite par contre un contrôle précis de
la température compte tenu de leur sensibilité thermique.
· L'adsorption
Cette méthode est basée sur le principe
d'adsorption des impuretés sur des lits de tamis moléculaires. L'opération
a lieu à température ambiante dans le cas du vaporeformage à une pression
de 20 ou 25 bars. Mais il est nécessaire d'employer des compresseurs
supplémentaires, ce qui est pénalisant d'un point de vue
encombrement.
· L'utilisation de membranes en alliage de
palladium
Le palladium et ses alliages sont très
efficaces pour isoler l'hydrogène des autres espèces chimiques. Mais les
procédés à membranes nécessitent des pressions (10 - 20 bars) et des
températures relativement élevées (300-400°C). Il est nécessaire
d'utiliser des compresseurs et un système de chauffage, ce qui réduit
naturellement le rendement énergétique de l'ensemble.
La technologie des reformeurs est donc une
opération compliquée. Le reformeur est en réalité une usine chimique à
part entière. Si l'utilisation d'un reformeur ne pose pas de problème dans
une raffinerie de pétrole, il n'en est évidemment pas de même si on doit
l'installer sur un châssis d'automobile.
Aussi de nombreux travaux de recherche
sont-ils consacrés à la possibilité de le miniaturiser comme vient de le
faire le laboratoire d'Argonne.
Une direction de recherche est d'essayer de se
passer de ce reformeur.
Il est alors nécessaire de pouvoir réaliser la
conversion électrochimique directe du combustible.
B - La pile à combustible direct
Comme l'indique M. Michel Prigent dans le
rapport sur les piles à combustible de l'Institut français du pétrole de
janvier 1999, « à part l'hydrogène il existe très peu de combustibles
présentant une vitesse d'oxydation anodique suffisante dans la plupart des
piles à combustible fonctionnant à base ou à moyenne température ».
Il cite comme exemples l'hydrazine, l'ammoniac, le méthanol et le glycol.
Ceux-ci sont assez difficiles à employer compte tenu de leur toxicité.
Le méthanol fait cependant l'objet d'un
certain nombre de recherches car c'est le seul qui soit suffisamment
réactif pour justifier des recherches approfondies.
Dans ce cas, le combustible est un mélange
d'eau et de méthanol qui est consommé directement par la pile par
oxydation directe à l'anode, sans transformation en hydrogène. L'oxygène
de l'air est l'oxydant. C'est le seul système de pile à combustible à
faible température fonctionnant sans utilisation d'hydrogène.
C'est un type de pile à combustible
relativement nouveau.
L'électrolyte de ce type de pile est acide, et
non pas alcalin, afin que le gaz carbonique produit par la combustion
totale du méthanol puisse se dégager.
La température de fonctionnement est de 60°C
afin d'éviter une pression de vapeur trop élevée, la température
d'ébullition du méthanol étant de 65°C à la pression
atmosphérique.
Dans ce milieu acide, les seuls
électrocatalyseurs capables d'oxyder le méthanol qui soient suffisamment
actifs et stables sont constitués d'alliages métalliques à base de
platine. Un grand nombre de systèmes bimétalliques sont envisagés pour
accroître de manière importante l'activité électrocatalytique comme par
exemple des couples platine-ruthénium ou platine-étain.
Les performances de ce type de pile sont
intéressantes. Mais elles restent tout de même très faibles, notamment en
termes de densité de puissance maximum, à cause de la réactivité du
méthanol, plus faible que celle de l'hydrogène. Les électrodes doivent
environ être 10 à 20 fois plus chargées en métaux précieux,. ceci
constituant bien entendu un obstacle dirimant dans la perspective de la
commercialisation.
Les recherches portent donc sur le mécanisme
de catalyse à l'anode pour remplacer les catalyseurs à base de métaux
précieux.
Il semblerait que l'acide et l'aldéhyde
formiques jouent un grand rôle dans ce processus. Des études théoriques
ont en effet permis de relier l'activité catalytique et la tolérance au
monoxyde de carbone à la structure électronique du platine pur ou de ses
alliages avec des métaux de transition comme le fer, le nickel, le cobalt
ou le molybdène.
Comme le signale M. Michel Prigent dans le
rapport précité, «une autre difficulté réside dans la grande solubilité du
méthanol dans les électrolytes utilisés y compris dans les membranes
perfluorées, et son transfert vers la cathode ».
Le méthanol diffuse donc vers la cathode par
un phénomène dit de « cross over ». Il s'oxyde à cet
endroit en dioxyde de carbone et eau sans production d'énergie. Il y a
donc là une perte de combustible estimée à 10%. Pour obvier à ce phénomène
on alimente maintenant l'anode non pas avec du méthanol pur mais avec une
solution aqueuse diluée contenant environ 3% d'alcool.
Mais il semble qu'aucune des membranes
actuellement commercialisées n'est réellement satisfaisante de ce point de
vue.
Un récent rapport de notre attaché
scientifique à Tokyo a donné quelques informations sur des essais de
fabrication, au Japon, de membranes composites.
Ces essais s'orientent d'abord vers des
compositions de zéolithe et de polymère styrène/butadiène plus étanches au
méthanol et possédant une conductivité ionique convenable et une bonne
tenue mécanique.
Une autre voie est la greffe d'ions sulfonates
à un polymère d'hydrocarbure partiellement fluoré. Cela fournit une
excellente conductivité ionique et une moins grande perméabilité au
méthanol mais, par contre, des caractéristiques intensité/potentiel moins
bonnes que celles du Nafion.
Enfin se pose le problème des effluents de ce
type de pile. Ils nécessitent une épuration des gaz d'échappement par
traitement post catalytique avant leur rejet à l'atmosphère. Dans les
nouvelles piles alimentées par une solution aqueuse de méthanol, le gaz
carbonique des effluents est lavé par de l'eau prélevée en condensant
celle qui se trouve dans l'oxygène ou l'air en sortie de pile.
On voit que ce type de pile pose un certain
nombre de problèmes techniques dont on ne possède pas, à l'heure actuelle,
les solutions.
Cependant c'est ce type d'alimentation qui est
retenu afin de parvenir à miniaturiser les piles à combustible.
C - La miniaturisation des piles à
combustible
Notre époque est caractérisée par la
considérable croissance du nombre et de la variété des appareils portables
nécessitant de l'énergie électrique. C'est naturellement le cas des
téléphones cellulaires, des ordinateurs portables, des assistants de
poche... mais aussi des jeux de poche, des appareils personnels de
contrôle de la santé, de diverses télécommandes.
La conséquence de la multiplication de ces
appareils est la croissance de la demande d'énergie. Celle-ci est
considérable : on a ainsi calculé que les ordinateurs et des
téléphones portables vendus en 2000 requéraient une énergie totale de 2,5
Gw/h.
L'énergie électrique de ces appareils est
actuellement fournie par des accumulateurs, des batteries.
Il y a trente ans, seule la technologie
nickel-cadmium était disponible pour l'alimentation des systèmes
électroniques. Au cours de la dernière décennie trois nouvelles
technologies sont apparues : nickel métal hydrures, lithium ion et
lithium polymère. Nous évoquerons plus loin les perspectives de
possibilités de développement de ces technologies.
Les attentes des utilisateurs d'appareils
électroniques portables portent sur l'augmentation de l'autonomie, la
miniaturisation des systèmes, la puissance délivrée, la réduction du temps
de charge, la facilité de remplacement et, enfin, le prix. La demande
porte de façon principale sur l'autonomie pour répondre à ce qu'on nomme
aux Etats-Unis, la « battery anxiety », l'angoisse
de se trouver à court d'énergie en plein milieu d'une conversation
téléphonique ou en cours de travail sur un ordinateur portable. Le prix
n'est pas alors considéré comme un problème important.
L'intérêt des piles à combustible est donc
tout à fait évident sur ces marchés.
En effet elles sont capables d'avoir des
densités d'énergie de 3 à 5 fois plus élevées que les accumulateurs, ce
qui permettrait à un téléphone portable d'avoir une autonomie de plus de
trente jours en veille et de plus de vingt heures de communications pour
un encombrement identique à celui que nous connaissons aujourd'hui.
Il faut aussi prévoir que ces appareils
portables devront disposer de plus en plus d'énergie compte tenu des
innombrables fonctions nouvelles qui y seront installées. La consommation
des téléphones portables est aujourd'hui d'environ 2,5 w/h, elle devrait
être multipliée par deux et atteindre 5 w/h pour pouvoir, notamment,
recevoir des images.
Les piles à combustible n'ont enfin pas besoin
d'être rechargées mais simplement réalimentées en combustible, ce qui peut
se faire en un laps de temps très court, de l'ordre de quelques secondes,
si l'on doit seulement ajuster une capsule de carburant.
Mais la réalisation de ces micro piles à
combustible ne s'avère pas être une tâche facile. Il faut en effet
parvenir à réduire à l'échelle une technologie qui a été principalement
élaborée pour la gamme du kilowatt.
Il faut donc effectuer une miniaturisation des
technologies. Cela entraîne un certain nombre de difficultés car on
retrouve, rendus encore plus ardus à résoudre, les problèmes de gestion de
la chaleur et de l'eau ainsi que les questions de stockage et de
circulation du combustible.
La réalisation d'une micro pile peut emprunter
deux voies : soit réduire de façon homothétique l'architecture d'une
pile classique, soit adopter une conception différente.
La première voie est celle choisie par un
certain nombre de fabricants comme Ballard et H Power. Il
semble que cette direction devrait rencontrer assez rapidement des
limites.
L'autre axe est l'adoption d'une architecture
différente de la technique classique d'empilage avec la réalisation
d'électrodes en mode plan.
C'est le choix du C.E.A. Cet organisme a en
effet décidé de développer sur fonds propres un programme « micro
piles à combustible ». A cette fin, le nombre des personnels qui y
ont été affectés est passé de trois en septembre 2000 à actuellement dix.
Ce projet vise à utiliser les importantes capacités internes de cet
organisme en matière de micro électronique développées au sein du L.E.T.I.
qui vont être ainsi réunies aux compétences en électrochimie.
De très nombreux projets réunissant ainsi
électrochimie et micro électronique sont actuellement en cours de
développement dans le monde, les Etats-Unis étant particulièrement actifs
dans ce domaine.
Parmi ceux-ci on peut noter la réalisation
d'une pile d'un volume de 5 mm3 par la Case Western University
aux Etats-Unis qui fonctionne pour l'instant à l'hydrogène ainsi que les
travaux de Bell Laboratories (Lucent), de Sandia National Laboratory, de
l'Université du Minesota, d'Energy Related Devices...
Les entreprises engagées dans ces travaux
restent plutôt discrètes. Seule la firme Motorola a donné quelques
informations sur son activité.
Chez Motorola qui travaille en collaboration
sur ce thème avec le Los Alamos National Laboratory, le choix a été fait
de travailler à la réduction à l'échelle d'une pile. Motorola travaille
sur les aspects autres que la membrane de la pile qui est du ressort de
son partenaire, et, notamment, sur l'intégration et la miniaturisation de
l'environnement du c_ur de la pile.
Ces recherches ont abouti à la réalisation
d'un module de pile se présentant sous la forme d'un carré d'environ 3 cm
de côté et d'environ 1 cm d'épaisseur. Le schéma suivant, élaboré d'après
un document de Motorola, montre la coupe d'un module de pile
:
Note : EME : Ensemble
membrane-élecrolyte
Il s'agit là d'une réalisation tout à fait
remarquable.
On imagine la complexité du travail nécessaire
pour l'élaboration, à l'intérieur des épaisseurs des couches céramiques,
des canaux de distribution des gaz et du carburant. A n'en pas douter la
maîtrise des techniques de miniaturisation sera une compétence clé de la
mise au point de ces micro piles.
Il est possible d'empiler et de connecter
électriquement ces modules de base afin d'obtenir la puissance électrique
souhaitée.
Quatre modules peuvent fournir une puissance
d'environ 100 à 120 milliwatts soit environ cinq fois la densité d'énergie
d'un accumulateur conventionnel de technologie lithium-ions.
La technologie céramique choisie simplifie les
interconnexions des modules. Les modules de base sont disposés dans un
plan horizontal plutôt que vertical, comme pour les autres modèles de
piles à combustible. Cette construction simplifie la conception du système
« pile à combustible » et dispense de doter celui-ci d'un
système de refroidissement par ventilateur ou pompe dans la mesure où
toutes les cellules sont en contact direct avec l'air ambiant.
Cependant des auxiliaires extérieurs au
système restent nécessaires. Des micro pompes doivent notamment être
utilisées pour l'alimentation du système de la pile en solution
aqueuse de méthanol à 3 - 5%. Ces micro pompes peuvent fournir ce
carburant selon des quantités pouvant varier entre 5 et 100 μl/minute. Il
faut également ajouter le convertisseur de courant et la batterie.
Ce type de micro pile est d'ores et déjà
fonctionnelle et est capable de faire fonctionner des appareils comme des
agendas électroniques de poche.
Leur taille rend aussi possible leur
utilisation sur des téléphones portables. Pour ce type d'appareil, la
micro pile pourrait être intégrée directement dans le combiné. Elle
pourrait l'être également dans un boîtier portable pouvant être porté en
bandoulière (holster) ou à la ceinture sur lequel s'accroche le
combiné quand il n'est pas utilisé et sur lequel il se recharge. C'est le
projet de Manhattan Scientific, Inc.
L'alimentation de ces micro piles serait faite
par le simple changement d'une capsule contenant du méthanol comme on
change la cartouche d'encre d'un stylo plume. Il serait possible
d'acquérir ces capsules par exemple auprès des débitants de tabac. Cette
perspective est naturellement très séduisante du fait de son extrême
simplicité et de la rapidité de la recharge en énergie des différents
appareils portables.
Il est évident que la possibilité de produire
en masse ces micro piles rendraient quasi instantanément obsolètes les
piles actuellement utilisées. Par contre un problème pourrait peut-être se
faire jour en matière de transport aérien dans la mesure où la
réglementation actuelle interdit de transporter par avion des liquides
inflammables.
C'est néanmoins encore un prototype de
laboratoire mais les responsables de Motorola estiment que la
commercialisation pourrait intervenir dans les cinq ans.
Motorola semble avoir acquis une remarquable
maîtrise de la miniaturisation des systèmes nécessaires au fonctionnement
des micro piles. Ainsi outre les micro pompes déjà citées, cette firme a
également mis au point un micro reformeur de méthanol.
Motorola souhaite demeurer dans ses domaines
d'excellence traditionnelle c'est-à-dire la miniaturisation en développant
ses compétences en matière de travail de la céramique.
La politique de cette firme montre qu'il est
possible d'être présent dans ce domaine de la pile à combustible tout en
se consacrant seulement à une seule partie de cet ensemble, mais une
partie-clé.
Le système « pile à combustible »
requiert encore suffisamment d'innovations pour que des entreprises
puissent trouver un domaine d'intervention. Il est néanmoins nécessaire de
trouver un ensemblier, un chef d'orchestre, qui intègre l'ensemble des
compétences de façon rationnelle.
Outre la miniaturisation, un certain nombre
d'autres problèmes se posent quant au fonctionnement de ces
piles.
, téléphonez au
1234567890
D - Le fonctionnement d'un système générateur
à pile à combustible
Le fonctionnement d'une pile à combustible est
susceptible d'être affecté d'un certain nombre de difficultés.
Dans ce paragraphe nous nous proposons
d'évoquer les problèmes de fonctionnement propres au système générateur à
pile à combustible complet et, parmi ceux-ci, le rendement, la fiabilité
et la durabilité d'une pile à combustible.
a - Le rendement d'une pile à
combustible
Comme on le sait le fonctionnement des moteurs
à combustion comme celui de toutes les machines thermiques en général, est
régi par les deux lois de la thermodynamique. Celle-ci enseignent que,
même dans des conditions idéales, seulement une fraction de la quantité
d'énergie fournie par le combustible peut être transformée en travail, le
reste devant être cédé à la source froide.
La conversion électrochimique n'obéit pas
quant à elles à ces contraignantes lois de Carnot. Elle obéit à d'autres
lois conduisant à des rendements supérieurs.
Nous nous appuierons pour ce paragraphe très
technique sur le rapport élaboré par M. Michel Prigent à l'Institut
français du pétrole et publié en 1999 sous le titre « Les piles à
combustible, état du développement et des recherches en cours à l'aube de
l'an 2000 ».
Selon cet auteur, le rendement énergétique
d'une pile à combustible peut se définir comme le rapport entre l'énergie
électrique produite et l'énergie thermique qui serait libérée par la
réaction chimique effectuée.
Le rendement énergétique maximal est le
rapport entre le travail maximal théorique fourni par une pile à
combustible fonctionnant de manière réversible et la variation
d'enthalpie, c'est-à-dire de la quantité totale de chaleur, au cours de la
réaction.
M. Prigent estime ainsi que le rendement
théorique maximum d'une pile hydrogène - oxygène à 25°C est de 83 ou 95%
selon que l'eau est produite sous forme liquide ou gazeuse.
Le rendement électrique réel obtenu dépend du
fait que la tension d'une pile en fonctionnement est toujours inférieure à
sa tension maximale. Cette situation résulte notamment de
l'irréversibilité des réactions (polarisation d'activation), des défauts
d'alimentation en réactifs des électrodes (polarisation de concentration)
et des résistances s'opposant au passage des charges électriques au sein
de l'électrolyte et dans les électrodes (chute ohmique). Nous avons déjà
fait allusion à ces difficultés notamment lors de l'examen du
fonctionnement des électrodes.
Mais il ne s'agit pas là des seuls obstacles
au rendement d'un système générateur d'électricité à pile à
combustible.
En effet d'autres effets doivent être pris en
compte pour déterminer le rendement réel d'une pile à combustible. Il
s'agit essentiellement des problèmes liés au taux d'utilisation des
réactifs et à la dépense d'énergie entraînée par leur conditionnement
préalable.
Doivent donc être considérés : le
rendement faradique, le rendement matière et le rendement
système.
- Le rendement faradique
Il concerne le nombre d'électrons
effectivement obtenu par quantité de combustible ou de comburant
consommée. Il n'est pas toujours conforme aux prévisions théoriques. Par
exemple on peut noter qu'à l'anode, avec l'hydrogène, on obtient en
général deux électrons par mole consommée : le rendement faradique
est alors de 1. Mais il n'en est pas de même avec le méthanol où on
n'obtient pas de façon normale six électrons quand l'oxydation s'arrête au
formaldéhyde (deux électrons par mole) ou à l'acide formique (quatre
électrons par mole). De la même façon, concernant la réduction de
l'oxygène, la formation d'eau oxygénée limite quelquefois le nombre
d'électrons échangés à deux au lieu de quatre.
Le rendement faradique peut également être
limité par des court-circuits électriques ou chimiques internes à la pile.
Le court-circuit électrique peut être dû à la
coexistence d'un certain taux de conduction électronique en plus de la
conduction ionique dans certains électrolytes solides.
Le court-circuit chimique est entraîné par le
transfert d'une partie du combustible vers la cathode ou de l'oxygène vers
l'anode. Cette situation peut se produire dans différentes situations.
C'est le cas avec le méthanol dans les piles directes compte tenu de sa
grande solubilité dans les électrolytes aqueux ou polymères ou avec
l'hydrogène ou l'oxygène dans les piles à membranes.
- Le rendement matière
Celui-ci a plus particulièrement trait au taux
réel d'utilisation des réactifs au niveau d'un bloc de pile.
Dans un bloc toutes les électrodes doivent
être alimentées en gaz avec, de façon stricte, le même débit. De même la
répartition des gaz, c'est-à-dire la pression partielle des réactifs en
tout point de chacune d'elles, doit être identique. La conséquence du non
respect de ces contraintes est que lorsqu'une seule électrode est
insuffisamment alimentée dans un assemblage, ce sont les performances
globales du bloc qui sont dégradées. Il est donc généralement
indispensable en pratique d'alimenter les blocs avec un excès plus ou
moins important de réactifs. Il devient alors souvent difficile
d'atteindre un taux d'épuisement total en espèces actives dans les
effluents. Cette situation doit être d'autant plus surveillée qu'il s'agit
d'un combustible ou de ses dérivés qui sont toxiques. C'est le cas dans
les piles à méthanol direct avec le méthanol imbrûlé ou le formaldéhyde.
Un traitement catalytique des gaz d'échappement est alors
nécessaire.
- Le rendement système
Celui-ci prend en compte l'énergie qu'il est
en général nécessaire de consommer pour le préconditionnement des
réactifs, leur compression, leur recyclage, l'extraction des calories,
l'électronique de contrôle, etc. Tous ces systèmes consomment une part
plus ou moins grande de l'énergie produite par la pile et entraînent une
perte de rendement.
Toutes ces contraintes font que le rendement
d'une pile à combustible donnée ne peut être déterminé qu'en fonction des
caractéristiques du système complet.
Pour donner néanmoins une idée du rendement
d'un tel système générateur on reprendra l'exemple donné par M. Michel
Prigent dans son rapport pour une pile hydrogène - oxygène
(air) :
- fonctionnant à 25 °C sous 0,7 volt en
rejetant l'eau formée à l'état gazeux,
- avec un rendement faradique sur l'hydrogène
égal à 1,
- ne consommant que 90% de l'hydrogène admis
pour éviter l'accumulation d'un taux trop élevé d'impuretés dans la pile,
- ayant une autoconsommation de 20% de
l'énergie produite pour l'alimentation des accessoires, compression de
l'air principalement.
L'auteur détermine le rendement d'un tel
système comme égal à 38,9%.
Nous donnerons les évaluations des rendements
des autres types de piles dans la présentation de ceux-ci.
b - La fiabilité et la durabilité des piles à
combustible
C'est un sujet très difficile à traiter à
l'heure actuelle dans la mesure où les piles actuelles, à l'exception de
celles utilisées dans le domaine spatial, ne sont encore que des appareils
de laboratoire gérés et entretenus par des spécialistes.
La théorie voudrait qu'elles soient d'une
grande fiabilité et durabilité dans la mesure où, notamment, leur c_ur ne
comprend pas de pièces mobiles. Il y en a par contre dans les nombreux
auxiliaires tels que les pompes et les compresseurs. Des possibilités de
pannes existent donc à ces niveaux mais celles-ci ne sont pas considérées
comme graves dans la mesure où il sera toujours possible de changer
l'appareil défaillant. Par exemple il faudrait certainement, au moins à
titre préventif, remplacer les filtres et les pompes tous les ans.
Il est plus difficile par contre de se
prononcer quant à la fiabilité du fonctionnement du c_ur de pile dans la
mesure où on ne dispose encore que de peu de recul dans ce domaine. Il
semble de surcroît qu'il ne soit pas possible de faire vieillir en
laboratoire de façon accélérée un tel c_ur de pile, et donc de faire de
telles études de fiabilité.
Le c_ur d'une pile à combustible de type PEM
devrait pouvoir fonctionner environ pendant 40 000 heures. Cette dernière
durée représenterait en fait un objectif à atteindre dans cinq ans, la
longévité actuelle étant plutôt de l'ordre de 20 000 à 30 000 heures.
Un certain nombre de nos interlocuteurs nous
ont indiqué que la technique des piles à combustible de type P.E.M. était
très fiable et avait certainement une espérance de vie très longue. On
pourrait voir une preuve de cette fiabilité à long terme dans le fait que
la N.A.S.A. a retenu cette énergie pour les futures stations spatiales
fixes en demandant 100 000 heures de fonctionnement sans nécessité de
réparation, soit environ dix ans.
Il nous semble évident qu'il sera nécessaire
que les piles à combustible qui fourniraient l'énergie à des biens de
grande consommation comme l'automobile ou les téléphones portables soient
d'une grande fiabilité. On ne peut pas espérer en effet que les
consommateurs plébiscitent une technologie qui leur offrirait, au moins
techniquement, moins que ce dont ils peuvent disposer actuellement. On
peut penser que les usagers de téléphones et d'ordinateurs portables
auront le même point de vue.
Il faut sans doute effectuer une distinction
entre les piles à combustible qui seront utilisées dans des appareils
portables individuels ou des automobiles, essentiellement de type P.E.M.
de faible puissance et celles, de type P.E.M. ou S.O.F.C. de moyenne
ou de forte puissance, qui fonctionneront dans un environnement que l'on
peut appeler industriel avec des possibilités d'intervention rapide de
personnels spécialisés.
Les conditions de fonctionnement des unes et
des autres peuvent être radicalement différentes.
Ainsi il n'y a pas de commune mesure entre la
pile à combustible qui serait installée dans une automobile et soumise aux
trépidations de la route, aux poussières, à l'eau, au froid, au chaud et
aussi aux chocs et une autre installée dans la cave d'une maison à l'abri
de tous ces désagréments.
Ainsi l'expérience a été faite à l'Institut
des transports de l'Université de Davis d'installer une pile à combustible
de type P.E.M. dans un de ces gigantesques camions américains qui
effectuent des voyages transcontinentaux aux Etats-Unis.
Cette pile a été installée comme auxiliaire de
puissance pour faire marcher le réfrigérateur, le congélateur, le
récepteur de télévision... de bord suite à l'observation que, même à
l'arrêt, les moteurs de ces camions devaient continuer à marcher pour
alimenter ces divers appareils. Mais cette pile expérimentale n'a pas
fonctionné à bord de ces camions à cause des trop fortes vibrations
engendrées par le roulage.
La Chicago Transit Authority, compagnie de bus
urbains de la ville de Chicago a expérimenté pendant environ deux
ans trois bus à pile à combustible de type P.E.M.
La fiabilité de ces véhicules a été plutôt
satisfaisante. Mais il s'est avéré nécessaire qu'entre trois et cinq
techniciens s'occupent en permanence, et en exclusivité, de ces trois bus
qui restaient des véhicules expérimentaux. Naturellement il ne serait pas
envisageable qu'à partir du moment où ce type de véhicule se répandrait,
une assistance technique d'une telle ampleur soit nécessaire.
Il nous semble que la fiabilité des piles à
combustible ne soit pas encore vraiment démontrée à ce jour, pour ces
usages.
Il convient donc de poursuivre et de
multiplier les expériences qui, seules, permettront de trancher. Celles-ci
sont nécessaires pour ne pas mettre sur le marché de façon précipitée un
produit à la fiabilité incertaine. Cela risquerait de ruiner de façon
durable les chances de cette technique. De ce point de vue, on ne peut
être que dubitatif vis-à-vis des projets de certains constructeurs
automobiles qui prévoient de commercialiser des véhicules à pile à
combustible dès 2004.
Mais la fiabilité et la durabilité des piles à
combustible ne sera pas le seul argument. Le problème du prix de revient
ou du coût pour les utilisateurs sera naturellement primordial. Cette
dimension ne pourra d'autant moins être éludée que cette technique arrive
sur des marché très concurrentiels.
E - Quel prix pour les piles à
combustible ?
Il est encore difficile de répondre à cette
question compte tenu du caractère encore très largement expérimental des
piles à combustible.
On n'a en fait à l'heure actuelle qu'une
notion tout à fait succincte du prix de revient du kilowatt/heure produit
par ces piles à combustible.
Les indications de prix de revient que nous
avons pu recueillir ne sont pas très précises. Cela est compréhensible car
les prix de revient dépendent du type d'installation, de sa puissance, de
sa durée de fonctionnement espérée, du couplage ou non avec une
installation de cogénération, etc.
Il n'est donc possible de donner que des
ordres de grandeur et des estimations.
Le prix de revient en investissement pour une
installation stationnaire serait de 500 $ le kw/h. Ce chiffre semble faire
l'objet d'un certain consensus. Il faut d'ailleurs le nuancer car c'est en
réalité non pas le prix de revient actuel mais celui basé sur une
construction en grande série. Un très net progrès a cependant été
enregistré car le prix équivalent était de 5 000 $ le kw/h il y a dix ans.
Les constructeurs automobiles souhaitent un
prix de revient de 50 $ le kilowatt pour une durée totale de
fonctionnement de 4 000 heures. On mesure l'importance du chemin restant à
faire pour atteindre ce niveau de prix sans qu'aucun délai soit d'ailleurs
précisé.
Une indication du prix de revient actuel de
véhicule à pile à combustible est donné par le coût des autobus à pile à
combustible qui ont été exploités à Chicago. Le prix de chacun de ces
trois autobus atteignait ainsi 1,4 million de dollars contre 260 000
dollars pour l'équivalent à moteur Diesel.
Concernant les piles à combustible de type
P.E.M., trois domaines sont responsables des coûts élevés : les
membranes, le platine et les plaques d'interconnexions.
a - Les membranes
Comme on l'a noté il y a encore un quasi
monopole de la firme Du Pont et de sa membrane Nafion malgré les
tentatives d'un certain nombre de constructeurs d'entrer sur ce marché
crucial pour le développement des piles à combustible. Le coût de celle-ci
est de l'ordre de 300 à 400 $ le m2, soit environ 2 000 - 3 000
F le m2.
Pour une pile adaptée à la propulsion d'une
automobile d'environ 30 kw et d'une puissance spécifique de 200
mW/cm2, il faut environ 15 m2 de membrane. Il faut
aussi tenir compte du fait qu'une partie de la membrane est située en
périphérie, et donc inutilisée : il faut en réalité une surface
d'environ 20 m2. Le prix total de la membrane utilisée est donc
de l'ordre de 40 000 à 60 000 F.
Le niveau de 100 F par m2 de
membrane est souvent cité comme une des conditions du développement de ces
piles à combustible. Il faut donc encore une considérable diminution du
prix de revient. Pour atteindre cet objectif, de grands espoirs sont
placés dans la grande série, l'optimisation des procédés de fabrication
ainsi que dans la fabrication de membranes non fluorées.
b - Le platine
La charge moyenne en platine d'une pile de 30
kw étant d'environ 1 mg/cm2, il faut environ 200 g de ce
matériau dans ce cas.
Les cours du platine fluctuent naturellement
en fonction de la demande. Actuellement ce métal précieux est plutôt
orienté à la hausse. Son prix se situe en ce moment aux alentours de 140 F
le gramme. Pour le type de pile envisagé, il faudrait donc environ 28 000
F de platine.
Les débouchés pour ce métal précieux sont
essentiellement la bijouterie mais les experts observent depuis quelque
temps une tendance très nette à la hausse de ses cours.
Il semble qu'il y ait une anticipation sur le
développement des piles à combustible, débouché que de plus en plus
d'investisseurs semblent prendre au sérieux, notamment aux Etats-Unis. Les
progrès en matière de réduction de l'emploi du platine ont été très
importants mais ce poste risque de demeurer, au moins dans un avenir
prévisible, un élément important du coût de revient des piles à
combustible, au moins celle de type P.E.M.
c - Les plaques d'interconnexion
Ces pièces sont réalisées actuellement en
graphite et on a déjà souligné que leur coût de revient était très
important.
Mais il ne nous est pas possible d'indiquer un
ordre de grandeur de prix. Il faudrait certainement pouvoir mettre au
point une fabrication par moulage ou injection se prêtant bien à une
industrialisation en continu et ne faisant pas appel au très onéreux
graphite.
Ces indications de coût ne concernent que le
c_ur de la pile. Il faut tenir compte également du prix des auxiliaires
qui représenteraient environ 30% de la valeur totale du système
complet.
4 - Les autres types de piles à combustible
Nous ferons la présentation des autres types
de piles à combustible en donnant des indications sur leur mode de
fonctionnement ainsi que sur les difficultés techniques
rencontrées.
A - Les piles à électrolyte solide
Ce type de pile suscite un très grand intérêt
actuellement compte tenu de ses performances actuelles et potentielles.
En effet, le haut niveau de température des
rejets, de l'ordre de 800°C, autorise une valorisation très intéressante
par l'addition en sortie de pile, d'un cycle combiné de cogénération.
La pile elle-même a un rendement en
électricité voisin de 50%. Si on la couple à une turbine à gaz avec un
alternateur, le rendement de l'ensemble atteint 55 à 60% et 70% si l'on
pressurise les gaz à l'entrée de la pile. Il est également possible
d'utiliser les calories des gaz en sortie de pile pour cogénérer de la
vapeur et de l'électricité. Le rendement global, thermique et électrique,
peut être alors supérieur à 80%.
Ce type de pile fonctionne à une température
très élevée, de l'ordre de 900 à 1 000 °C. Cela permet le reformage du
carburant, par exemple le méthane, sous l'action de la vapeur d'eau à
l'intérieur de la pile elle-même. Le rendement de cette opération de
reformage est alors bien meilleur qu'avec un reformeur extérieur comme
dans le cas des piles à combustible de type P.E.M.
Il existe deux technologies différentes pour
ce type de pile : la technologie tubulaire et la technologie
planaire.
- La technologie tubulaire
Celle-ci est développée par Westinghouse selon
le schéma suivant extrait de l'ouvrage de M. Michel Prigent :
Il s'agit d'un empilement de tubes en zircone
stabilisée au calcium d'une longueur de 1,5 m et de 22 mm de diamètre se
connectant en batterie. Ils sont fermés à l'une de leurs
extrémités.
Ces tubes sont recouverts de plusieurs couches
successives : catalyseur cathodique, électrolyte en zircone
stabilisée à l'yttrium, métal rare utilisé en petites quantités dans des
alliages avec d'autres métaux pour accroître leur résistance à l'oxydation
aux hautes températures, puis catalyseur anodique.
Dans cette technologie, le courant ionique
(O2-) s'établit de l'intérieur du tube où circule l'air vers la
périphérie, le carburant, hydrogène ou méthane, étant à l'extérieur.
- La technologie planaire
La technologie planaire est plus récente et
est développée par Siemens et Sulzer. Elle consiste en un sandwich de
plaques céramiques reliées par l'interconnecteur séparant le combustible
du comburant.
Deux variantes existent :
· la technologie « cross
flow » où le combustible et le comburant circulent de façon
perpendiculaire comme le montre le schéma ci-après extrait du site
Internet personnel de M. Nicolas Audinot :
· La technolgie « counter
flow » avec une circulation du carburant et du comburant à contre
sens comme illustré dans le schéma suivant extrait du site Internet de la
firme Sulzer :
C'est en fait une conception planaire mais le
c_ur est circulaire et évidé en son centre par lequel arrive le
combustible, du gaz naturel. Le comburant, l'air, arrive par l'extérieur
du tube. Les gaz sont distribués aux électrodes par les canaux de
l'interconnecteur.
Les principales difficultés de fonctionnement
des piles de type S.O.F.C. proviennent de leur haute température de
fonctionnement. En effet il se pose alors des problèmes de coût des
interconnecteurs et de tenue chimique et mécanique des matériaux en
température.
La tenue mécanique du c_ur est rendue très
difficile par les différences entre les coefficients de dilatation des
matériaux, situation accentuée par la température.
Une solution serait de diminuer la température
de fonctionnement de ce type de pile. Il faudrait pouvoir descendre aux
alentours de 600 ou de 800°C, et même à un niveau de 450 - 600°C avec de
nouveaux électrolytes, ce qui permettrait par exemple d'utiliser des
aciers inoxydables pour la fabrication des interconnecteurs.
C'est naturellement à la résolution de ce
problème que s'attachent de nombreuses équipes de recherches dans le monde
et notamment les firmes Allied Signal, Ceramatec et Westinghouse aux
Etats-Unis, Sulzer et Siemens en Europe, CFCL en Australie. Siemens a
racheté Westinghouse et est devenu ainsi le chef de file au niveau mondial
dans ce type de pile.
La durée de vie d'une pile S.O.F.C. est
actuellement de l'ordre de 35 000 heures, l'objectif étant d'atteindre aux
environs de 2005 une durée de vie de l'ordre de 40 000 à 50 000 heures.
Les prix de revient sont encore très importants : de l'ordre de
3 000 à 3 600 $, soit environ entre 21 000 et 25 000 F, le
kilowatt, pour une pile stationnaire. Un objectif envisageable serait
d'arriver à un prix de 1 000 $, environ 7 000 F, le kilowatt.
Les piles S.O.F.C. sont prévues pour des
gammes de puissance commençant à 1 MW et pouvant dépasser 100 MW en
génération stationnaire.
Malgré ces ordres de puissance, la firme
B.M.W. a annoncé qu'en partenariat avec la société d'équipement automobile
Delphi, elle étudiait la mise au point d'une pile S.O.F.C. d'une puissance
de 5 kw fonctionnant à 800°C. Cette pile est destinée à équiper des
automobiles dont le moteur s'arrêterait automatiquement dès que le roulage
cesserait. C'est la nécessité d'alimenter pendant ces moments des
auxiliaires comme, par exemple, la climatisation, qui a entraîné l'étude
de cette pile qui fonctionnerait sans interruption. Renault a décidé de
rejoindre ce programme.
Le choix d'installer une pile de type S.O.F.C.
sur une automobile peut sembler étonnant compte tenu des contraintes de
températures. Néanmoins il convient de suivre avec intérêt cette étude et
notamment voir si elle sera réellement installée à terme sur une
automobile vendue normalement.
Ce type de démarche paraît très intéressant
car c'est une approche progressive de la commercialisation d'une pile à
combustible. Cela n'implique en effet aucun bouleversement à court terme
du marché de l'équipement électrique des automobiles. Le public pourrait
ainsi se familiariser progressivement avec cette technique.
La miniaturisation de ce type de pile est
aussi envisagée.
On notera la réalisation par le
Lawrence Livermore National Laboratory américain d'une micro
pile de technologie S.O.F.C. appelée Thin Film Solid Oxide fuel
cell. Ce laboratoire a étudié plusieurs méthodes de dépôt, dont une
technique dérivée de dépôt colloïdal, pour réaliser des couches
d'électrolyte de zircone - yttrium d'épaisseur inférieure à 10 µm,
réduisant ainsi la température de fonctionnement de la pile de 900°C à
moins de 300°C.
B - Les piles alcalines
Comme on l'a vu les piles alcalines sont
utilisées comme générateurs d'électricité à bord des véhicules spatiaux et
dans les sous-marins.
Elles utilisent un électrolyte liquide
constitué d'une solution d'hydroxyde de potassium circulant entre
l'hydrogène et l'oxygène ou l'air. Elles fonctionnent à une température
d'environ 70°C à la pression atmosphérique ambiante.
Les catalyseurs employés dans ce type de pile
ne nécessitent pas de métaux précieux. On utilise un alliage à base de
nickel (nickel de Raney ou borure de nickel) pour l'anode et de charbon
actif, seul ou argenté, pour la cathode.
Un inconvénient majeur de la pile alcaline est
la sensibilité de l'hydroxyde de potassium au dioxyde de carbone. Il est
donc nécessaire d'utiliser de l'hydrogène très pur lorsque celui-ci est
obtenu par vaporeformage d'un combustible hydrocarboné. Il faut aussi
éliminer ce dioxyde de carbone de l'air fourni à la cathode afin d'éviter
la carbonatation de la potasse.
L'entreprise ZeTek Power Corporation a mis au
point un procédé pour éliminer le CO2. Il s'agit d'une fibre en
composite de carbone dont la surface absorbe ce CO2 par
accumulation sélective du gaz avant qu'il ne pénètre dans la pile. Ce
dispositif peut aussi être employé pour éliminer le CO2 de
l'hydrogène obtenu par reformage du gaz naturel. Mais c'est encore une
recherche en cours de développement.
Les plaques d'interconnexion de ce type de
pile sont en nickel ou en acier inoxydable. Des recherches sont en cours
chez ZeTek Power Corporation pour arriver à produire ces plaques de façon
peu coûteuse.
Les piles alcalines semblent tout à fait
convenables pour des applications exigeantes et coûteuses mais pas pour
des applications de masse malgré les possibilités d'améliorations
marginales.
Aujourd'hui seule l'entreprise ZeTek Power
Corporation semble poursuivre des recherches sur ces piles alcalines. Elle
a pris la suite de l'entreprise belge Elenco qui avait été fondée pour la
mise au point de la pile du projet de navette spatiale européenne
Hermès.
Cette entreprise a construit des prototypes
d'automobiles, de petits bateaux et de camionnettes équipés d'une pile
alcaline. Elle est même en train de construire à Cologne et dans l'Etat du
Tennessee, aux Etats-Unis, deux installations de production de c_urs et de
générateurs.
C - Les piles à carbonates fondus
Ces piles utilisent un électrolyte constitué
par un mélange de carbonates de lithium et de potassium, ces carbonates
fondus étant maintenus dans une matrice poreuse à bas d'alumine. Leur
température de fonctionnement se situe entre 600 et 700°C, les ions
carbonates assurant le transfert électronique.
Les électrodes sont du type poreuses à gaz.
Elles sont constituées de nickel fritté. A l'anode, le nickel est sous
forme réduite et généralement mélangé avec du chrome. A la cathode, le
nickel est sous forme oxydée et mélangé avec des ions lithium. Ces
électrodes ne requièrent pas la présence de métaux précieux.
Les plaques d'interconnexion électrique et de
distribution des gaz peuvent être réalisées avec divers aciers inoxydables
ou d'alliages à base de nickel.
Les difficultés majeures de ce type de pile
sont d'ordre technologique. En effet fonctionnant dans un milieu très
corrosif à température assez élevée, on rencontre des problèmes de
corrosion de l'oxyde de nickel par l'électrolyte. Des métaux plus
résistants sont recherchés pour remplacer cet oxyde de nickel. Il se pose
également des problèmes d'étanchéité des cellules sur ce type de
pile.
Par contre un des avantages de la haute
température se rencontre également ici : le combustible peut être
directement reformé sur l'anode.
De nombreux prototypes de quelques dizaines de
kilowatts à 2 MW ont été construits et sont expérimentés depuis plusieurs
années.
Le Japon a beaucoup investi dans ce type de
pile mais les fonds engagés dans cette filière par ce pays sont en
diminution.
Un certain nombre de piles de ce type sont
installées de par le monde : une installation de 280 kW en République
fédérale d'Allemagne, deux unités de 2 MW en Californie utilisées pour
assurer le chauffage de pavillons, une unité de 1MW au Japon...
Compte tenu de leurs caractéristiques on
estime quelquefois que les piles à carbonates fondus pourraient entrer en
concurrence avec les piles de type S.O.F.C. pour des applications
stationnaires.
D - Les piles à acide phosphorique
L'électrolyte de ce type de pile est de
l'acide phosphorique et la température de fonctionnement se situe entre
180°C et 210°C. L'évaporation de l'électrolyte ainsi que la corrosion du
carbone et du platine dans le milieu très agressif de fonctionnement de
ces piles limitent les températures susceptibles d'être atteintes. On
contrôle la chaleur au moyen d'un fluide : air, eau ou huile
circulant dans des plaques de refroidissement intercalées entre les
cellules.
Les électrodes sont constitués de films minces
d'une épaisseur de quelques dizaines de microns élaborés à partir de
charbon actif, la plupart du temps du noir d'acétylène, recouvert de
platine. Du polytétrafluoroéthylène est utilisé comme liant. Les teneurs
en platine sont de l'ordre de 0,1 mg/cm2 à l'anode et de 0,5
mg/cm2 à la cathode. Ces piles tolèrent la présence d'une
faible quantité de monoxyde de carbone dans l'hydrogène.
L'interconnexion électrique et l'alimentation
en gaz des électrodes est réalisée par des plaques nervurées d'épaisseur
de l'ordre de 1,5 à 2 mm réalisées par moulage de fibres de carbone liées
par une résine phénolique.
Un inconvénient des piles à acide phosphorique
est que celui-ci se solidifie à 42°C en augmentant de volume. Il est donc
nécessaire, en cas d'arrêt, de maintenir la pile à une température
minimale de 45°C pour éviter l'endommagement des électrodes.
Ce type de pile semble posséder une grande
fiabilité, le fonctionnement pendant 40 000 heures étant avéré. Par contre
les développements potentiels de cette technologie ne sont pas considérés
comme très importants.
Les piles de cette filière sont les seules qui
soient actuellement commercialisées, notamment par la firme O.N.S.I.,
filiale de International Fuel Cell (I.F.C.) et de Toshiba. Celle-ci a
installé dans le monde entier et notamment aux Etats-Unis et au Japon
environ 200 exemplaires de ce type de pile.
C'est une pile O.N.S.I. qui a été installée à
Chelles par E.D.F. et G.D.F., réunis dans un Groupement d'intérêt
économique avec une participation de l'Agence de l'environnement et de la
maîtrise de l'énergie (A.D.E.M.E.), dans le cadre d'une action de
démonstration.
Cette pile consomme du gaz naturel fourni par
le réseau urbain de Gaz de France. Elle fournit d'une part de la chaleur à
une température allant jusqu'à 80°C et de l'électricité sous forme de
courant triphasé de 400 V à 50 Hz. La puissance thermique maximale est de
200 kilowatts et puissance électrique de 200 kilowatts également. Le prix
de revient du kilowatt produit est d'environ 25 000 F.
La chaleur et l'électricité produites par
l'installation sont dirigées sur le réseau de chaleur et d'électricité de
Chelles.
Cette pile qui demeure expérimentale, vise à
permettre aux deux partenaires d'acquérir une expérience d'exploitation
d'une pile à combustible, de faire connaître cette technologie en France
et d'effectuer un certain nombre d'essais portant sur la qualité du
courant à la sortie de la pile, le temps de réponse, le rendement, la
disponibilité, le coût de maintenance, le coût
d'exploitation...
Il est assez remarquable de constater que la
grande majorité des commentateurs imputent aux seuls problèmes de coûts de
revient la difficulté de la commercialisation des piles à
combustible.
Le prix de revient ne constitue pas une
explication suffisante.
Nous estimons qu'aucun de ces types de piles à
combustible n'est encore véritablement techniquement au point. C'est là la
raison fondamentale du fait qu'elles n'ont pas encore débouché sur la
commercialisation.
Le principe de fonctionnement des piles à
combustible est bien connu. Mais il reste sans doute encore bien du
travail de recherche à effectuer.
On rappellera par exemple que les problèmes de
gestion de la chaleur dans le c_ur des piles de type P.E.M. ne semblent
pas encore avoir reçu de réponses complètement satisfaisantes.
La gestion de l'eau ne semble pas non plus
encore bien maîtrisée. C'est un problème important puisqu'une pile à
combustible de 75 kilowatts qui peut être destinée à un usage automobile
produit 7 litres d'eau aux 100 kilomètres, eau qu'il va falloir
littéralement extraire du c_ur de la pile qui est un système
clos.
De même le fonctionnement des membranes n'est
pas parfait eu égard aux problèmes de leur humidification. Dans les piles
à méthanol direct nous avons aussi vu que la perméabilité des membranes au
méthanol causait un certain nombre de difficultés.
Les plaques d'interconnexion posent aussi des
problèmes de fabrication compte tenu de leur sophistication et des rôles
importants qu'elles jouent dans le fonctionnement de la pile à
combustible.
Les indispensables auxiliaires du c_ur des
piles semblent peu retenir l'attention des chercheurs. Ils sont
visiblement un peu considérés comme constituant la partie non noble de la
pile à combustible. Peu de ces auxiliaires semblent avoir été conçus
spécialement pour le fonctionnement d'un système générateur à pile à
combustible. C'est certainement une faiblesse importante.
Les mécanismes de contrôle commande ne
semblent pas attirer non plus les recherches.
Les piles de type S.O.F.C. présentent
d'importants problèmes de tenue des matériaux compte tenu des hautes
températures de fonctionnement.
Deux voies s'offrent pour résoudre cette
difficulté : soit réussir à élaborer des matériaux relativement peu
coûteux adaptés à ces conditions de fonctionnement soit faire fonctionner
ce type de pile à des températures plus basses. C'est apparemment cette
dernière orientation qui semble avoir la préférence des chercheurs. Mais
il ne semble pas que des progrès importants aient encore été accomplis
dans ce domaine.
Les autres types de piles à combustible
(alcaline, à carbonates fondus et à acide phosphorique) ne semblent pas
avoir à l'heure actuelle, sauf percée technologique toujours possible, les
potentialités reconnues des types P.E.M. et S.O.F.C.
On peut d'ailleurs de ce point de vue
s'étonner que E.D.F. et G.D.F. aient choisi d'expérimenter à Chelles une
pile à acide phosphorique.
Il faut noter cependant qu'E.D.F. et G.D.F. se
sont de nouveau associés pour installer au début de l'année prochaine, à
Forbach, une nouvelle pile expérimentale de 250 kilowatts, cette fois ci
une P.E.M. fabriquée par Ballard. Le choix de ce type de pile nous paraît
plus judicieux car potentiellement plus porteur d'avenir.
Le problème des coûts se pose de façon très
aiguë pour tous les types de piles.
La façon de le résoudre devra certainement
faire appel à des solutions différentes. Ainsi on peut concevoir sans
peine que la fabrication en très grandes séries pourra abaisser le prix de
certains constituants. Ce sera certainement le cas par exemple pour les
plaques d'interconnexion. Un certain nombre d'entreprises y travaillent.
Par contre on peut estimer que sur d'autres
points la fabrication en série n'aura aucune influence sur une baisse du
prix des piles à combustible. Il en est ainsi de la nécessité de la
présence de platine sur les électrodes d'un certain nombre de types de
piles. Là seul un effort de réduction de la quantité utilisée ou, mieux,
son remplacement par d'autres matériaux meilleur marché pourra induire des
diminution de coûts.
Il nous semble qu'il y a encore à faire
d'important efforts tant de recherche fondamentale que de
recherche-développement.
5 - La politique de la recherche en matière
de pile à combustible
Un certain nombre de pays sont impliqués dans
cette politique de la recherche en matière de pile à combustible. Il n'est
pas toujours facile de savoir exactement quelles sont les activités dans
ce domaine compte tenu de sa confidentialité. La concurrence semble
également être très forte compte tenu des très importants enjeux
commerciaux en cause.
Une typologie des pays peut être effectuée
selon leur engagement dans ce domaine.
Une intense activité règne dans ce domaine en
Amérique du Nord ainsi qu'au Japon. L'Europe par contre ne s'y engage que
relativement peu.
A - Une intense activité en Amérique du Nord
a - Le Canada
Ce pays s'est vraiment fortement engagé dans
ce domaine. En effet le Canada peut être considéré comme un pays pionnier
dans le secteur des piles à combustible, notamment grâce à la présence et
à l'activité de l'entreprise Ballard en Colombie Britannique.
Le Canada doit affronter des conditions
naturelles qui peuvent être très difficiles et qui isolent des communautés
humaines une partie importante de l'année. Cette situation rend
naturellement d'autant plus attractifs des systèmes générateurs d'énergie
autonomes. Compte tenu de la fragilité de ses écosystèmes, le caractère
pas ou peu polluant des piles à combustible présente un certain nombre
d'avantages.
La caractéristique principale est que dans ce
domaine, le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, les
universités et l'industrie, petites et grandes entreprises, y travaillent
en partenariat.
Pratiquement tous les domaines relatifs de la
pile à combustible sont abordés. Sont également explorés les domaines
connexes et essentiels pour le succès de cette technique : production
et stockage d'hydrogène, mise en place de réseaux de distribution du
combustible, intégration de la pile à combustible elle-même dans son
environnement.
Toutes les applications possibles sont
étudiées au Canada : automobiles, cogénération, production
stationnaire ou portative d'électricité...
_ L'action des pouvoirs publics
Le gouvernement fédéral canadien a lancé il y
a moins d'un an « l'Initiative nationale de recherche et
d'innovation » dans le domaine des piles à combustible.
Dotée de 30 millions de dollars canadiens,
cette « Initiative » comprend plusieurs volets :
- un programme de recherches, de démonstration
et d'application de technologies appuyé par le Centre national de
recherches Canada (C.N.R.C.), Ressources Naturelles Canada (RNCan) et le
Fonds d'action contre le changement climatique,
- la création d'un Fonds de recherches
universitaires ciblées pour mettre en valeur les travaux menés par le
C.N.R.C. et le Conseil de recherches en sciences naturelles et génie
(C.R.S.N.G.),
- la mise en place du Centre canadien de
recherches sur les piles à combustible au sein du Centre national de
recherches Canada.
La création ce dernier Centre semble
particulièrement remarquable puisqu'il permettra d'offrir une vitrine aux
technologies canadiennes. Il servira également pour favoriser les échanges
et les partenariats entre les chercheurs publics des organismes de
recherche publique, ceux de l'industrie et l'Université. Il offrira aussi
des installations de recherche de pointe sur ce thème ainsi que des
possibilités d'information et d'apprentissage.
L'organisation de ce Centre répond à la
nécessité d'apporter un support à l'innovation industrielle qui requiert,
notamment pour des petites entreprises de haute
technologie :
· l'accès à des services de haute qualité pour
les tests, démonstrations et assistance technique,
· l'accès à l'expertise en recherche et
développement des universités et des laboratoires publics,
· l'information sur la technologie,
l'industrie et le marché,
· l'accès à du personnel ayant les compétences
techniques et scientifiques.
Cette analyse des besoins des petites
entreprises innovantes n'est bien sûr pas propre au secteur des piles à
combustible mais nous semble très pertinente. En effet elle permet à ce
type de petite entreprise de disposer de l'indispensable soutien
logistique pour développer ses idées.
Le gouvernement fédéral canadien ne se
contente pas de ce soutien mais apporte par diverses autres voies environ
70 millions de dollars canadiens supplémentaires en aides à la recherche
sur les piles à combustible.
Un grand nombre d'universités travaillent sur
les piles à combustible au sens large. On peut mentionner ici les
universités de Toronto, de Victoria et de Sherbrooke, l'Université Laval,
l'Université Simon Fraser ...
Les gouvernements provinciaux ne sont pas en
reste.
Ainsi les pouvoirs publics de Colombie
Britannique ont-ils investi dans cette recherche 21 millions de dollars
canadiens. Le Québec a lui aussi financé de nombreux projets de piles à
combustible avec Ressources Naturelles Canada. Le gouvernement de
l'Ontario s'est aussi lancé dans le soutien à cette recherche.
_ L'action du secteur privé
L'action du secteur privé est dominée par
l'entreprise Ballard établie à Vancouver.
Elle a été créée en 1979 et a commencé à
développer ses piles de type P.E.M. en 1983. Cette entreprise a connu
depuis cette époque une expansion très importante. Elle est gérée comme
une start up c'est-à-dire qu'elle ne fait pas de bénéfices, ce qui
n'empêche d'ailleurs pas son cours de bourse de monter. Elle a ouvert son
capital à DaimlerChrysler et à Ford.
Cette entreprise est à l'heure actuelle en
quelque sorte « le centre du monde » de la pile à combustible.
Le schéma de la page suivante reproduit
d'après un document de la Citibank montre bien la position centrale qu'a
su acquérir cette entreprise qui travaille en partenariat avec de nombreux
groupes industriels.
Tous les domaines ayant un rapport avec la
pile à combustible ont donné lieu à la constitution de sociétés mixtes ou
à la conclusion d'accords.
Pour la production stationnaire d'électricité,
a été créée la société mixte Ballard Generation Systems avec GPU
International Inc. (Etats-Unis), Alstom SA (France) et Ebara Corp.
(Japon).
Dans le secteur automobile, Ballard possède
27% de la société XCELLSIS Fuel Cell Engines créé avec DaimlerChrysler
(51% du capital) et Ford (22% du capital). L'objet de cette société est la
commercialisation de moteurs à pile à combustible pour les bus, les
camions et les automobiles particulières.
Elle possède également 21% de la société mixte
Ecostar créée également en partenariat avec DaimlerChrysler (17 % du
capital) et Ford (62% du capital) dont l'objet est de commercialiser des
systèmes de commande électrique pour des véhicules équipés de piles à
combustible, de batteries ou des hybrides.
Enfin une autre entité, Ballard Automotive,
partagée entre Ballard Power Systems, XCELLSIS et Ecostar commercialise
indifféremment des systèmes à piles à combustible « clés en
mains » ou des composants de ces systèmes.
Ballard était jusqu'à récemment centré sur la
réalisation de piles de type P.E.M. « classique » .
Cette entreprise s'intéresse maintenant aux
piles à méthanol direct. Elle a en effet acquis une licence détenue par le
California Institute of Technology (CalTech).
Ballard vient de décider une nouvelle
orientation de sa politique en mettant en place d'importantes lignes de
fabrication de piles à combustible de type P.E.M. Cette firme se rapproche
ainsi d'une activité plus « industrielle ».
Cette entreprise communique très peu avec
l'extérieur et pratique une politique de grand secret sur ses activités.
Celles-ci sont d'ailleurs très bien protégées car Ballard a une stratégie
de propriété industrielle.
Elle pratique en effet de façon systématique
le dépôt de brevets sur de nombreux aspects des technologies de conception
et de fabrications des produits. Ainsi cette entreprise a-t-elle déposé 70
brevets en 1999. Elle en possède 350 au total pour protéger 110
innovations différentes.
Ballard domine de façon très importante le
secteur de la pile P.E.M. Cette situation entraîne une certaine
restriction quant à l'accès à la connaissance. En effet des organismes de
recherche peuvent obtenir des piles de démonstration mais celles-ci sont
soigneusement scellées, ce qui empêche tout accès au c_ur de pile et donc
toute familiarisation avec cette technique.
Cette société est présente dans tous les
domaines d'application de cette technologie.
Ses piles équipent ainsi tous les principaux
prototypes de véhicules utilisant cette technologie, que ce soit les
véhicules légers, Necar 1, 2 3 et 4 de DaimlerChrysler, P2000, P2000 SUV
et Think FC5 de Ford, FCX V1 de Honda, FCV de Nissan ou les véhicules de
transport en commun comme le NEBUS ou le CITARO de
DaimlerChrysler.
De même Ballard commercialise des piles à
combustible de 250 kilowatts pour la génération stationnaire
d'électricité. Elle ainsi des accords dans ce domaine avec Alstom. Elle
est également présente dans le secteur des générateurs portatifs au
travers d'un partenariat avec Coleman Powermate, un des chefs de file nord
américain des générateurs d'électricité portatifs.
Enfin cette société travaille également à la
mise au point de piles à combustible destinées à l'équipement des navires
commerciaux et des sous-marins.
On ne peut que saluer la très grande réussite
présente de cette société.
Les clés actuelles de celle-ci sont d'abord sa
très importante activité de recherche. C'est aussi sa politique de tisser
des liens solides non seulement, en aval, avec les utilisateurs de piles à
combustible mais aussi, en amont, avec ses fournisseurs par exemple avec
les fabricants de produits chimiques et, également, avec les fabricants
d'hydrogène et de ses précurseurs comme le méthanol ou le gaz
naturel.
Ballard pèse actuellement d'un poids très
lourd sur la scène mondiale des piles à combustible. Elle possède, tout au
moins d'après ce que l'on peut savoir, une avance technique certaine. Il
est donc très difficile à l'heure actuelle d'« exister » dans le
domaine de la pile à combustible de type P.E.M. en dehors de Ballard.
Malgré son importance, Ballard ne représente
pas la seule entreprise canadienne s'intéressant aux piles à
combustible.
Sans vouloir être exhaustifs, nous citerons un
certain nombre d'autres entreprises canadiennes :
- Global Thermoelectric Inc.
développe des piles de type S.O.F.C. en collaboration avec le centre
de recherche allemand de Jülich,
- Hydrogenics Corp.Ltd est spécialisée
dans les piles P.E.M. et les périphériques pour piles à combustible,
- Fuel Cell Technologies Corp.
conçoit et fabrique des piles S.O.F.C. pour la cogénération résidentielle,
la génération de courant pour les sites isolés et également des piles à
combustible alcalines,
- H Power Entreprises Canada
Inc., présent au Canada et aux Etats-Unis fabrique des systèmes
d'alimentation d'appoint à pile à combustible, ...
Il convient également de citer des entreprises
fabricant de l'hydrogène comme le géant de l'hydroélectricité Hydro-Québec
et, à une échelle beaucoup plus réduite, Stuart Energy Systems Inc,
fabricant des électrolyseurs de toute taille, Questair Industries Inc.
spécialisé dans les systèmes de séparation/purification
d'hydrogène.
On mentionnera également : Ontario Power
Technologies, département fonctionnel d'Ontario Power Generation,
entreprise de production et de vente d'électricité .
En effet cette entreprise s'est lancée, en
partenariat avec Siemens Westinghouse et le Département de l'énergie des
Etats-Unis (DoE) dans l'expérimentation d'une centrale thermoélectrique à
pile S.O.F.C. à structure tubulaire d'un rendement total de 85% compte
tenu d'un système de cogénération.
L'impression prévalent au Canada est celle
d'un très grand engagement, public comme privé d'abord en faveur du
système de production d'énergie à pile à combustible et ensuite en faveur
de l'hydrogène, présenté d'ores et déjà comme le futur de l'énergie avec
un dynamisme et un enthousiasme considérables.
L'engagement du secteur du secteur privé s'est
concrétisé récemment par la création de Fuel Cell Canada, organisme
privé à but non lucratif regroupant les entreprises privées et chargé de
mener à bien des opérations de démonstrations. Cette structure permettra
de fournir en plus des facilités offertes par le C.N.R.C. des moyens
d'expertise et d'expériences notamment aux petites et moyennes entreprises
innovantes du secteur.
La situation canadienne est aussi caractérisée
par une pénétration très importante des intérêts des Etats-Unis comme en
témoignent l'allocation d'aides à l'industrie canadienne des piles à
combustible du Département de l'énergie américain. Cette situation n'est
d'ailleurs pas s'en poser des problèmes aux Etats-Unis mêmes.
b - Les Etats-Unis
Il n'est pas possible de brosser une situation
exhaustive de ce pays en matière de pile à combustible compte tenu de la
très grande multiplicité des acteurs, entreprises, laboratoires de
recherches, Universités...
Concernant les entreprises, ce sont parfois de
simples départements de celles-ci qui ont une activité dans ce domaine. On
citera de ce point de vue l'entreprise Du Pont dont les activités
embrassent un très grand nombre de secteurs de la chimie.
Phénomène classique aux Etats-Unis, c'est un
domaine où existent un assez grand nombre de petites entreprises fondée
sur le développement d'une idée (start up) qui lorsque vient
l'heure du succès sont rachetés par les « grands » du
secteur.
Mais il y aussi des financiers, des brasseurs
d'affaires, pour qui les piles à combustible sont un des secteurs
technologiques suffisamment prometteurs pour y risquer une partie des
fonds qui leur sont confiés. C'est le cas de la firme Manhattan
Scientifics Inc. tout à fait représentative de cette catégorie de
financiers intervenant dans ce domaine.
Il a été créé un U.S. Fuel Cell Council dont
l'objectif est de promouvoir les applications des piles à combustible aux
Etats-Unis. Cette association regroupe 50 entreprises travaillant
directement sur les piles à combustible ainsi que les fabricants de
composants s'y rapportant.
Cette association donne ainsi des conseils
techniques, informe les usagers potentiels, mène des actions de
sensibilisation du public, établit des liens entre les entreprises
travaillant dans ce domaine aux Etats-Unis et à l'étranger...
Le secteur privé aux Etats-Unis dépense aux
environs de 200 millions de dollars par an pour la recherche concernant
les piles à combustible.
Les pouvoirs publics américains participent
activement à l'action dans le domaine des piles à combustible.
· La politique des pouvoirs publics
Selon le cabinet spécialisé Décision Etudes
& Conseils, le financement public de la recherche - développement en
matière de piles à combustible aux Etats-Unis est de l'ordre d'environ 100
millions de dollars par an.
La politique des pouvoirs publics peut en fait
être appréhendée à la fois au niveau fédéral et au niveau des
Etats.
· Le niveau fédéral
Le cadre politique fondamental est le Clean
Air Act qui réglemente les taux de rejets de polluants dans
l'atmosphère.
Cette loi ne concerne pas directement les
piles à combustible mais constitue pour elles un puissant outil de
promotion dans la mesure où elle peut désavantager des technologies
économiquement concurrentes qui n'auraient pas de bonnes performances
environnementales.
L'action publique en faveur des piles à
combustible est principalement conduite, en dehors des recherches à but
militaire, par le département de l'énergie (U.S. Department of
Energy,) par l'intermédiaire de l'Office of Transportation
Technology.
A l'intérieur de ce dernier, c'est l'Office of
Advanced Automotive technologies qui concentre ses efforts
sur le développement de technologies plus propres et plus efficaces en
matière d'utilisation de l'énergie pour les automobiles du
futur.
Un certain nombre de programmes ont été créés
autour de ce thème sans être consacrés exclusivement aux piles à
combustible :
- le Partnership for a new generation of
vehicles (P.N.G.V.),
- le Alternative Fuels Research and
Developpment Programm,
- le Cooperative Automotive Research for
Advanced Technology (CARAT)
- le Graduate Automotive Technology Education
Programm (GATE).
Parmi ceux-ci, le plus intéressant est sans
conteste le P.N.G.V.
Le P.N.G.V. existe depuis 1993 et constitue un
programme de recherche soutenu par différentes entreprises et
organisations membres de l'United States Council for Automotive
Research (U.S.C.A.R.). Cette organisation a été créée pour
mettre au point les techniques permettant de tripler le rendement
énergétique des combustibles.
Participent à celle-ci : le Department of
Energy à travers dix laboratoires nationaux, le Department of
Transportation, l'Environmental Protection Agency (E.P.A.), la National
Aeronautics and Space Administration (N.A.S.A.) et la National Science
Foundation (N.S.F.).
A l'heure actuelle l'essentiel du financement
de ce programme provient directement du budget fédéral américain.
A travers ce programme DaimlerChrysler, Ford,
General Motors, plusieurs agences fédérales américaines, des universités
collaborent sur les technologies du futur dont celles permettant de
réduire les émissions de polluants. Cette coopération stratégique s'est
traduite pour tous les participants à ce programme par une croissance
importante de leurs budgets de recherche et de développement.
Tous les départements ministériels participent
à ce programme sous la direction du U.S. Department of Commerce. Le budget
a évolué comme suit dans les trois dernière années :
- 1998 : 219 millions de
dollars
- 1999 : 240 millions de
dollars
- 2000 : 263 millions de
dollars
Les piles à combustible ne sont pas la seule
technique concernée par ce programme. Il s'agit de faire des recherches et
de développer toutes les techniques permettant d'atteindre les buts
visés.
Dans ce cadre les piles à combustible se sont
vues attribuer, à elles seules une somme d'environ 41 millions de dollars,
ce qui en fait le budget thématique le plus important du programme, devant
le thème « moteurs à injection directe ».
Les prototypes devraient être prêts en 2004
mais on peut estimer qu'il y aura sans doute un peu de retard.
Il faut souligner que toute l'industrie
américaine de l'automobile explore en fait grâce à ce programme toutes les
solutions qui permettront de réduire les consommations de carburant et de
rendre les véhicules moins polluants. Sont notamment étudiés dans ce
cadre, tous les matériaux qui permettront l'allégement des structures, les
modes de gestion des moteurs, etc...
C'est en fait un véritable programme d'étude
du véhicule du futur dans sa globalité, comme l'annonce d'ailleurs son
intitulé, qui s'est ainsi mis en place. Des techniques mises au point dans
ce cadre pourront certainement être transposées dans d'autres secteurs,
avec ou sans adaptation.
C'est ainsi que par exemple que le Département
de l'Energie a préparé un nouveau programme couvrant les années 2001 à
2006 et mettant l'accent, pour les véhicules, sur la filière des
reformeurs destiné à fabriquer l'hydrogène.
Comme on l'a vu, le reformeur est un
auxiliaire crucial pour une pile à combustible : on peut penser que
si ce nouveau plan était couronné de succès, des débouchés seraient
rapidement trouvés en dehors du secteur automobile.
Ce département de l'Energie possède un nombre
important de laboratoires de réputation internationale travaillant sur
cette question et, notamment : Argonne National Laboratory qui vient
notamment de mettre au point un mini reformeur à essence, le Federal
Energy Technology Center (F.E.T.E.C), le Lawrence Livermore National
Laboratory, le Los Alamos National Laboratory, Oak Ridge National
Laboratory, Sandia National Laboratories...
· Le niveau des Etats
La Californie s'est voulue en pointe sur le
problème de la pollution émise par les automobiles.
Il a été en effet annoncé au début des années
1990 par les autorités de cet Etat qu'aucun constructeur automobile ne
pourrait commercialiser de véhicule en Californie en 2001 s'il ne pouvait
justifier de la vente de 3% de Zero emission vehicle
(Z.E.V.) (véhicule à émission zéro). Le Z.E.V. doit par
ailleurs être garanti comme pouvant parcourir 150 000 miles, soit environ
250 000 kilomètres. Cette obligation avait été portée à 10% en
2003.
Depuis les responsables californiens sont
quelque peu revenus sur ces obligations suite aux pressions dont ils ont
été l'objet et ont annulé la norme prévue pour 2001 tout en maintenant
celle de 2003. Cette dernière obligation semble en fait parfaitement
irréaliste. Elle ne sera sans doute d'ailleurs pas plus respectée que
celle qui avait été fixée pour 2001.
Il est toutefois notable que les auteurs de
ces obligations n'ont pas prescrit de technique particulière en ne fixant
qu'une obligation de résultat.
Mais, de fait, seule la technique de la pile à
combustible permet d'obtenir un tel résultat tout au moins de façon
ponctuelle puisqu'il est nécessaire de produire de l'hydrogène, de le
transporter...
Le 20 avril 1999 a été annoncé la création du
California fuel cell partnership.
C'est une structure rassemblant à la fois les
constructeurs automobiles (DaimlerChrysler, Ford Motor Company), les
fournisseurs d'énergie (Arco, Shell, Texaco), un fabricant de piles à
combustible (Ballard) et l'Etat de Californie à travers le California
Ressources Board et la California Energy Commission.
Les objectifs de ce programme sont les
suivants :
- Démonstration de la faisabilité d'une
technologie automobile dans des conditions réelles
d'utilisations,
- Démonstration de la faisabilité de la
création d'une infrastructure de distribution d'un nouveau
carburant,
- Exploration des possibilités de
commercialisation d'une telle technologie
- Sensibilisation du public
La réaction des constructeurs automobiles a
d'abord été de prendre peur devant ce concept de
« Z.E.V. ».
Puis, de 1990 à 1998, ils se sont efforcés
d'explorer la piste des véhicules électriques à batteries qui se sont
révélés, comme en France, techniquement au point mais très chers et
d'utilisation peu commode. Depuis deux ans c'est la technique de la pile à
combustible qui a été retenue et qui a fait l'objet de développement au
sein de ce programme.
Un certain nombre de nouveaux membres, des
constructeurs automobiles, ont rejoint le programme : Honda, Nissan,
Volkswagen.
Il est indubitable que les constructeurs
automobiles ainsi que les autres partenaires ont préféré entrer dans le
programme et faire ainsi preuve d'une certaine bonne volonté envers les
autorités de l'Etat qui ont le pouvoir de fixer le niveau des émissions
polluantes.
Les obligations posées risquent d'être
certainement un peu « oubliées » compte tenu des difficultés de
mise au point de ce type de véhicule. Il n'en reste pas moins que ce
travail en coopération entre constructeurs et pouvoirs publics peut, à
terme, représenter un atout important pour tous les partenaires du
programme. Cela facilite à l'évidence la circulation de l'information et
des innovations.
· Les Universités
Compte tenu de leur tradition de recherche,
les Universités américaines sont très présentes sur ce thème de la pile à
combustible.
Elles travaillent en partenariat avec les
entreprises selon le modèle classique américain dans ce domaine. Ainsi,
par exemple, 3M, Du Pont et Gore financent de nombreux programmes de
recherche et d'évaluation de leurs produits au sein du milieu
universitaire.
Un grand nombre d'Universités ont une activité
dans ce domaine de la pile à combustible, que ce soit au niveau du c_ur,
des auxiliaires ou des carburants, la plupart du temps en partenariat soit
avec les industriels, soit avec les laboratoires du Département de
l'énergie.
Ainsi l'Université de Californie (Davis) par
l'intermédiaire de son Institut des études sur le transport (Institute
of transportation studies) participe en partenariat avec l'industrie
automobile à un certain nombre d'expérimentations. On peut citer comme
exemple, parmi tous les travaux en cours, l'étude d'une unité de puissance
auxiliaire à pile à combustible pour les camions, la réalisation de trois
taxis à pile à combustible pour la ville de Londres ou des projets
concernant les carburants de pile à combustible.
B - Le Japon
Historiquement, l'intérêt du Japon pour les
piles à combustible a été motivé par les problèmes récurrents
d'approvisionnement énergétique et son attitude envers l'énergie
nucléaire.
Dans le passé le travail sur cette technique a
été réalisé essentiellement sur les piles à acide phosphorique.
La seule société à commercialiser des piles à
combustible, des piles à acide phosphorique, est O.N.S.I., filiale de
Toshiba et de I.F.C. Mais les investissements dans cette technique, compte
tenu de ses difficultés et des impasses, semblent diminuer au profit des
techniques à électrolyte solide polymère et céramique.
L'activité du secteur privé est très
importante dans ce domaine.
Ce sont les grandes entreprises de
construction électrique comme Fuji, Hitachi, Mitsubishi ou Toshiba, Sanyo
qui interviennent dans ce secteur. Il faut remarquer que les fabricants et
distributeurs d'énergie comme Tokyo Gas ou Osaka Gas participent à la mis
au point des piles à combustible en procédant à des expérimentations. Le
souci de ces entreprises est naturellement de pouvoir, à terme, se placer
sur le marché de l'alimentation de ces piles en fournissant le gaz
nécessaire à la production d'hydrogène par reformage.
Les grands constructeurs automobiles de leur
côté, Toyota, Honda, Nissan et Mitsubishi ont pendant longtemps développé
leurs propres technologies de pile à combustible, de type
P.E.M.
Après l'entrée de DaimlerChrysler dans son
capital, Mitsubishi a adopté la pile Ballard. Renault a, de son côté,
développé une coopération avec Nissan sur un programme de recherches doté
de 950 millions d'euros sur cinq ans.
Des deux importants constructeurs restés
indépendants, Toyota a adopté la pile de Ballard et a conclu une alliance
avec General Motors, Isuzu et FIAT. Honda semble par contre persister à
développer son propre système de pile pour ses modèles.
Pour avoir un aperçu sur les aides publiques
allouées à la recherche sur les piles à combustible, nous nous appuierons
sur une note élaborée récemment par le service Science et Technologie de
notre ambassade au Japon concernant le secteur des piles à combustible
stationnaires.
Les pouvoirs publics japonais
soutiennent les projets de recherche des industriels japonais dans
le cadre du programme New sunshine programm financé par l'Agency of
industrial science and technology.
En 1999, le budget total de soutien à cette
technique se montait à 3,8 milliards de yens, soit environ 228 millions de
francs.
Ce budget était réparti de la façon suivante
selon les différentes piles à combustible :
- 2,5 milliards de yens (environ 150 millions
de francs), soit 66%, pour la filière « carbonates
fondus »
- 1 milliard de yens (environ 60 millions de
francs), soit 26%, pour la filière P.E.M.,
- 0,3 milliard de yens (environ 18 millions de
francs), soit 8%, pour la filière S.O.F.C.
Pour 2000 le budget consacré aux piles à
combustible a atteint 7 milliards de yens, soit environ 420 millions de
francs. L'augmentation est de presque 85% par rapport à 1999. La
progression de ce chiffre traduit tout à fait l'attention soutenue qui est
accordée au développement de cette technique.
La répartition du budget pour 2000 était la
suivante :
- pile à carbonates fondus : 2 milliards
de yens (environ 120 millions de francs), soit 28% du total
- S.O.F.C. : 0,5 milliard de yens
(environ 30 millions de francs), soit 7% du total,
- P.E.M. : 4,5 milliards de yens (environ
270 millions de francs), soit 65% du total.
On peut faire plusieurs observations à la
lecture de ces chiffres.
Outre la part constante affectée aux S.O.F.C.,
on remarque le transfert effectué au détriment des piles à carbonates
fondus et en faveur des P.E.M. dont les fonds ont multipliés par
4,5.
La filière à carbonates fondus qui est jugée
généralement sans beaucoup d'avenir diminue certes mais conserve néanmoins
des moyens.
On peut s'étonner par contre de voir que les
S.O.F.C. n'augmentent pas leur part dans les subventions publiques compte
tenu des bonnes perspectives que semble avoir ce type de pile. Une des
raisons serait que les pouvoir publics japonais ont décidé de redéployer
leur effort sur les S.O.F.C. vers la recherche fondamentale de préférence
au financement de démonstrateurs.
Enfin on voit que les piles à acide
phosphorique ne figurent pas dans les projets aidés et, ce, depuis 1998.
Cela est dû au fait que les pouvoirs publics japonais estiment que le
développement de cette technique est passé dans une phase purement
commerciale et qu'il doit donc être assumé par les entreprises.
Le soutien public à la recherche sur les piles
à combustible stationnaires est donc tout à fait appréciable au Japon.
Depuis dix ans, elles se montent en effet à environ 3,1 milliards de
francs, soit en moyenne environ 300 millions de francs par an.
C - L'Union européenne
En Europe une activité de recherche avait été
lancée sur les piles alcalines dans l'optique de la construction de la
navette spatiale européenne « Hermès ». Son abandon a arrêté
quasiment toutes les activités dans ce domaine.
C'est en 1986 que les recherches ont redémarré
au sein de l'Union européenne. Les investissements en recherche et
développement ont cru de façon assez importante puisqu'ils sont passés de
8 millions d'euros pour la période du deuxième programme cadre de
recherche et de développement (P.C.R.D.) 1986 - 1990 à 95 millions d'euros
pour le quatrième P.C.R.D.
Les actions européennes de recherche
concertée, au nombre de 44, ont été menées dans trois cadres
distincts : Brite-Euram pour les matériaux et les procédés
industriels, Joule pour la recherche fondamentale et Thermie pour les
démonstrateurs technologiques.
Dans le cadre du cinquième P.C.R.D., la
Commission européenne a retenu 12 projets lors de l'appel d'offres de juin
1999 « Energie ».
Ces 12 projets sont les
suivants :
- démonstration d'un système de production
d'électricité d'une puissance de l'ordre d'un mégawatt utilisant une pile
à combustible à haute température combinée avec des générateurs à micro
turbines,
- développement de membranes pour pile à
membrane fonctionnant à des températures élevées (180°C),
- production d'électricité décentralisée à
partir d'une pile S.O.F.C. « plane »,
- intégration d'une pile à carbonates fondus
avec alimentation en biogaz,
- mise au point d'un système de cogénération
avec une pile à carbonates fondus,
- production d'hydrogène pur pour pile à
combustible à partir de bioéthanol,
- projet de démonstration à Berlin, Copenhague
et Lisbonne d'un bus à pile à combustible,
- développement d'une pile
S.O.F.C.,
- production embarqué d'hydrogène pour pile à
combustible destinée au transport,
- développement d'un système hybride pile à
combustible - cellules photovoltaïques pour la production d'électricité et
de chaleur en sites isolés,
- mise au point d'un système à pile à
combustible pour alimenter des installations de
télécommunication,
- recherche générale sur les composants des
piles à combustible pour une application au transport.
Le coût total de ces 12 projets est de 100
millions et demi d'euros avec un financement européen de 29 millions
d'euros.
En 1999, la Commission européenne, les
gouvernements des pays membres et les entreprises ont investi dans des
actions de recherche l'équivalent de 90 millions de dollars. En 2000, 100
millions d'euros ont été consacrés à la recherche sur les piles à
combustible.
Comparé aux 300 millions de dollars investis
aux Etats-Unis, cette somme est relativement modeste. Une autre difficulté
est que beaucoup d'acteurs européens se sont associés dès le départ avec
des entreprises non européennes et, essentiellement américaines et
canadiennes.
Les rapprochements intercontinentaux ne sont
pas systématiquement négatifs. Cependant le problème est que ces firmes
européennes se sont dans la très grande majorité des cas associées avec
plus puissants qu'elles, à l'exception, bien entendu, de DaimlerChrysler
et de Siemens qui ont procédé à des acquisitions importantes en Amérique
du Nord.
Il y a donc une tendance, en conséquence, à
adopter la technologie en quelque sorte déjà disponible sans peser d'un
poids réel dans l'association. Parfois, d'ailleurs, celle-ci se résume à
de simples accords de distribution de matériels sans intervention sur le
savoir-faire.
Une autre conséquence est que cela empêche des
entreprises européennes disposant de moyens relativement importants de
soutenir par leurs commandes ou des contrats d'études les petites
entreprises européennes disposant d'un réel savoir faire dans ce domaine
mais manquant cruellement de moyens financiers. C'est le cas par exemple
de la SORAPEC qui n'arrive pas à intéresser à son avenir un groupe
important.
Il nous semble donc qu'il serait extrêmement
judicieux de procéder à la réalisation d'un état précis des moyens et des
compétences européens.
Cela permettrait que les grandes entreprises
européennes souhaitant se diversifier ou développer leurs activités dans
ce domaine puissent avoir connaissance des compétences existant sur place.
Il nous semble que tous les pays de l'Union européenne devrait effectuer
ce travail sous la direction de la Commission européenne qui en publierait
les résultats.
Le problème de l'importance du financement
public européen, inférieur aux financements publics existant en Amérique
du Nord, se pose certainement.
Cependant avant de recommander son éventuelle
augmentation, il convient d'abord de déterminer quels domaines concernant
la pile à combustible devrait faire l'objet de soutien. Cette nécessaire
réflexion pourrait se nourrir de l'« état des lieux » européen
que nous préconisons. Il s'agirait ensuite de décider s'il convient de
soutenir les activités existantes ou d'aider à la création de
nouvelles.
L'objectif n'est sans doute pas pour l'Europe
de vouloir tout faire dans le domaine des piles à combustible. Il faut en
effet tenir compte des situations déjà établies. Il importe surtout
d'essayer de se placer sur les créneaux les moins encombrés et ceux qui
permettront à terme d'occuper quelques positions stratégiques.
Cette stratégie permettrait d'aborder
d'éventuelles futures négociations avec des partenaires comme l'Amérique
du Nord et le Japon, notamment si des discussions sur un certain nombre de
standards devaient s'engager.
Il convient aussi de veiller à l'articulation
entre les programmes européens et nationaux car aucune mesure de
coopération entre ceux-ci n'est prévue. Il nous paraît pourtant évidemment
indispensable de veiller à éviter les dédoublements de
programmes.
La situation est peut-être en train de bouger
de ce point de vue. En effet la Commission européenne a annoncé en juin
dernier sa volonté de créer un espace cohérent de recherche entre les
actions du P.C.R.D. et les programmes nationaux des différents
Etats.
Nous estimons qu'il est tout à fait
indispensable de développer une sorte de « bloc de compétences »
européen dans ce domaine des piles à combustible. Le modèle réussi
d'Airbus pourrait d'ailleurs servir de guide.
Il semble également inévitable qu'à l'instar
de cette grande réussite européenne un partage des tâches devra se faire
au niveau de l'Union européenne. C'est sans doute la seule voie qui
permettra à l'Europe d'exister réellement dans ce domaine de la pile à
combustible.
D - L'action de différents Etats
Nous évoquerons les actions conduites en
République fédérale d'Allemagne, en Grande-Bretagne, et au
Japon.
a - La République fédérale
d'Allemagne
La République fédérale d'Allemagne est
incontestablement très en pointe en Europe en matière de piles à
combustible.
En effet ce pays possède des firmes qui ont
fait de cette technique un des axes affirmés de leur politique, tant au
niveau national qu'au niveau mondial comme notamment DaimlerChrysler et
Siemens.
Lors du quatrième programme de développement
de la recherche et de la technologie une somme d'environ 2 millions de
marks, soit environ 9 % des moyens totaux de ce programme, a été affectée
à la recherche sur les piles à combustible.
La recherche en République fédérale
d'Allemagne, aussi bien dans les instituts de recherche spécialisés que
dans l'industrie, s'oriente plus spécialement sur les thématiques
suivantes :
- performances et comportements des composants
des c_urs de pile (membranes, électrodes),
- alimentation en carburant de la
pile,
- sécurité, notamment du système de
stockage,
- évaluation socio-économique des différentes
filières.
DaimlerChrysler a noué un partenariat de
développement d'un véhicule à pile à combustible avec la société Ballard
et Xcellsis dont elle possède une partie du capital. DaimlerChrysler a
ainsi présenté en 1999 son prototype « Necar 4 » en
1999.
Mais toute la recherche de cette firme ne se
fait pas en Europe.
En effet une partie de celle-ci est localisée
en partie en Amérique du Nord. Ainsi par exemple ses unités de recherche
sur les techniques de l'hydrogène se trouvent à San Diego et sur les bus à
pile à combustible à Vancouver. DaimlerChrysler participe également au
programme californien de recherche sur les voitures à pile à
combustible.
En matière de recherche sur la pile à
combustible et l'automobile, il faut noter que si B.M.W. a plutôt fait le
choix de faire fonctionner un moteur à combustion interne directement à
l'hydrogène, cette firme participe avec Renault et Delphi à la mise au
point d'une petite pile de type S.O.F.C. comme auxiliaire de
puissance.
Enfin Opel, filiale de General Motors, a
également présenté un prototype de voiture particulière mue par une pile à
combustible.
Siemens est l'autre exemple d'une firme
allemande menant une recherche à la fois dans son pays d'origine et en
Amérique du Nord.
Cette firme s'est en effet spécialisée dans la
construction de piles à combustible pour les sous-marins. Elle développe
aussi avec la firme de constructions de camions et de bus M.A.N. un
prototype de bus à pile à combustible d'une puissance de 100
kilowatts.
Mais elle a aussi procédé au rachat de la
firme américaine Westinghouse et poursuit en Amérique du Nord le
développement de la technologie des piles à combustible de type
S.O.F.C.
Un certain nombre d'autres firmes conduisent
des recherches sur ce thème. On peut citer Bewag, la compagnie
d'électricité de Berlin, qui travaille sur une centrale stationnaire de
250 kilowatts de type P.E.M. Sur le même créneau, R.W.E., à la tête d'un
groupe international comprenant Siemens, projette la construction d'une
centrale à pile à combustible de démonstration de 300 kilowatts. E.D.F.
est également présent en République fédérale d'Allemagne en association
avec Energie Baden-Württemberg.
La République fédérale d'Allemagne possède
également un certain nombre d'instituts de recherche de très bon niveau
sur ce thème : Institut de thermodynamique technique, de l'université
de Stuttgart, Centre de recherche sur l'énergie solaire et l'hydrogène
d'Ulm, Institut Max-Planck de Berlin, Institut Fraunhofer (travail sur les
micro piles)...
L'internationalisation des firmes allemandes
et, surtout, leur présence en Amérique du Nord, leur confèrent sans nul
doute un atout décisif dans ce domaine en leur permettant d'être des
acteurs là où la recherche est à la fois la plus dynamique et la plus
avancée.
b - La Grande-Bretagne
La Grande-Bretagne a créé en juin 1998 le
« Network for processing fuel cells », réseau visant à
rassembler les chercheurs et les industriels travaillant dans le domaine
des piles à combustible.
Son but est de promouvoir et d'encourager les
échanges d'informations et d'idées entre tous les acteurs de ce domaine
sans privilégier une technique en particulier.
La recherche dans l'industrie est soutenue par
l' « Advanced fuel cells programm » qui a été créé
en 1992. Depuis cette date ce programme a contribué à financer 127 projets
de recherche. Les fonds publics consacrés aux piles à combustible se
situent entre 1 et 2 millions de livres par an.
Une entreprise possède une importance et un
savoir-faire appréciable, la firme Johnson-Matthey.
Celle-ci est spécialisée dans la chimie et
produit divers composants et matériaux pour les piles à combustible :
catalyseurs, électrodes, reformeurs. C'est notamment un spécialiste
reconnu du platine. Comme on l'a déjà vu, cette firme est associée avec
Ballard, DaimlerChrysler et Ford au sein d'une société mixte.
Il faut également citer Rolls-Royce qui
s'intéresse à la cogénération par couplage d'une pile S.O.F.C. avec des
turbines.
Un certain nombre d'autres sociétés d'autres
pays européens interviennent dans ce domaine.
On peut citer à cet égard la firme suisse
Sulzer Hexis qui développe depuis la fin des années 1980 une technologie
de pile SOFC planaire circulaire et Nuvera en Italie.
Nuvera est la nouvelle société créée par
fusion de De Nora fuel cells et la filiale du groupe américain de conseil
Arthur D. Little spécialisées dans les piles à combustible, Epyx. De Nora
fuel cells était la filiale de De Nora qui est le premier producteur
mondial d'anodes pour l'industrie du chlore et de la soude.
E - La recherche en France
Comme on l'a vu la pile à combustible a fait
l'objet de travaux de développement en France entre 1960 et 1975, ce qui
avait permis d'obtenir une certaine avance dans ce domaine. En 1980 par
contre on a abouti à un constat d'échec et à l'abandon de toutes
recherches d'envergure notamment au niveau industriel.
Ce quasi abandon a résulté essentiellement du
manque de débouchés intérieurs pour les piles de puissance à l'époque où,
pour faire face aux chocs pétroliers successifs, la France avait choisi de
s'équiper de façon massive en centrales nucléaires. Il faut ajouter que
cette technique apparaissait à l'époque comme coûteuse et de durée de vie
limitée dans la mesure où elle présentait un certain nombre de
difficultés.
Lors de sa création en 1982, l'Agence
française de la maîtrise de l'énergie (A.F.M.E.), ancien nom de l'Agence
de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (A.D.E.M.E.), s'était
vue confier par le ministère de la recherche la responsabilité du soutien
au développement des générateurs électrochimiques civils.
Une petite activité de recherche,
essentiellement universitaire, s'était maintenue en France entre 1980 et
1990. A partir de 1985 on commence à trouver trace de quelques travaux sur
le sujet : études exploratoires sur de nouvelles filières, par
exemple utilisation directe de l'éthylène glycol, et sur des verrous
technologiques de base, comme les catalyseurs de réduction de l'oxygène.
Les montants financiers restent pendant toute cette période à un niveau
très modeste, de l'ordre de 300 à 500 000 francs par an.
En 1988 le choix est effectué de se limiter à
la filière de la pile de type P.E.M. Des études sur les deux versions de
ce type de pile, à hydrogène et à méthanol, sont engagées. Pendant que les
travaux de base sur les catalyseurs se poursuivaient, un projet était
lancé sur les membranes.
A cette époque les montants financiers restent
modestes bien qu'en augmentation, aux alentours de 1 million de francs par
an.
En 1990 les piles à combustible sont une des
actions du thème « véhicule propre et économe » du programme
national « PREDIT » de recherche sur les transports. Cette
action débute véritablement au début de 1992. Elle réunit les
constructeurs automobiles, Peugeot et Renault, le Commissariat à l'énergie
atomique, le Centre national de la recherche scientifique et la SORAPEC,
petite entreprise installée à Fontenay-sous-Bois. Le financement attribué
est de 50 millions de francs sur cinq ans.
De leur côté, depuis le début des années 1990,
E.D.F. et G.D.F. avaient repris une activité de veille technologique sur
les piles à combustible et, notamment, sur les piles à haute température,
S.O.F.C.
A partir de 1994, des industriels français ont
coordonné un certain nombre de programmes mettant en _uvre des piles à
combustible. C'est le cas des projets « Fever » avec Renault et
« Hydro Gen » avec PSA et Renault menés dans le cadre du
programme communautaire « Joule ». De même Air Liquide est-il,
en 1997, partenaire dans un projet d'implantation d'une pile dans une
installation industrielle dans le cadre du programme communautaire
« Thermie ».
Dans le même temps, Alstom, Rhône-Poulenc,
E.D.F., G.D.F. et le C.N.R.S. participent à des programmes européens sur
les piles à carbonates fondus et S.O.F.C.
Un nouveau programme « PREDIT II »,
démarré au début de 1997, poursuit le soutien aux travaux dans le domaine
des piles à combustible.
Cependant malgré tout leur mérite, ces
activités ne pouvaient dissimuler la faiblesse des efforts et des
perspectives face au développement des recherches notamment en Amérique du
Nord.
Le constat devait être aussi lucidement fait
que la France avait un très grand retard dans ce domaine. Le tissu
industriel ainsi que la recherche étaient et sont encore très faibles dans
notre pays dans ce domaine.
Un certain regroupement des actions ainsi
qu'une incitation financière publique devenaient nécessaires sauf à perdre
complètement pied dans ce domaine.
Dans un certain nombre de secteurs
industriels, et notamment dans l'automobile, le renouveau de cette
technologie pouvait entraîner une remise en cause des techniques
traditionnelles et donc bouleverser à terme les conditions de la
concurrence.
Aussi le 25 juin 1999, M. Claude Allègre,
alors ministre chargé de la recherche, installait-il le Comité
d'orientation du Réseau « pile à combustible ».
a - Le Réseau « pile à
combustible »
· Les objectifs
Le réseau a pour vocation de travailler à la
préparation d'une technologie « piles à combustible » qui soit
commercialement viable.
Il doit :
- stimuler l'innovation technologique en
matière de produits, de procédés et de services dans le domaine
énergétique,
- répondre à la demande du monde économique
sur deux types d'utilisations : propulsion automobile et production
d'énergie,
- participer à la création et à la croissance
d'entreprises.
Ses objectifs sont les
suivants :
- Identification des marchés
- Préparation du contexte réglementaire et
normatif
- Soutien à la recherche
- Actions de démonstration
- Promotion de collaborations
internationales
- Réflexion prospective
· L'organisation générale
Le Réseau est organisé autour d'un Comité
d'orientation, d'un bureau et d'une cellule d'animation et de
coordination.
· Le Comité d'orientation
S'appuyant sur les résultats des recherches
nationales ou internationales et sur la demande socio-économique, le
Comité d'orientation :
- propose les thèmes de recherche et de
démonstration qu'il souhaite voir particulièrement soutenus et assure la
réflexion prospective,
- identifie les défis
technologiques,
- définit les modalités d'animation
scientifique et technique du réseau, contribue tant à développer les
réseaux de collaboration et les pôles de compétence nécessaires qu'à la
structuration de la recherche dans le domaine et suscite de nouvelles
initiatives,
- organise l'évaluation a priori
des projets de recherche en s'appuyant notamment sur des experts
extérieurs reconnus et labellise les projets. L'évaluation doit porter
tant sur les aspects scientifiques et techniques que sur les aspects
stratégiques et économiques,
- reçoit un rapport périodique sur les projets
financés et donne un avis sur leur exécution,
- fait réaliser l'évaluation externe a
posteriori des actions de recherche et de développement.
· Le bureau
Le bureau est composé des représentants du
Comité d'orientation ainsi que des représentants des financeurs,
c'est-à-dire le ministère de l'industrie et celui de la recherche,
l'A.D.E.M.E. et l'A.N.V.A.R. Il effectue pour le Comité d'orientation le
suivi régulier du Réseau. C'est également le bureau qui engage les
procédures d'évaluation des dossiers en désignant des rapporteurs au sein
du Comité.
· La cellule d'animation et de
coordination
La cellule d'animation et de coordination
assure le fonctionnement et l'animation scientifique et technique du
Réseau. Elle assure la permanence des relations avec les partenaires
industriels et académiques.
· Les modes d'action
Ceux-ci sont les suivants :
- favoriser les liens entre les entreprises et
la recherche publique afin de créer une communauté de réflexion et
d'objectifs sur les piles à combustible et le combustible,
- dégager les priorités en matière de
recherche et de développement en fonction des verrous technologiques
identifiés et de l'évolution des technologies,
- encourager le transfert des technologies
développées vers le marché,
- proposer, par la labellisation, aux
financeurs institutionnels des projets répondant aux objectifs
stratégiques du Réseau.
· Un premier bilan
Dès sa création le Réseau a lancé un appel à
propositions. Une soixantaine de pré-propositions ont été alors reçues qui
ont conduit après restructuration de celles-ci au dépôt de 34 projets. A
la fin du mois de juin 2000, 28 projets étaient labellisés.
Ceux-ci sont répartis de la façon
suivante suivant leurs objectifs :
- 50% : pile à combustible (matériaux,
systèmes, démonstrateurs),
- 25% : combustibles,
- 25% : actions transversales :
sûreté, veille, analyse technico-économique.
Le montant global de ces projets est de 365
millions de francs, dont 143 millions de francs de demandes d'aides.
Cette somme est un peu supérieure à
l'enveloppe initialement prévue de 105 millions de francs pour la période
1999 - 2000 et provenant à raison de 45 millions de francs du ministère de
la recherche, 40 millions de celui de l'industrie et 20 millions de
l'A.D.E.M.E.
Les organismes intervenant sur ces projets se
répartissent de la façon suivante :
- C.N.R.S. et Universités 27%
- C.E.A. : 10%,
- Grandes entreprises : 19%,
- Petites et moyennes entreprises :
25%
- Collectivités locales : 5%.
On trouvera ci-après un tableau donnant le
détail des actions à la fin de l'année 2000 et l'état d'avancement
des financements :
Les projets
« combustible » : production et stockage
Coordonnateur |
Titre du projet |
Organisme
financeur |
Date labellisation |
Financement |
SODETEG dépt.
SRTI SYSTEM |
L'Ethanol comme carburant alternatif des
piles à combustible (BIOPAC) |
ADEME |
8/6/00 |
Notifié
déc. 2000 |
CEA Valduc |
Optimisation et qualification de
réservoirs économiques en polymère thermoplastique pour le stockage
de gaz hydrogène et concernant des applications autonomes et mobiles
de série (PHYSE) |
MEFI |
26/10/99 |
Notification
en
cours |
RBC |
Développement d'un nouveau réformeur
utilisant des mousses métalliques |
MR |
16/11/00 |
En instruction |
DALKIA/CREED |
Production locale et unité de stockage
d'hydrogène pour une optimisation des systèmes stationnaires de pile
à combustible (PLUSPAC) |
MEFI |
8/12/99 |
Notification
en cours |
ALPHEA |
Comparaison de systèmes de stockage
d'hydrogène pour piles à combustible |
ADEME |
16/11/00 |
En
instruction |
TECHNICATOME |
Développement d'un système de production
d'hydrogène à partir de gaz commercialement distribués. Intégration
sur PAC type PEM pour application aux véhicules de transport en
commun |
MEFI |
26/01/00 |
Projet
en attente |
AIR LIQUIDE |
Chaîne fixe de production et de stockage
d'hydrogène pour alimenter une pile à combustible |
MR |
26/10/99 |
Oct.
2000 |
Les projets
transversaux
Coordonnateur |
Titre du projet |
Organisme financeur |
Date labellisation |
Financement |
GIE PR |
Système de traction à pile à
combustible |
MR |
8/10/99 |
Déc. 1999 |
Réseau |
Action transversale de veille et
d'animation du réseau PAC |
MR |
26/1/00 |
En cours d'instruction |
ELYO |
Evaluation technico-économique des
systèmes piles à combustible |
MR |
26/10/00 |
Déc. 1999 |
INRETS |
Plate-forme 200 kW pour système à piles
à combustible adaptée aux applications transports ;
modélisation et validation |
MR |
26/01/00 |
Notifié déc. 2000 |
INERIS |
Sûreté des systèmes à piles à
combustible SEREPAC |
ADEME |
26/04/00 |
Notifié déc 2000 |
IDAE |
Projet de transport urbain à pile à
combustible |
|
26/04/00 |
En
cours
d'instruction |
Les projets « Piles et
systèmes »
Coordonnateur |
Titre du projet |
Organisme financeur |
Date labellisation |
Financement |
SAGEM |
Fabrication de membranes de PEMFC par
extrusion (ECOPAC) |
MEFI |
26/01/00 |
En cours d'instruction |
EDF & GDF |
Démonstration d'une pile à combustible à
Forbach |
ADEME |
8/12/99 |
Notifié déc. 2000 |
CEA -
Le Ripault |
Une nouvelle génération de pile à
combustible à oxyde solide intégrant un reformage interne
progressif |
ADEME |
26/01/00 |
Notifié déc. 2000 |
CNAM - LEI |
Nouvelles Piles à Combustibles
Alcalines |
MR |
26/10/99 |
Nov. 1999 |
SORAPEC |
Atelier pilote de production de
polyéléments (stacks) de pile à combustible type PEM |
MEFI |
26/10/99 |
En cours d'instruction |
SORAPEC |
Etude et réalisation d'électrodes à
haute puissance surfacique pour pile PEM |
MR |
8/12/99 |
Août 2000 |
CEA Grenoble |
Réalisation par coulée de membranes
composites et des EME associées pour une utilisation en pile à des
températures supérieures à 120°C |
MR |
8/12/99 |
Juin 2000 |
SRTI SYSTEM SODETEG |
Optimisation de la conception d'une pile
à méthanol direct |
MR |
8/12/99 |
Notification en
cours |
ALSTOM Transport SA |
Contribution au pilotage d'une source
d'énergie à pile à combustible pour application embarquée
(COPPACE) |
MEFI |
16/11/00 |
En cours d'instruction |
IFREMER |
Prototype de pile à combustible PEMFC de
2 Kwe pour application sous-marine (PICOS) |
MEFI |
26/01/00 |
En cours d'instruction |
HOUVENGHEL
HENNEQUIN |
Etude de conception d'un système
d'énergie pile à combustible stationnaire |
ANVAR |
26/10/99 |
Notifié
Janvier 2001 |
EDF -
Division R&D |
Réalisation d'une cellule complète de
pile à combustible SOFC fonctionnant à température intermédiaire
(600-800° C) |
ADEME |
26/01/00 |
Notifié
déc. 2000 |
ARMINES |
Etude et réalisation par coulage en
bande et cofrittage de cathodes en manganite de lanthane pour piles
à combustible à oxyde solide |
ADEME |
8/12/99 |
Notifié
déc. 2000 |
AIR LIQUIDE |
Optimisation des gestions hydrauliques,
thermiques et électriques du concept de pile à poreux de type De
Nora |
MR |
26/10/99 |
Déc. 1999 |
Université de
Poitiers (Faculté des
Sciences) |
PACTOL-DIRECT |
ADEME |
16/11/00 |
En
instruction |
On remarque que sur ces 28 dossiers
labellisés, la moitié (14) concerne des travaux axés sur le c_ur de pile.
Sept projets portent sur les problèmes de production et de stockage de
l'énergie. Par contre un seul projet est consacré à la gestion d'un
système générateur à pile à combustible, celui d'Alstom transport SA, et
un seul également à la conception d'ensemble d'un tel système.
Les auxiliaires des piles à combustible dont
nous avons souligné la très grande importance n'exercent visiblement pas
une grande séduction sur les chercheurs : un seul projet, celui de
RBC, concerne le développement d'un nouveau reformeur.
On peut se féliciter de la création et de
l'existence du Réseau qui peut certainement être un outil très intéressant
pour donner de la cohérence aux actions et de développer les échanges
d'informations.
Quelques observations doivent cependant être
faites.
Comme on le voit un certain nombre de dossiers
sont notés « en cours d'instruction » c'est-à-dire en cours
d'examen par les organismes de financement. Cette situation est due au
fait que la labellisation n'ouvre pas droit de façon automatique au
financement.
Cette labellisation est un point de passage
obligé permettant de juger de la validité technique d'un projet et,
surtout, de sa compatibilité avec la stratégie du Réseau. Mais le label
est donné sans demander l'avis des financeurs auxquels appartient en
dernier ressort la décision de financement. Cela implique de nouvelles
démarches de la part des demandeurs sans garantie de résultats.
C'est là une critique qui est faite de façon
quasi unanime à cette règle du Réseau.
Cet aspect est d'autant plus critiquable que
les financeurs appliquent de leur côté leurs propres règles.
Il y a ainsi des différences dans les aides
selon l'organisme financeur .
Le ministère de la recherche et l'A.D.E.M.E.
subventionnent les projets alors que le ministère de l'industrie et
l'A.N.V.A.R. accordent des avances remboursables sen cas de succès.
Les aides publiques sont trop hétérogènes.
Cette situation entretient une certaine incompréhension parmi les
récipiendaires.
Compte tenu du caractère encore très largement
novateur du domaine, il conviendrait que toutes les aides publiques
accordées aux projets soutenus par le Réseau soient des subventions. Une
évolution vers des aides remboursables ne devrait se faire que lorsque les
innovations concerneront des produits plus proches du marché, ce qui n'est
pas encore du tout le cas.
Au surplus un certain nombre d'autres règles
s'imposent aux financeurs notamment celles de la comptabilité publique.
Selon celles-ci il n'est pas possible
d'accorder des aides supérieures aux fonds propres des demandeurs. Ce
sont, de fait, les entreprises créées avec peu de capitaux qui sont
pénalisées, quel que soit leur dynamisme et leur inventivité. Par contre
les grandes entreprises sont favorisées.
S'il est évidemment nécessaire que des règles
existent en matière d'attribution des fonds publics il est très
souhaitable que l'aspect plus qualitatif possède un certain poids dans
l'attribution de ces aides.
Concernant plus spécialement les subventions,
les taux d'aides peuvent atteindre 50% pour les opérateurs privés et 100%
des coûts marginaux pour les organismes de recherche publics. Les petites
entreprises privées sont là aussi désavantagées.
Sur la base des dossiers financés jusqu'à
présent, le taux d'aide est compris entre 30 et 40% pour les entreprises,
ces attributions respectant bien entendu les règles européennes en matière
de recherche et développement.
On peut être un peu déçus devant l'ampleur
limitée de ces aides. Les petites entreprises ne sont pas vraiment
avantagées par un tel système.
Il conviendrait sans doute de réexaminer le
mécanisme de ces aides afin de le redéployer vers les petites entreprises
innovantes pour leur donner les moyens de développer leurs
idées.
Il faudrait peut-être tout simplement
envisager de mettre à la disposition du Réseau « une enveloppe »
destinée à subventionner, dans le respect des règles européennes sur les
aides à la recherche les projets labellisés. Des modalités devraient être
définies pour proportionner réellement l'aide au caractère innovant et aux
moyens des entreprises.
En considérant les premiers projets retenus,
on peut également se demander si ce type de procédures n'a pas tendance à
favoriser des actions plutôt pointillistes de laboratoires au détriment
d'un travail d'ensemble.
La question se pose donc de savoir s'il ne
serait pas plus utile, plutôt que de vouloir aider le maximum de petits
projets, de concentrer les financements sur quelques programmes en nombre
certes plus restreints mais s'avérant cruciaux pour le développement d'une
industrie de la pile à combustible en France.
b - L'activité dans le domaine des piles à
combustible d'un certain nombre d'acteurs
Nous présenterons l'activité des industriels,
de quelques acteurs du secteur énergétique et de la recherche.
· L'activité des industriels
Nous évoquerons successivement les
constructeurs automobiles et quelques industriels.
· Les constructeurs automobiles
Nous avons déjà évoqué l'action de Renault par
sa participation aux différents programmes PREDIT I et PREDIT II ainsi que
son programme de recherche engagé avec Nissan.
L'activité de Renault dans ce domaine est
également liée avec celle de PSA dans la continuation du projet
« HYDRO GEN » et dans le projet « FUERO » de recherche
sur les piles à combustible et ses composants pour une application
automobile dont l'objectif est pour PSA d'« apprendre le
fonctionnement d'une pile à combustible embarquée ».
Il semble que pour les responsables de PSA, la
pile à combustible suscite des interrogations non encore levées.
Les difficultés techniques, notamment celles
présentées par le fonctionnement des membranes et du reformeur, les
incertitudes en matière de carburant pour alimenter ces piles à
combustible ainsi que les prix de revient de cette technique sont les
raisons d'une attitude que l'on peut qualifier de
« réservée ».
Cependant les responsables de cette entreprise
sont très attentifs aux nécessités imposées par la très vive concurrence
régnant sur le marché automobile.
Ils sont en effet tout à fait conscients du
fait qu'il y a un réel danger à être, selon leur expression, des
« suiveurs » du fait de la difficulté ensuite de pouvoir entrer
au moment opportun dans des groupements déjà constitués. Ils ont donc
considéré, avec justesse, qu'il faut continuer à travailler sur le sujet
pour, le jour venu, pouvoir éventuellement s'intégrer dans un consortium
dans de bonnes conditions.
· Quelques autres acteurs : Alstom et
Technicatome
- Alstom
Alstom est présent dans les piles à
combustible à la suite du rachat de la division d'énergie de A.E.G.. En
effet A.E.G. s'était engagé dans ce secteur en liaison avec Daimler-Benz
qui travaillait déjà en collaboration avec Ballard.
Alstom a donc poursuivi cette action, celle-ci
relevant de son département « Transport-distribution d'énergie »
et non de celui consacré à la production d'énergie.
L'activité propre d'Alstom sur ce marché est
d'être partenaire de Ballard pour l'importation et la fabrication de
systèmes d'origine Ballard sur le marché européen. Depuis 1997, quatre
unités de 250 kilowatts de puissance ont été ainsi vendues en Suisse, en
République fédérale d'Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique. Une usine de
fabrication doit être installée en République fédérale
d'Allemagne.
Alstom participe à deux projets du Réseau
« pile à combustible ».
Il nous semble quelque peu regrettable qu'une
société comme Alstom qui occupe des positions très importantes dans la
fourniture d'énergie et la construction de moteurs électriques de grande
puissance ne s'engage que de façon assez marginale dans ce secteur.
Certes, il est possible qu'un licencié puisse
s'affranchir de sa dépendance. Mais, outre la politique de protection
rigoureuse de ses brevets par Ballard, il faut pour cela avoir une
attitude dynamique de recherche, ce qui ne semble pas être le cas de la
part d'Alstom.
· Technicatome
Technicatome, compte tenu de ses compétences
en ingénierie du domaine nucléaire, nous semble devoir pouvoir être un
acteur essentiel d'une stratégie « pile à combustible » en
France.
En effet ce groupe possède une excellente
connaissance dans des domaines importants pour les piles à combustible
:
- énergie et propulsion des navires,
spécialement dans les sous-marins,
- énergétique : électricité, échanges
thermiques, conversion et distribution d'énergie, systèmes fluides,
systèmes mécaniques,
- contrôle - commande de systèmes
complexes.
Technicatome possède de façon indubitable une
très grande capacité à maîtriser la conception et la réalisation
d'ensembles complexes ainsi qu'une expertise de premier ordre compte tenu
d'un effectif de 500 ingénieurs confirmés dans tous ces
domaines.
Technicatome est présent dans un certain
nombre de programmes menés en coopération concernant la pile à
combustible : projet PREDIT, projet d'étude et de développement d'une
plaque bipolaire optimisée, développement d'une source d'énergie de
secours à pile à combustible de 10 kilowatts et d'une chaîne de traction
hybride de 2,5 kilowatts pour scooter.
Très récemment, une entreprise de type
« start up » dénommée « Helion » a été créée
dans laquelle la part de Technicatome est de 95%. L'intérêt de cette
nouvelle société devrait se porter sur la réalisation d'une pile de type
P.E.M. d'environ 50 kilowatts. En raison, notamment, des liens avec le
C.E.A. et Nuvera cette entreprise devrait s'implanter près
d'Aix-en-Provence.
Cette entreprise est aussi coordonateur d'un
projet du Réseau « pile à combustible ». Celui-ci vise à
développer un système de production d'hydrogène à partir de gaz
commercialement distribués et à l'intégrer sur une pile à combustible de
type P.E.M. pour une application aux transports en commun.
L'engagement de Technicatome dans cette
nouvelle technique ne paraît pas être à la mesure de son indéniable
capacité intellectuelle et technique.
Celle-ci lui permettrait sans aucun doute de
réaliser les études et les essais de tous les systèmes de production
d'énergie mettant en _uvre les piles à combustible et également de faire
réaliser à l'intérieur du groupe ou dans l'industrie les composants du
système.
Certes Technicatome n'est pas un
électro-chimiste. Mais la place à prendre est celle d'un fédérateur
industriel à vocation européenne, d'un intégrateur, d'un chef d'orchestre.
Technicatome pourrait certainement jouer ce rôle avec une grande
compétence comme semblait l'envisager, il y a quelques mois, sa direction.
Mais il serait certainement nécessaire que cette décision ne tarde
pas.
· Quelques acteurs du secteur
énergétique
Nous évoquerons l'action d'Electricité de
France et de Gaz de France, et également l'association très récente d'Air
Liquide et de Nuvera.
· L'action d'Electricité de France
E.D.F. conduit une action de recherche et de
développement selon deux axes principaux : les activités de recherche
appliquées et les actions de démonstration.
La recherche appliquée s'effectue de façon
principale dans le cadre d'actions du Réseau « pile à
combustible ».
Elle est consacrée au développement de
nouvelles membranes haute température pour des piles à combustible de type
P.E.M. et au développement de nouveaux matériaux pour des piles à
combustible de type S.O.F.C. afin d'en réduire la température de
fonctionnement jusqu'aux alentours de 750°C.
E.D.F. procède également à des essais en
laboratoire de performances de membranes et de cellules de piles à
combustible de type P.E.M. et S.O.F.C.
Les actions de démonstration sont les
suivantes :
- installation et exploitation, comme cela a
déjà été évoqué, en partenariat avec G.D.F. de la première pile à acide
phosphorique de moyenne puissance implantée en milieu urbain en France à
Chelles (Seine-et-Marne),
- participation à l'expérimentation d'une pile
de type PEM de 250 kw électriques à Berlin dans le cadre d'un projet mené
par la compagnie d'électricité allemande Bewag,
- préparation avec G.D.F. du projet de
démonstration d'une pile de moyenne puissance à Forbach,
- participation au projet de l'électricien
allemand EnBW de démonstration d'une pile de 1 mégawatt électrique couplée
avec des micro turbines avec possibilité de mise en service en
2003.
· L'action de Gaz de France
Outre la participation avec E.D.F. à
l'installation et à l'exploitation de la pile de Chelles et de celle de
Forbach, G.D.F. a lancé un programme de test et de démonstration
concernant une petite pile de type PEM de 5 kilowatts installée dans un
pavillon expérimental de son centre de recherches de
Saint-Denis.
Concernant les piles de type S.O.F.C., G.D.F.
conduit des actions de recherche et de développement sur de nouveaux types
d'anodes pouvant fonctionner vers 850°C, sur la comparaison des méthodes
de production de ces piles et sur la durée de vie des c_urs de ce type de
pile.
Pour cela, a été mis en place un laboratoire
ouvert aux fabricants de piles pour étudier leurs performances sur une
large gamme de gaz et de mélanges. L'intérêt de G.D.F. pour les piles à
combustible est lié uniquement à leur fonctionnement éventuel au gaz.
G.D.F. intervenant alors en tant que fournisseur de combustible. G.D.F.
n'est pas et ne sera pas constructeur de piles.
G.D.F. participe au projet de EnBW.
Enfin il convient de noter que G.D.F. vient de
passer commande, à la fin du mois de mai dernier auprès de H Power, de six
piles à combustible d'une puissance unitaire de 3 kw destinées à un usage
résidentiel expérimental.
· La récente association d'Air Liquide et de
Nuvera
Air Liquide et Nuvera viennent très récemment,
au début de mars 2001, d'annoncer leur intention de créer une société
commune qui sera installée à Grenoble.
Les deux partenaires prévoient d'y investir
une centaine de millions de francs et de mobiliser une cinquantaine de
chercheurs pour développer à l'échelon mondial des systèmes d'équipement
complets de production d'énergie à partir de piles à combustible et de
reformeurs pour des applications portatives, stationnaires ou dans le
domaine des transports. L'objectif est de parvenir à l'industrialisation
et à la commercialisation de piles à combustible.
Le développement sera fait en concertation
avec le Commissariat à l'énergie atomique et son laboratoire le L.E.T.I.,
mais aussi avec d'autres industriels de la région comme Schneider
Electric, Photowatt et des constructeurs automobiles.
Nous ne pouvons que nous féliciter de cette
création. Elle peut être le regroupement que beaucoup attendaient et
souhaitaient dans ce domaine. L'association avec le C.E.A. et le L.E.T.I.
permettra de grandement valoriser le travail déjà accompli par ces
organismes dans ce domaine.
· Quelques acteurs du secteur de la
recherche
Nous présenterons l'action du Commissariat à
l'énergie atomique, de la SORAPEC et du Centre national de recherche
technologique (C.N.R.T.).
· Le Commissariat à l'énergie
atomique
Le C.E.A. poursuit une activité dans le
domaine des piles à combustible depuis le début des années 1990. A partir
de 1992 il coopère avec Renault et Peugeot et participe à des actions de
recherche européennes dans le cadre respectivement du programme PREDIT et
des 4ème et 5ème Programmes cadres de recherche et de
développement.
En juin 1999, le C.E.A. s'est vu confier par
le ministère chargé de la recherche et de la technologie en partenariat
avec l'A.D.E.M.E. l'animation du Réseau « pile à
combustible ».
Dans le cadre des directives du Comité
interministériels du 1er juin 1999, le C.E.A. a mis en place son plan
d'action « nouvelles technologies de l'énergie ». Celui-ci
prévoit d'ici 2003 le triplement des moyens, effectifs et budgets,
affectés principalement aux recherches sur les technologies liées à
l'hydrogène avec application notamment aux piles à combustible.
Le C.E.A. concentre ses actions dans ce
domaine sur les piles de type P.E.M. et S.O.F.C.
Les études concernent aussi bien le problème
des membranes avec les recherches portant, en liaison avec le C.N.R.S.,
sur un matériau polyimide pour, éventuellement, remplacer le Nafion
que les combustibles et les problèmes de sûreté.
Cet organisme est également coordonateur de
trois projets du Réseau « pile à combustible ».
Le C.E.A. vient de décider de lancer une
recherche sur fonds propres sur les micro piles à méthanol direct, comme
nous l'avons déjà évoqué.
Ce secteur de la micro pile est certainement
l'un des plus judicieux à explorer pour le C.E.A. compte tenu de ses
compétences en micro électronique et en électro-chimie. De fait le
L.E.T.I. de Grenoble est ainsi intimement associé à ce programme qui vient
de débuter.
L'objectif du C.E.A. est d'aboutir à un modèle
de démonstration afin de pouvoir trouver un indispensable partenaire
industriel pouvant agir comme relais, cet organisme n'ayant naturellement
aucune vocation à industrialiser.
Le cadre du C.E.A. nous paraît tout à fait
privilégié pour les recherches sur les piles à combustible dans la mesure
où existent à l'intérieur même de cet organisme de multiples compétences
tels que électrochimie, maîtrise des matériaux métalliques, céramiques,
polymères, physique des écoulements et thermique.
· La SORAPEC
Cette petite société de recherche en
électrochimie dont l'effectif est actuellement de 10 personnes a été créée
en 1974 par des chercheurs du C .N.R.S.
Elle s'est spécialisée dans l'étude et la
réalisation de solutions innovantes dans le domaine du stockage et de la
production d'énergie électrique et la mise au point de matériaux spéciaux
par procédés électrolytiques. Elle a été acquise par la société américaine
EC Power en 1998 à la suite d'un certain nombre de difficultés
financières.
La SORAPEC est membre du Réseau « pile à
combustible » et est présente dans quatre projets retenus. Elle est
coordonateur de deux projets : l'un concerne l'étude et la création
d'un atelier pilote d'industrialisation de polyéléments de c_ur de pile de
type P.E.M. et l'autre l'étude et la réalisation d'électrodes à haute
puissance surfacique pour pile de type P.E.M.
Elle participe également :
- au projet coordonné par l'I.F.R.E.M.ER de
réalisation d'une pile de 2 kilowatts électriques utilisable dans les
grands fonds marins pour actionner en cas de besoin les vannes de sécurité
des puits de pétrole en exploitation,
- au projet coordonné par le C.E.A. de
réalisation par coulées de membranes composites utilisables dans des piles
à des températures supérieures à 120°C.
Cette petite société semble connaître des
difficultés financières chroniques et être continuellement à la recherche
de contrats de recherche et de fonds afin de pouvoir investir.
- Le Centre national de recherche
technologique
Le 12 juillet 2000 ont été installés les douze
premiers Centres nationaux de recherche technologique (C.N.R.T.). dont
l'un est consacré aux piles à combustible.
Les Centres nationaux de recherche
technologique se fondent sur une collaboration étroite entre la recherche
publique, organismes publics de recherche, laboratoires universitaires, et
la recherche privée, centres industriels, P.M.E. - P.M.I. Cette liaison,
outre le développement local, vise à accroître la capacité d'innovation et
la compétitivité de l'industrie française dans un certain nombre de
secteurs, et notamment dans les piles à combustible.
Le C.N.R.T. « piles à combustible »
est en cours d'installation à Belfort et devrait être opérationnel en
juillet 2002. Un accord cadre a d'ores et déjà été signé avec l'Université
de technologie de Belfort - Montbéliard et le Commissariat à l'énergie
atomique. Il est prévu que sera développée une plate-forme d'essais pour
expérimenter l'usage de la pile à combustible dans les bus et les
automobiles particulières. A cet égard la proximité des centres de
production de Peugeot à Sochaux et d'Alstom à Belfort constitue un
avantage important.
Quatre groupes de travail seront
créés :
- reformeurs et phénomènes de
catalyse
- auxiliaires : compresseurs, détendeurs,
échangeurs,
- convertisseurs et dispositif de stockage
d'électricité,
- groupe stratégique de réflexion.
L'aspect « système » et électronique
de puissance sera également abordé pour étudier la marche en dynamique du
système générateur à pile à combustible et pendant les phases
transitoires, ce qui est une orientation très positive.
Enfin, il convient de signaler qu'un certain
nombre de pôles universitaires mènent une action de recherche dans ce
domaine, notamment :
- le laboratoire d'électrochimie et de
physicochimie des matériaux et des interfaces de Grenoble,
- l'université de Poitiers,
- le Conservatoire national des arts et
métiers,
- l'Ecole de chimie de Paris.
Contrairement à ce que l'on dit parfois, la
France n'est pas un désert en matière de recherche concernant les piles à
combustible.
Cependant il faut bien convenir que notre pays
ne peut pas être considéré comme à l'avant garde de la recherche dans ce
domaine.
Un certain nombre d'acteurs potentiels de
cette recherche semblent manifester une grande prudence, si ce n'est une
certaine réserve. C'est notamment le cas de nos deux constructeurs
automobiles.
Il ne faudrait pas que se répète, en ce qui
les concerne, l'affaire du pot d'échappement catalytique. Celui-ci a en
effet a été quasiment imposé par la République fédérale d'Allemagne quand
ses équipementiers ont été prêts.
Il est vrai que depuis PSA s'est bien rattrapé
avec la mise au point du filtre à particules et du moteur HDI.
Il faut être conscient que l'enjeu potentiel,
concurrentiel et financier, de la pile à combustible pour les automobiles
est d'une toute autre échelle que celui du pot d'échappement catalytique.
Il nous semble tout à fait évident que si ce
nouveau mode de propulsion parvient, à terme peut-être de dix ou quinze
ans, à s'imposer, tous les constructeurs automobiles devront
obligatoirement l'adopter quitte à en équiper leur gamme de façon
progressive.
Une certaine protection contre cette évolution
est pour l'instant fournie par le fait que la pile à combustible pour des
applications automobiles n'est pas encore complètement au point quant à
son usage pour la motorisation.
En tout état de cause on ne peut que
recommander à nos constructeurs automobiles de rester très vigilants sur
ce dossier.
Il nous semble nécessaire qu'apparaissent au
niveau français, une ou deux entreprises ayant vocation à être des
ensembliers. Celui-ci qui serait investi de la confiance de tous les
intervenants pourrait coordonner l'ensemble des travaux menés dans notre
pays.
A notre avis, Technicatome est un de ceux qui
possèdent le plus d'atouts pour être celui-ci.
Nous estimons qu'une branche « pile à
combustible » pourrait fort bien être ajoutée au pôle
« nouvelles technologies » en compagnie de ST Microelectronics
de Framatome Connector International (F.C.I.) dans le futur schéma
d'organisation de ce qui s'appelle pour l'instant TOPCO. Une entente avec
Technicatome serait d'ailleurs certainement possible.
Dans ce domaine, nous estimons qu'il serait
utile de faire se rencontrer les chercheurs, les partenaires industriels
et les financiers.
Cela pourrait se faire au cours d'un congrès
national consacré aux piles à combustible où chacun viendrait exposer ses
possibilités et ses attentes. On disposerait ainsi d'une connaissance
précise des moyens dont dispose le pays en la matière qui permettrait de
réfléchir ensuite à la structure à adopter.
6 - La pile à combustible, une technologie
nouvelle... parmi d'autres
Cette technologie a de nouveau attiré
l'attention principalement à la suite de l'échec des accumulateurs pour la
propulsion automobile, des besoins énergétiques en très forte croissance
d'un nombre toujours plus considérable d'appareils électroniques
portatifs, des normes devenues de plus en plus sévères en matière
d'émissions de polluants par les automobiles et aussi par la réflexion sur
la diminution inéluctable des sources d'énergie fossile.
Mais ces mêmes contraintes qui ont permis le
redéveloppement de la pile à combustible ont aussi fait progresser, et
feront encore certainement progresser, les techniques plus classiques.
La pile à combustible ne réapparaît donc pas
dans un monde où toutes ces techniques qui ont maintenant plus d'un siècle
de développement derrière elles seraient devenues complètement obsolètes.
Elle devra donc affronter cette concurrence.
Dans les très faibles puissances pour
l'alimentation des appareils électroniques portables, les piles à
combustible seront concurrentes des accumulateurs.
A un niveau supérieur, jusqu'à des puissances
de l'ordre de 10 kilowatts, ce sont les batteries qui seront les
concurrentes.
A partir de 10 kilowatts jusqu'aux alentours
de 100 kilowatts, les moteurs et les mini turbines seront concurrencés par
les piles à combustible de type P.E.M., A.F.C. et P.A.F.C.
Au niveau des 100 kilowatts de puissance
arrivera la concurrence des M.C.F.C. et des S.O.F.C.
Pour les puissances de 1 Mw et au delà, ce
sont les turbines qui font concurrence aux M.C.F.C. et aux S.O.F.C., ces
dernières pouvant être couplées avec des turbines.
Pendant que les piles à combustible continuent
à se perfectionner, les piles, les batteries et le moteurs à combustion
interne poursuivent leur évolution et font de nouveaux progrès. D'ailleurs
il est probable que les progrès des piles à combustible auront peut-être
comme conséquence de faire progresser encore plus vite toutes ces
techniques traditionnelles.
Nous évoquerons l'évolution des batteries et
des moteurs à combustion interne qui sont les concurrents les plus
redoutables des piles à combustible.
A - L'évolution des batteries
Dans une batterie, l'électricité doit être
conservée dans les composants chimiques, généralement des solides non
organiques, qui doivent être emballés sous la forme la plus appropriée.
On peut faire une distinction entre les
batteries non rechargeables et rechargeables.
a - Les batteries non rechargeables
Ce sont les batteries utilisées dans les
petits appareils électriques comme les jeux et jouets, le matériel de
photographie, les calculatrices ou les montres. Techniquement, ce sont des
batteries au carbone/zinc, alcaline/manganèse, au mercure ou zinc/air.
Il ne semble pas que des progrès
technologiques très substantiels soient actuellement sur le point de
déboucher à l'heure actuelle pour ce type de batteries.
b - Les batteries rechargeables
Il s'agit là d'un ensemble comprenant
essentiellement les batteries au plomb/acide, au lithium-ion,
nickel-hydrure, nickel-cadmium et polymère.
Les batteries rechargeables sont
essentiellement utilisées pour l'équipement des automobiles et des
systèmes d'alimentation de secours et pour l'alimentation des petits
appareils électroniques.
Nous évoquerons successivement les
possibilités d'évolution de ces deux catégories.
· Les batteries au plomb/acide
Cent quarante ans après son invention ce type
de batterie équipe encore la totalité des automobiles commercialisées.
Pourtant elle n'a pas, et de loin, un
excellent rendement comparé à ses rivales comme le montre le tableau
suivant :
Type |
Energie spécifique en
wh/kg |
Acide-plomb |
30 - 35 |
Nickel-cadmium |
50 |
Nickel-métal-hydrure |
60 - 80 |
Lithium-ion |
150 -
160 |
Source : d'après l'Usine
Nouvelle
Par contre les prix de revient sont, de façon
massive, à son avantage :
Type |
Prix en
F/kWh |
Acide-plomb |
500 - 750 |
Nickel-cadmium |
1 650 |
Nickel-métal-hydrure |
plus de 5
000 |
Lithium-ion |
plus de 5
000 |
Source : d'après l'Usine
Nouvelle
Comme on le sait, ces batteries sont
constituées d'un empilement de plaques positives et négatives intercalées
et isolées par des séparateurs et baignant dans un électrolyte composé
d'acide sulfurique et d'eau. Une grille collecte le courant pour chaque
plaque et sert de support à la matière active. Celle dernière est
constituée de dioxyde de plomb pour la plaque positive et de plomb
spongieux pour la plaque négative. Elle réagit avec l'acide sulfurique
lors de l'oxydoréduction.
La première amélioration qui s'est généralisée
depuis deux ou trois ans a consisté à remplacer l'alliage des grilles
constitué de plomb et d'antimoine dont la corrosion rapide entraînait une
forte consommation d'électrolyte. Pour remédier à cet inconvénient on lui
substitue maintenant un alliage plomb - calcium auquel on ajoute de
l'étain pour améliorer la conduction.
Une autre voie d'amélioration consiste à mieux
exploiter la matière active positive en augmentant, par de nouveaux
procédés de fabrication, le pourcentage de dioxyde de plomb de 30%, ce qui
fait augmenter d'autant le rendement de la matière active.
Une autre technologie est la batterie étanche
à recombinaison de gaz.
Celle-ci possède des séparateurs en fibre de
verre imbibés d'électrolyte permettant à l'oxygène et à l'hydrogène de se
recombiner en eau à l'intérieur. Mais le prix de revient de ce type de
batterie est d'environ 30% plus élevé que les modèles classiques, ce qui
freine son développement.
Enfin la compagnie américaine Exxide vient de
commercialiser à la fin de l'année dernière une nouvelle batterie dite
« spiralée ».
Dans ce nouveau type, les faisceaux de plaques
rectangulaires sont remplacés par six cellules contenant chacune trois
longues couches fines - l'anode, le séparateur et la cathode - enroulées
sur elles-mêmes. La faible épaisseur de la plaque enroulée permet une
collecte plus rapide des électrons par la grille de la cathode. Cela
permet d'augmenter la puissance massique et d'atteindre ainsi 400 w/kg
contre 80 pour les modèles classiques. Cependant le prix de ce type de
batterie est de l'ordre de trois fois le prix d'un modèle
courant.
Cependant une menace pèse sur elle car il y a
et il y aura de plus en plus dans l'avenir une demande croissante des
automobiles en puissance électrique.
Actuellement malgré l'abondance des
équipements électriques, une voiture actuelle peut encore se contenter
d'une batterie de 12 volts.
Mais dans les années à venir cette tension
sera insuffisante pour alimenter des fonctions de plus en plus gourmandes
en énergie. Aujourd'hui la puissance de la consommation électrique d'une
voiture haut de gamme est proche de 1,5 kilowatt.
A partir de 2005 le même modèle devrait
consommer environ 5 kilowatts. Cette consommation supplémentaire sera
entraînée par la multiplication des nouvelles fonctions qui feront appel à
l'électricité comme, par exemple, les soupapes électromagnétiques, la
direction et les freins électriques, la boîte de vitesse robotisée ou le
contrôle des suspensions.
Il faudra alors pouvoir disposer d'une
batterie de 42 volts tout en réduisant son poids, compte tenu de
l'impératif de diminuer la consommation. Cette évolution qui sera
inéluctable obligera sans doute les fabricants de batteries
traditionnelles qui ont perçu cette menace, à faire faire de très grands
progrès techniques à leurs produits.
Néanmoins on peut estimer que ce type de
batterie est encore appelé à être très utilisé dans l'avenir.
Son premier atout est son prix relativement
bas qui pourra lui permettre de conserver pendant encore assez longtemps
de larges marchés et, surtout, celui de l'automobile classique, compte
tenu de l'importance du critère de compétitivité/prix de cette dernière
par rapport non seulement aux piles à combustible mais aussi aux autres
types de batteries rechargeables.
Son second atout est qu'il restera
toujours utile dans le fonctionnement d'un système générateur à pile à
combustible dans la mesure où il sera nécessaire pour le démarrage des
auxiliaires et du c_ur de pile lui-même, pour gérer les changements de
phase et pour pouvoir récupérer l'énergie du freinage dans le cas des
applications automobiles.
· Les autres batteries
rechargeables
Il y a trente ans, seule la technologie
nickel-cadmium était disponible pour l'alimentation des systèmes
électroniques portatifs.
Au cours de la dernière décennie, trois
nouvelles technologies sont apparues : nickel-métal-hydrures,
lithium-ions et lithium-polymère.
Le marché de ce type de batteries
rechargeables atteignait une valeur de l'ordre de 4,3 milliards de dollars
et devait croître de 30% en 2000.
Les deux premiers marchés d'application de ces
batteries sont ceux du téléphone portable (48% du marché) et des
ordinateurs portables et les répertoires électroniques (40%). Ces deux
applications sont en forte croissance.
En 1998 les batteries nickel-cadmium
représentaient 31 % du marché, les nickel-métal-hydrures 21% et les
lithium-ions 48%.
Les projections estiment que le marché de ces
dernières devrait croître de 50% dans les deux ou trois prochaines
années.
Il y a donc à l'heure actuelle un très vaste
marché pour ce type de batteries.
La batterie lithium-ions pourrait peut-être
trouver une application dans la propulsion des automobiles à moteur
électrique qui, jusqu'à présent, ont été un échec du fait d'une autonomie
et d'une vitesse de pointe trop faibles et d'un temps de rechargement des
batteries prohibitif.
En effet une expérience réussie de véhicule
électrique à batteries lithium-ions de nouvelle génération fabriquées par
la société SAFT vient d'avoir lieu en Poitou-Charentes dans le cadre du
programme VEDELIC.
Ce véhicule a parcouru plus de 200 kilomètres,
sans devoir recharger ses accumulateurs. L'autonomie ainsi atteinte est le
double de celle d'une automobile à batteries cadmium-nickel.
Cependant la technique lithium-ions, la plus
performante, a atteint aujourd'hui une énergie spécifique, de l'ordre de
150 - 160 wh/kg, ce qui semble être sa limite supérieure.
Elle pourra cependant concurrencer les
batteries au plomb dans un certain nombre d'utilisations à la condition
que son coût diminue très fortement.
Or, il apparaît que pour faire progresser les
batteries, il est nécessaire d'employer, avec une tension de plus en plus
élevée, des éléments de plus en plus légers.
En considérant le tableau périodique des
éléments, on s'aperçoit ainsi que le lithium est le troisième élément le
plus léger, après l'hélium et l'hydrogène. En continuant vers le haut de
ce tableau on débouche ainsi sur... la pile à combustible !
Cette technologie de batteries risque
cependant d'être très rapidement concurrencée par les micro piles à
combustible dès qu'un certain nombre de problèmes techniques affectant
encore celles-ci seront résolus. En effet, comme on l'a vu, leur prix ne
sera vraisemblablement pas un obstacle compte tenu de l'ampleur de la
demande potentielle sur le marché des appareils électroniques
portables.
B - L'évolution des véhicules à moteur à
combustion interne
Selon la mission interministérielle de l'effet
de serre, les transports sont les premiers producteurs de gaz à effet de
serre et notamment de dioxyde de carbone.
Le moteur à explosion, plus que centenaire
maintenant, est sur la sellette de ce point de vue depuis maintenant plus
de vingt ans. A maintes reprises de nombreux augures pronostiquaient sa
fin rapide pour cause d'augmentation de la pollution.
Aujourd'hui ce moteur est toujours bien vivant
et on peut estimer qu'il se porte plutôt bien. Il a fait d'énormes progrès
tant du point de vue de la consommation que de la diminution de ses
émissions polluantes.
Face à la technologie de la pile à
combustible, il ne pourra survivre que s'il est capable de relever le défi
des émissions polluantes.
L'évolution des véhicules à moteur à
combustion interne s'est faite et continuera sous l'influence des
réglementations restreignant les émissions polluantes.
a - L'évolution de la réglementation des
émissions polluantes
La réglementation européenne des émissions
polluantes a évolué comme le montre les valeurs suivantes en
g/kWh :
|
EURO 1
1er juillet
1992 |
EURO 2
1er octobre
1995 |
EURO 3
1er octobre
2000 |
EURO 4
2005 |
EURO
2008 |
Oxyde
de carbone
(CO) |
4,5 |
4 |
2,1 |
1,5 |
1,5 |
Hydro-carbures (HC) |
1,1 |
1,1 |
0,66 |
0,46 |
0,46 |
Oxyde
d'azote
(NOx) |
8 |
7 |
5 |
3,5 |
2 |
Particules
(puissance du moteur
_ 85 kw) |
0,63 |
0,25 |
0,13 |
0,02 |
0,02 |
Particules
(puissance du moteur
> 85kW) |
0,36 |
0,15 |
0,1 |
0,02 |
0,02 |
Fumées
en m-1 |
- |
- |
0,8 |
0,5 |
0,5 |
On voit qu'avec les normes EURO 3 maintenant
applicables, il y a une importante réduction des émissions de gaz et de
particules ainsi que des fumées.
Les futures normes EURO 4 et EURO 5 devraient
poursuivre cette réduction, notamment au niveau de l'oxyde d'azote.
Pour satisfaire à ces normes, les
constructeurs d'automobiles ont mis au point des solutions techniques très
élaborées.
b - Des solutions techniques très
élaborées
Ces techniques font massivement appel à
l'électronique pour la gestion des systèmes d'injection très sophistiqués
qui permettent le fonctionnement du moteur en charge stratifiée.
Ce type de combustion est un mode de
fonctionnement très économique pendant la majorité du temps d'utilisation
de l'automobile, statistiquement plus de 70%.
Le système piloté par le calculateur adapte la
richesse du mélange à la demande de puissance. Quand celle-ci est
minimale, on fonctionne en mélange ultra pauvre et inversement en cas de
demande de puissance maximale.
Cette technique présente l'avantage
d'améliorer le rendement de la combustion et de diminuer les pertes
thermiques. Mais, en revanche, ce type de moteurs émet, compte tenu des
excès d'air, un niveau d'oxydes d'azote qu'aucun catalyseur classique
n'est capable de réduire. Aussi doit-il être complété par un catalyseur à
accumulation de NOx qui a besoin d'être fréquemment régénéré.
De nouvelles techniques sont aussi mises en
_uvre pour le moteur Diesel dont la réduction des émissions polluantes est
au c_ur des préoccupations des constructeurs.
Là encore c'est l'électronique qui est à la
base des nouvelles technologies. Ainsi de nouveaux systèmes d'injection à
rampe commune ont remplacé les anciennes pompes en ligne, les gaz
d'échappement sont désormais recyclés et la gestion « tout
électronique » a été généralisée.
Cependant les émissions de particules
handicapaient fortement les moteurs Diesel.
Il convient de rappeler que Peugeot est le
premier à avoir mis au point un filtre brûlant les particules
particulièrement performant. Ce filtre à particules est sans doute appelé
à devenir dans un futur proche un équipement standard des moteurs Diesel
modernes.
Mais d'autres améliorations des véhicules
actuels sont actuellement à l'étude chez un grand nombre de
constructeurs.
c - Les améliorations à venir
Toutes les études en cours dans ce domaine
vont dans le sens d'une diminution encore plus importante des émissions
polluantes afin de respecter les futures normes européennes.
Un certain nombre de domaines font l'objet
d'études approfondies.
On citera d'abord toutes les recherches liées
à l'aérodynamisme essentiellement des carrosseries bien que d'autres
éléments soient étudiés de ce point de vue comme, par exemple les roues.
Les travaux d'allégement des véhicules qui
permet la diminution de la consommation sont aussi activement poursuivis
avec, par exemple, l'emploi croissant de l'aluminium pour les
carrosseries.
Mais les améliorations les plus spectaculaires
vont concerner les moteurs.
Les systèmes d'injection de carburant vont
continuer à focaliser l'attention des chercheurs.
Au delà des injections à rampe commune qui se
répandent, des systèmes d'injection multiples séquentielles sont étudiés
pour les moteurs Diesel.
Leur principe est de disperser le carburant de
façon progressive et variable en fonction du régime de rotation et des
sollicitations du moteur. La combustion du mélange air/carburant
s'effectue ainsi plus complètement et devrait permettre de réduire de 30%
les émissions polluantes. Ce type de système devrait aussi pouvoir
s'appliquer aux moteurs à essence.
Un autre domaine de recherche concernant le
moteur à essence est la recherche d'une gestion plus sophistiquée des
soupapes pour les rendre plus autonomes.
On devrait parvenir ainsi à régler avec autant
de précision la quantité d'air injectée dans la chambre de combustion que
le volume de carburant.
Au delà de ce réglage, il est d'ores et déjà
envisagé, pour parvenir à un fonctionnement réellement sélectif des
soupapes, de supprimer l'arbre à cames. Chaque soupape serait alors
commandée par un électro-aimant individuel permettant un mouvement optimal
en fonction des sollicitations du moteur. Ce système, étudié notamment par
Renault, supprimerait également tous les frottements inhérents à l'arbre à
cames, ce qui ferait encore diminuer la consommation, donc la
pollution.
On peut également évoquer comme piste de
recherche la fusion de l'alternateur et du démarreur sous forme d'un
« alterno-démarreur » à la fois absorbeur et fournisseur
d'électricité.
Il actionnera en effet tous les accessoires
électriques du véhicule tout en étant capable d'assister le moteur
thermique, notamment en cas de fortes accélérations. Il sera donc
possible, à performances égales, d'utiliser un moteur de plus faible
cylindrée, donc plus économe en carburant.
Enfin l'alterno-démarreur pourra assurer seul
la propulsion du véhicule aux basses vitesses.
Le développement de ce type de fonction
devrait assurer la transition vers les véhicules hybrides.
C - Vers les véhicules hybrides
Le principe de la motorisation hybride est
connu en fait depuis maintenant une dizaine d'années.
Il comprend deux variantes principales :
le mode « série » et « parallèle ».
Dans le mode « série », un groupe
thermique entraîne un générateur qui charge les batteries. Celles-ci
alimentant à leur tour un ou plusieurs moteurs électriques assurant la
propulsion.
Dans le mode « parallèle », le
véhicule est équipé d'un moteur électrique et d'un groupe motopropulseur à
explosion fonctionnant en tandem. Les deux motorisations ont utilisées
soit alternativement, soit simultanément en fonction de le puissance
demandée.
Naturellement la gestion d'un tel véhicule
nécessite un équipement électronique de commande assez complexe pour le
transfert de puissance entre les parties thermiques et électriques de la
chaîne de traction.
Comme on le sait, la firme Toyota a été la
première à commercialiser un tel véhicule, la Prius, à la fin de 1997 au
Japon et à la fin de l'année dernière en France.
Nous ne pensons pas que le moteur à combustion
interne disparaîtra dans un laps de temps très bref, compte tenu de ses
grandes potentialités de développement et de sa très grande facilité
d'utilisation.
Mais il sera certainement confronté un jour à
une impossibilité de progresser notamment en terme de réduction
d'émissions polluantes, ce dont les prochaines normes européennes tiennent
compte, par exemple en matière d'oxydes d'azote et d'hydrocarbures
imbrûlés.
Il n'est évidemment pas possible de déterminer
quand ce moment arrivera.
Mais l'arrivée sur le marché de la Toyota
Prius et les projets des autres constructeurs, dont Renault et PSA, dans
ce domaine des véhicules hybrides montrent, à notre avis, le sens de
l'évolution.
Il est probable que l'on assistera à un
développement significatif de ce type de véhicule car il représentera
certainement la transition vers l'avènement de l'automobile à pile à
combustible.
Les architectures hybrides pourraient trouver
un terrain particulièrement propice à leur développement dans les
véhicules de transport collectif dans la mesure où la demande de véhicules
« propres » devrait être de plus en plus importante dans les
centres villes. De plus la notion de coût est moins sensible pour ce
type de véhicules que pour les automobiles particulières.
Les perspectives d'avènement de la pile à
combustible conduisent à réfléchir à la nécessité de la préparation d'une
transition énergétique vers le développement de la production d'hydrogène
qui pourrait être l'énergie des années futures.
III - Vers la civilisation de
l'hydrogène
Les perspectives de développement des piles à
combustible ouvrent des débouchés potentiellement très importants à
l'hydrogène.
Il est donc particulièrement important et
nécessaire d'aborder les questions liées non seulement à l'utilisation de
ce gaz mais aussi à sa production.
Cependant les problèmes qu'il est nécessaire
d'évoquer à ce propos sont à la fois très vastes et assez
complexes.
Nous ne pensons donc pas que ceux-ci peuvent
être traités de la façon la plus complète possible dans le cadre de ce
rapport consacré à la pile à combustible.
Il conviendrait en fait que l'Office puisse
consacrer à cette question un rapport complet.
Nous proposerons donc que l'Office, à la suite
de ce rapport sur la pile à combustible, soit saisi d'une étude sur les
perspectives de l'emploi de l'hydrogène.
On évoquera cependant, de façon non
exhaustive, un certain nombre de questions concernant ce gaz.
1 - Les caractéristiques et les
utilisations de l'hydrogène
A - Les caractéristiques de
l'hydrogène
L'hydrogène est un gaz connu depuis fort
longtemps. En effet les alchimistes l'appelaient l'«air inflammable »
et l'obtenaient par traitement de la limaille de fer avec de l'acide
sulfurique. Ses propriétés furent précisées par Cavendish en 1766. C'est
Lavoisier qui lui donna son nom en 1783 en constatant que sa combustion
avec l'oxygène donnait de l'eau.
C'est un gaz incolore, inodore et non toxique.
Il est le plus léger de tous les corps dans des conditions normales de
température et de pression. Il est quatorze fois moins lourd que l'air, sa
densité par rapport à l'air étant de 0,07. En conséquence il a une grande
facilité de diffusion à travers les parois métalliques et d'effusion à
travers les substances poreuses.
C'est probablement l'élément le plus abondant
de l'univers mais ne représente que 0,9% en poids de la croûte terrestre.
La molécule d'hydrogène est très stable
thermiquement, ce qui explique sa faible réactivité à basse température.
Il est donc nécessaire d'amorcer les réactions à chaud ou utiliser un
catalyseur qui favorise sa dissociation.
Il possède le pouvoir calorifique massique le
plus élevé : 3,39 thermies par kilogramme, c'est-à-dire sensiblement
trois fois celui des hydrocarbures et quatre fois et demie celui du
charbon.
C'est après l'hélium, le gaz le plus difficile
à liquéfier : sa température de liquéfaction est en effet de - 253
°C. C'est un assez bon conducteur de la chaleur et de
l'électricité.
L'hydrogène présente trois inconvénients
majeurs :
- son pouvoir calorifique volumique est
faible : à l'état gazeux et à la pression atmosphérique, ses rapports
avec le méthane et l'essence sont respectivement de 1 à 3 et de 1 à 290. A
l'état liquide, ces rapports sont encore de 1à 2,3 avec le méthane liquide
et à 3,5 avec l'essence. Ces caractéristiques engendrent des difficultés
de stockage,
- son emploi exige certaines précautions en
raison de sa faible énergie d'inflammation (0,02 mJ contre 0,44 mJ pour le
méthane), en raison de l'étendue de son domaine d'inflammabilité, de 4 à
75 %, et de son aptitude à diffuser par suite de la petitesse de sa
molécule,
- son domaine d'inflammabilité est très vaste,
de 4 à 75 % en volume.
Enfin il convient de noter que l'hydrogène
natif n'existe pas sur la Terre. Il est donc nécessaire de l'extraire d'un
certain nombre de corps pour pouvoir en disposer. Ce n'est donc qu'un
vecteur secondaire d'énergie.
Les travaux de recherches sur l'hydrogène se
répartissent autour de trois axes principaux : production, stockage,
application au fonctionnement des piles à combustible.
Ils sont pour l'essentiel effectués dans les
laboratoires du C.N.R.S., de l'Université, des Grandes Ecoles, du C.E.A.
qui vient d'annoncer la création d'un programme de recherche
« hydrogène ». E.D.F. et G.D.F. ont également une activité de
recherche dans ce domaine. Enfin il faut aussi mentionner les travaux de
recherche de certains industriels, comme par exemple Air Liquide en
France.
L'hydrogène est d'ores et déjà un gaz
industriel de la première importance.
B - Les utilisations industrielles de
l'hydrogène
Il est produit environ 45 millions de tonnes
d'hydrogène par an dont 10% en Europe. Un certain nombre de grands
producteurs d'hydrogène sont des firmes européennes : Air Liquide,
Air Products, Linde, Messer Griesheim.
L'hydrogène est couramment utilisé dans un
grand nombre de secteurs industriels : dans l'industrie des corps
gras, en électronique, comme carburant et dans les industries chimiques.
a - L'industrie des corps gras
Les corps gras insaturés alimentaires (colza,
soja, tournesol,...) doivent être hydrogénés afin de les rendre solides à
la température ambiante et augmenter leur aptitude à la
conservation.
Les corps gras non alimentaires sont également
hydrogénés pour fabriquer du savon, des lubrifiants, des peintures et des
vernis.
b - L'industrie électronique
L'hydrogène est utilisé pour l'élaboration de
cristaux de semi conducteurs de silicium.
c - L'hydrogène carburant
La température de flamme très élevée (2 700°C)
atteinte avec l'oxygène l'a fait choisir sous forme liquide comme
propulseur des fusées et engins spatiaux.
d - Les industries chimiques
Les utilisations de l'hydrogène sont très
variés dans ce domaine :
· synthèse de l'ammoniac par
réaction avec l'azote pour fabriquer essentiellement des engrais, mais
aussi des explosifs, des matières colorantes ou des résines,
· raffinage : hydrosulfuration des
fuels pour éliminer le soufre, hydroraffinage pour améliorer les
lubrifiants et pour produire des essences spéciales,
· synthèse du méthanol par réaction du
gaz à l'eau pour la fabrication de caoutchoucs, de résines et de produits
de base pour la synthèse chimique comme l'acide acétique, le chlorure de
méthyle , les esters...
· chimie organique : hydrogénation
d'une part d'un certain nombre de matières pour la production de colorants
et d'autre part de précurseurs des sulfamides ou des vitamines.
· chimie minérale :
production d'eau oxygénée.
Les utilisations de l'hydrogène dans
l'industrie sont donc très diversifiées.
Les piles à combustibles ouvrent à ce gaz des
perspectives importantes de développement en tant que
carburant.
2 - L'hydrogène, carburant des piles à
combustible
A - La fabrication de l'hydrogène
L'hydrogène est actuellement fabriqué par
électrolyse ou par reformage qui sont maintenant des techniques bien
connues.
L'électrolyse est le procédé de décomposition
chimique de l'eau en oxygène et hydrogène sous l'action d'un courant
électrique.
La production économique de l'hydrogène par ce
procédé exige de pouvoir disposer de courant électrique à très faible
coût. C'est notamment le cas au Canada où HydroQuébec est devenu un
important producteur d'hydrogène compte de l'excellente rentabilité de ses
centrales hydroélectriques. La France est également très bien placée de ce
point de vue grâce à son équipement en centrales nucléaires.
Le reformage pose le problème du produit
primaire à transformer en hydrogène.
Un grand nombre de produits pourraient être
utilisés : le méthanol, le gaz naturel, l'essence, le gazole, le
naphta...
Le méthanol contient beaucoup d'hydrogène et
offre un certain nombre d'avantages.
En effet, il possède la molécule la simple
chimiquement et qui se « casse » le mieux. Il peut être produit
n'importe où et à bon marché. Il est également facile à obtenir à partir
de la biomasse.
Mais cette réaction chimique consomme une
énergie assez importante et produit du monoxyde et du dioxyde de carbone.
Il présente également l'inconvénient d'être un
fluide dangereux et potentiellement toxique pour l'environnement,
notamment pour les nappes phréatiques.
Pour ces raisons il ne semble pas pour
l'instant être favorablement considéré comme un précurseur possible pour
la production de l'hydrogène destiné aux piles à combustible. Cet emploi
est ainsi formellement exclu aux Etats-Unis.
Parmi les constructeurs automobiles qui se
sont lancés dans la construction de prototypes de véhicules à pile à
combustible, seul, apparemment, DaimlerChrysler préconise le reformage du
méthanol à bord.
Le choix du produit primaire fera certainement
intervenir un certain nombre de considérations comme les contraintes
d'environnement, la disponibilité de la matière première, la facilité et
la sécurité de son transport, les coûts divers...
On peut estimer qu'il n'y aura sans doute pas
«un meilleur » et unique précurseur de l'hydrogène.
Il y en aura certainement plusieurs en
fonction d'abord des situations locales et ensuite des choix effectués
entre production centralisée et production sur les lieux de
consommation.
Outre les deux méthodes classiques de
production de l'hydrogène, des recherches sont en cours sur d'autres
procédés de fabrication de ce gaz.
On peut ainsi citer les possibilités de
production directe à partir de la biomasse, par la dissociation thermique
de l'eau dans des réacteurs nucléaires à haute température et par la
photosynthèse.
Concernant cette dernière, des scientifiques
californiens viennent en effet de démontrer que l'algue verte
(Chlamydomonas reinhardtii) peut produire de
l'hydrogène.
Comme toutes les plantes vertes, cette algue
utilise la photosynthèse pour transformer l'eau et la lumière du soleil en
sucres contenant de l'oxygène et de l'hydrogène. Quand la photosynthèse
devient impossible, cette algue puise dans ses stocks d'énergie sucrée, ce
qui libère l'hydrogène.
Les chercheurs ont montré que ce blocage
pouvait être provoqué par un manque en soufre. Il suffirait donc de
manipuler la teneur en soufre du milieu de ces algues pour obtenir de
l'hydrogène. Cette opération a actuellement un rendement dérisoire et
reste expérimentale. De même on peut imaginer que des végétaux modifiés
génétiquement soient d'excellents producteurs d'hydrogène.
Compte tenu de la nécessité de produire
l'hydrogène en consommant de l'énergie, il faut porter l'attention sur le
bilan environnemental de ces différentes filières.
B - Le bilan environnemental de la production
d'hydrogène
C'est une question très importante dans la
mesure où il serait envisagé de développer cette production d'hydrogène
afin de la substituer de façon progressive aux actuelles sources d'énergie
fossiles.
En effet dans cette perspective, il serait
primordial de déterminer quelle est (ou sont) la ou les meilleure(s)
filière(s) de production dans la mesure où il s'agirait de développer un
appareil de production qui n'existe pas à l'heure actuelle. Cette analyse
devrait se faire à la fois dans le cas de la France mais aussi dans le
cadre européen.
Il faudrait ainsi établir les outils d'analyse
qui permettraient de nourrir un débat le plus objectif possible quant aux
impacts sur l'environnement mais aussi aux coûts des différentes filières
hydrogène prise dans leur ensemble.
Cette comparaison devrait non seulement être
effectuée au niveau de la France mais également au niveau des pays
européens.
Cette question devrait être tout à fait au
centre d'une éventuelle étude de l'Office sur les perspectives du
développement de l'utilisation de l'hydrogène.
En attendant cette éventuelle étude complète
nous allons donner quelques indications en la matière en nous appuyant sur
une étude de l'Institut français du pétrole publiée voilà quelques
mois.
Les tableaux suivants présentent le bilan des
émissions de différents polluants issus des filières d'hydrogène comprimé
et d'hydrogène liquéfié destiné à un usage dans un véhicule.
Il s'agit ici du cas de la France. L'étude a
été menée « du puits au réservoir ».
Emissions de différents polluants
issus des filières hydrogène comprimé
« du puits au
réservoir »
en g/MJ
|
Emissions
de
CO2 |
Emissions de
NO2
|
Emissions
de
HC |
Emissions
de
CO |
Emissions
de
SO2 |
Hydrogène issu de gaz naturel
|
99 |
0,04 |
0,11 |
0,02 |
0,03 |
Hydrogène
issu de
naphta |
140 |
0,17 |
0,21 |
0,03 |
0,18 |
Hydrogène
issu de
charbon |
209 |
n.d. |
n.d. |
n.d. |
n.d. |
Hydrogène
issu de
l'électrolyse |
42 |
0,10 |
0,02 |
0,0085 |
0,16 |
Source : d'après I.F.P.
Emissions de différents polluants
issus des filières hydrogène liquéfié
« du puits au
réservoir »
en g/MJ
|
Emissions
de
CO2 |
Emissions de
NO2
|
Emissions
de
HC |
Emissions
de
CO |
Emissions
de
SO2 |
Hydrogène issu de gaz naturel
|
158 |
0,10 |
0,166 |
0,037 |
0,09 |
Hydrogène
issu de
naphta |
232 |
0,29 |
0,335 |
0,050 |
0,31 |
Hydrogène
issu de
charbon |
343 |
n.d. |
n.d. |
n.d. |
n.d. |
Hydrogène
issu de
l'électrolyse |
66 |
0,164 |
0,027 |
0,020 |
0,246 |
Source : d'après I.F.P.
On constate le considérable avantage en
matière d'émissions de CO2 et de CO de la production
d'hydrogène réalisée par électrolyse avec de l'électricité d'origine
nucléaire par rapport aux autres modes de production.
La filière de production à partir du gaz
naturel est également bien placée, notamment au niveau des émissions des
oxydes d'azote et du soufre où elle se révèle même plus avantageuse que la
voie précédente.
On remarque aussi que la liquéfaction est une
opération plus « coûteuse » en termes d'émissions de polluants
que la compression.
3 - Les différents modes de fabrication de
l'hydrogène
L'hydrogène posera des problèmes différents
selon qu'elle sera produite sur les lieux d'utilisation par reformage ou
dans des unités centralisées. Se poseront en outre des problèmes de
sécurité.
A - le reformage in situ
Il faut distinguer le cas de la génération
stationnaire et celui de la génération à bord d'un véhicule.
a - Le reformage stationnaire
La génération stationnaire ne pose pas de gros
problèmes dans la mesure où le reformeur du générateur est soit
approvisionné en carburant primaire par une dérivation d'un réseau
existant ou par des livraisons régulières avec éventuellement un stockage
tampon pour assurer la permanence de l'alimentation de
l'installation.
La première de ces situations est par exemple
celle de la pile de Chelles qui est approvisionnée en gaz naturel par le
réseau de Gaz de France comme n'importe quel abonné ordinaire. Dans la
seconde, des livraisons du carburant primaire par exemple par camions
peuvent être organisées comme sont approvisionnée les stations-service de
carburants le long des routes.
b - La reformage à bord d'un
véhicule
La génération embarquée d'hydrogène à bord
d'un véhicule permet de s'affranchir de la mise en place d'une
infrastructure de production, de distribution et de tout système de
stockage de ce gaz à bord.
Mais le développement des véhicules équipés
d'un reformeur posera le problème de la distribution du carburant
précurseur de l'hydrogène.
Il faut cependant distinguer le cas des
flottes « captives » qui ont un point de passage ou de
stationnement obligés, comme par exemple les bus, et les véhicules des
particuliers.
S'agissant des flottes captives, le problème
peut être aisément résolu par l'existence d'un dépôt de carburant auquel
tous les engins se ravitaillent. On peut utiliser à peu près n'importe
quel précurseur pour la fabrication de l'hydrogène par les reformeurs
embarqués.
Par contre l'alimentation des véhicules des
particuliers nécessiterait un réseau dense de points de ravitaillement.
Les produits actuellement distribués,
l'essence et le gazole, pourraient être facilement employés pour faire
fonctionner des reformeurs embarqués. Cette disponibilité immédiate
n'entraînerait pas de modification du réseau actuel de distribution des
carburants. Compte tenu de sa facilité cette solution serait certainement
adoptée au moins provisoirement en attendant que soit choisi un autre
précurseur de l'hydrogène.
Mais l'adoption de cet autre précurseur
rendrait alors nécessaire de créer un réseau de distribution, ce qui
entraînerait des investissements considérables.
Le développement des véhicules à pile à
combustible conduirait également soit à modifier les raffineries pour
produire davantage d'hydrogène ou des essences spécialement adaptées pour
le reformage, ou encore tout autre produit comme le méthanol.
De ce point de vue, les distributeurs de
produits pétroliers sont les premiers concernés et ils devront
obligatoirement être associés à ce choix.
Les compagnies pétrolières et les
distributeurs de carburant sont d'ores et déjà très intéressés par les
technologies impliquées par le développement des piles à combustible.
Actuellement les compagnies pétrolières
poursuivent les actions suivantes :
- partenariats de recherche et de
développement avec les constructeurs automobiles,
- participation à des projets de démonstration
de véhicules à pile à combustible, par exemple aux Etats-Unis dans le
cadre du California Fuel Cell Partnership,
- participation à des travaux de réflexions
stratégiques comme par exemple en France dans le cadre du Réseau
« pile à combustible » (projet transversal « Système de
traction à pile à combustible » ) et en République fédérale
d'Allemagne dans le cadre du projet « Transportation energy
safety » regroupant le ministère allemand des transports, Aral,
B.M.W., DaimlerChrysler, M.A.N., Shell et Volkswagen.
La plus dynamique de toutes les compagnies
pétrolières et la plus impliquée dans ces projets semble être Shell qui a
créé une société filiale spécialisée, Shell Hydrogen.
Enfin il faut noter que cette affaire
requerrait bien évidemment l'intervention de la puissance
publique.
Il sera également nécessaire de pouvoir
disposer du même carburant au moins en Europe pour des raisons évidentes
de mobilité. Une harmonisation y sera donc obligatoire. Le choix du ou des
carburants devra donc faire l'objet d'une concertation et d'une prise de
décision à ce niveau.
Il sera par ailleurs obligatoire, dans ce cas
de l'adoption d'un nouveau carburant automobile, de maintenir en
parallèle, pendant un très grand nombre d'années, le réseau de
distribution des carburant classiques compte tenu du temps nécessaire au
renouvellement complet du parc européen de véhicules particuliers.
Ce seront donc des décisions particulièrement
difficiles à prendre dont l'échéance est pour l'instant impossible à
déterminer.
La production centralisée d'hydrogène est
l'autre branche de l'alternative.
B - La production centralisée
d'hydrogène
Cette production centralisée peut être
réalisée soit dans de grandes unités centralisées soit dans des unités
plus petites. L'hydrogène devra ensuite être transporté et pouvoir être
stocké.
a - La production en grandes unités
centralisées
Une grande centrale de production d'hydrogène
comprend trois unités :
- une unité de production, vaporeformeur ou
unité d'oxydation partielle,
- une unité de conversion du CO,
- une unité de purification de l'hydrogène.
Les unités actuelles de production d'ammoniac
et de méthanol utilisent déjà de telles installations avec de très grandes
capacités.
L'hydrogène doit ensuite être transporté et
distribué.
b - Le transport de l'hydrogène
L'hydrogène est déjà transporté par voie
routière sous forme gazeuse dans des conteneurs et sous forme liquide par
camions citernes par tous les producteurs et distributeurs de gaz
industriels.
C'est ainsi qu'un camion semi-remorque citerne
transporte chaque semaine une cargaison de 50 m3 d'hydrogène
entre l'usine d'Air Liquide située à Waziers dans les Ardennes et l'usine
de semi-conducteurs de ST Microelectronics de Milan.
Le transport d'hydrogène par canalisations est
également une opération courante. Elle permet d'assurer
l'approvisionnement de complexes pétrochimiques à partir de sites
produisant des excès d'hydrogène.
Il existe de nombreux exemples de telles
canalisations en Europe et aux Etats-Unis. Ils sont particulièrement
adaptés à l'acheminement de grosses quantités d'hydrogène sur des
distances de quelques centaines de kilomètres. On peut ainsi citer à titre
d'exemple le réseau de 1 500 kilomètres existant dans le Nord-Est de la
France. La République fédérale d'Allemagne possède également plusieurs
réseaux de distribution d'hydrogène par canalisations
Des études de faisabilité sur le transport
maritime d'hydrogène liquide ont été réalisées. Les navires utilisés
auraient de fortes similitudes avec les actuels méthaniers.
c - La distribution de l'hydrogène
Les stations-service d'hydrogène peuvent être
alimentées par un des modes de transport qui a été évoqué.
La mise au point de ce type de station-service
ne semble pas poser de problèmes techniques particuliers. Plusieurs de
celles-ci ont déjà été construites à l'occasion de projets de
démonstration de véhicules à pile à combustible, notamment en République
fédérale d'Allemagne.
Les stations-service pourraient aussi
constituer de petites unités de production d'hydrogène soit par reformage
soit par électrolyse.
Ce type de petite production d'hydrogène est
déjà réalisé de façon courante par un certain nombre d'industries
utilisatrices de ce gaz comme les verreries, la métallurgie ou
l'agro-alimentaire.
C - Le stockage de l'hydrogène
En matière de stockage, la légèreté de
l'hydrogène entraîne des densités massiques, c'est-à-dire un rapport masse
d'hydrogène/masse du contenant de l'ordre de quelques pour cent, ce qui
est un facteur très pénalisant en poids.
Dans la perspective du développement de
véhicules à pile à combustible, si l'on veut éviter les problèmes
inhérents au reformage, il sera nécessaire de mettre au point un système
de stockage de l'hydrogène sûr et performant.
La masse d'hydrogène à stocker dans ce cas est
de l'ordre de 5 kg, ce qui est nécessaire pour une autonomie classique
d'environ 500 kilomètres. L'hydrogène doit être stocké avec des
contraintes sévères de volume et de masse pour rester compatible avec les
dimensions des véhicules.
Le stockage de l'hydrogène peut se faire sous
forme comprimée, liquide, dans des micro-billes, par absorption dans
un hydrure, enfin par adsorption dans du charbon actif et dans des
nanotubes de carbone.
a - Le stockage de l'hydrogène sous forme
comprimée
Le stockage sous pression constitue un
dispositif très simple, peu coûteux en énergie et capable de délivrer le
gaz stocké avec une dynamique et une cinétique largement supérieures aux
besoins. Il relève des mêmes techniques que celles utilisées pour le gaz
naturel.
Les réservoirs sont techniquement au point.
Ils sont constitués d'une vessie servant de barrière à l'hydrogène.
Celle-ci est généralement en alliage d'aluminium renforcé par de la fibre
de verre imprégnée de résine époxy.
Dans le cadre du programme européen
« HYDRO GEN », dont les partenaires sont le C.E.A., P.S.A.,
Renault et Air Liquide, a été mis au point un réservoir pour le stockage à
haute pression, à une pression de 700 bars. La capacité massique de
stockage obtenue est de l'ordre de 5,7%, c'est-à-dire 5,7 kg d'hydrogène
gazeux stocké pour 100 kg de structure.
b - Le stockage de l'hydrogène sous forme
liquide
Du fait de la faible densité de ce gaz, 70,8
kg/m3, le volume correspondant à 5 kg d'hydrogène est d'environ
70 litres. Ce mode de stockage peut donc paraître séduisant d'autant plus
que l'hydrogène liquide est aisément disponible dans les pays
industrialisés.
Néanmoins, plusieurs inconvénients
existent :
- il est nécessaire de maintenir
l'hydrogène à une température de - 253 °C. Il faut donc une isolation
thermique extrêmement soignée et donc encombrante. Cela n'empêche pas une
évaporation parasite mais qui reste cependant contrôlable à un niveau
admissible de l'ordre de 3% par jour. Cette évaporation peut ne pas être
permanente en réalisant une enceinte pressurisée dotée d'une vanne de
décharge : c'est la solution qui a été retenue dans le cadre du
projet européen « FEVER »,
- l'énergie nécessaire à la
liquéfaction de l'hydrogène représente environ 40% de l'énergie contenue
dans le gaz.
- la manipulation de
l'hydrogène liquide exige des stations de remplissage
automatique complexes et onéreuses mais cependant tout à fait
techniquement réalisables.
On possède maintenant des connaissances
étendues sur les problèmes posés par le stockage liquide de l'hydrogène
grâce au développement des activités spatiales. Mais il faut reconnaître
que les coûts et les sujétions de cette voie sont très difficilement
applicables à l'automobile.
c - Le stockage de l'hydrogène dans des
micro-billes
Ce type de stockage repose sur la double
propriété de certains verres d'être étanches à l'hydrogène à froid et
poreux à chaud. La résistance mécanique du verre permet d'atteindre des
pressions d'éclatement de l'ordre de 1 500 bars avec des micro-billes
creuses de 12 microns de diamètre et d'environ 2 microns
d'épaisseur.
Cette technique a été essayée dès le début des
années 1980. Des essais ont été conduits ont été réalisés par le C.E.A. au
début des années 1990.
Pour remplir ces micro-billes, il faut les
porter à environ 350°C dans une atmosphère d'hydrogène à une pression
d'environ 1 000 bars puis de les laisser refroidir. Les billes peuvent
ensuite être sorties de l'enceinte et conservées aussi longtemps que
souhaité.
Il est possible avec cette technique de
satisfaire au cahier des charges des constructeurs automobiles. Le
stockage de 5 kg d'hydrogène peut être réalisé de cette façon avec une
enceinte de masse inférieure à 100 kg et de volume inférieur à 300
litres.
Par contre, l'énergie nécessaire pour
effectuer ce remplissage représente environ 30% de l'énergie contenue dans
le gaz.
Ce type de stockage est intrinsèquement sûr
puisqu'il n'y a pas de fuite et que l'éclatement accidentel d'une bille
n'entraîne pas de réaction en chaîne.
Le déstockage de l'hydrogène peut se faire
soit par réchauffage progressif de tout ou d'une partie des billes soit
par leur broyage progressif en particulier par vibrations.
Les densités d'énergie qu'il est possible
d'atteindre sont de l'ordre actuellement de 4%. Ce type d'approche
pourrait peut-être, compte tenu de ses qualités, se révéler intéressante à
terme.
d - Le stockage de l'hydrogène dans des
hydrures
Ce type de stockage qui apparaît très
prometteur est fondé sur la propriété de certains solides d'absorber des
quantités importantes d'hydrogène et de le restituer par dépression ou
légère élévation de température. Les recherches sont orientées vers les
terres rares, le lanthane notamment, le nickel et le magnésium.
La proportion d'hydrogène absorbé est de
l'ordre d'un atome de gaz pour un atome de métal. C'est une réaction
réversible exothermique à l'absorption et endothermique à la libération de
l'hydrogène.
La capacité gravimétrique du stockage dépend
principalement du poids atomique du métal utilisé. De ce point de vue
l'utilisation des terres rares est plus intéressante pour une utilisation
sur des applications stationnaires que mobiles car elles sont très
lourdes. Enfin la chaleur et les énergies d'activation de l'absorption
varient en fonction du type d'alliage.
Un grand intérêt de cette technique est que la
pression de libération de l'hydrogène peut être calibrée en fonction de
l'application.
Malheureusement les alliages capables
d'absorber le plus d'hydrogène par unité de poids sont aussi ceux qui
demandent des températures très élevées.
Il en est ainsi par exemple pour tous les
composés à base de magnésium.
Le magnésium est très intéressant car il a une
capacité d'absorption massique de 7%, ce qui est un avantage considérable
pour les applications mobiles. Mais il se pose un problème de
réversibilité car il est alors nécessaire de chauffer à 500 ou 600°C. Un
gain important en température peut être fait en alliant le magnésium au
nickel mais on perd alors de la capacité massique. D'autres alliages font
l'objet de recherches comme ceux à base de zirconium-manganèse-chrome.
Une autre difficulté est qu'il faut stocker de
l'hydrogène très pur car les hydrures ne supportent pas le monoxyde de
carbone.
Des hydrures chimiques sont également
développés. On peut citer par exemple le sodium borohydride. Les densités
théoriques peuvent atteindre 10% en incluant l'eau. Toutefois ces hydrures
seraient assez instables. De plus certains de ces hydrures chimiques sont
corrosifs ce qui entraîne des difficultés de manipulation. Enfin le
contrôle de la réaction pour obtenir l'hydrogène serait très
délicat.
Ces hydrures font l'objet de recherches un peu
partout dans le monde : aux Etats-Unis mais aussi en France au
C.N.R.S. qui possède un laboratoire de chimie métallurgique des terres
rares.
On ne peut que regretter que l'entreprise qui
s'appelait alors Rhône-Poulenc, devenue Aventis, qui était un spécialiste
des terres rares ait maintenant abandonné cette activité.
e - Le stockage de l'hydrogène par adsorption
dans du charbon actif
L'adsorption de l'hydrogène dans du charbon
actif est connu depuis assez longtemps et donne d'assez bons
résultats.
Mais cette technique de stockage ne peut pas
être retenue pour une application automobile.
En effet il serait nécessaire de conserver le
réservoir à une température de 77 K , ce qui obligerait à le
maintenir dans une enceinte sous azote liquide ou à le coupler avec un
groupe froid, ce qui deviendrait une contrainte excessive pour cette
utilisation.
Des problèmes de sécurité pourraient se poser
puisqu'une remontée accidentelle de température libère rapidement
l'hydrogène.
f - Le stockage de l'hydrogène dans des
nanotubes de carbone
Ce mode de stockage de l'hydrogène est
actuellement au centre de beaucoup de publications et aussi de
controverses.
Les nanotubes de carbone ont été découverts en
1991 au Japon.
Ces matériaux sont composés de chaînes de
molécules de carbone formant ensemble des tubes graphitiques, ceux-ci
pouvant s'organiser en couches simples ou multiples.
Ils semblent dotés de capacités
exceptionnelles en terme d'absorption de l'hydrogène. Leurs capacités
massiques d'absorption pourraient atteindre, selon certains auteurs,
jusqu'à 65%. Mais la controverse est très vive à ce propos entre les
spécialistes.
Il faut toutefois considérer avec une grande
prudence ces nanotubes compte tenu de la méconnaissance de la plupart des
mécanismes en jeu lors de l'absorption de l'hydrogène.
L'activité de recherche est en pleine
effervescence sur ce thème.
Un certain nombre de domaines sont encore
entachés de grandes incertitudes.
Il faut notamment approfondir les
connaissances concernant les procédés d'élaboration pour améliorer le
rendement de production, c'est-à-dire le rapport entre la quantité de
nanotubes synthétisée et la quantité de carbone utilisée initialement et
aussi le matériau obtenu.
Il reste aussi à élucider complètement au
niveau théorique l'aptitude étonnante de ces nanostructures carbonées au
stockage de l'hydrogène.
Les questions portent aussi sur la faisabilité
à terme d'une production en masse de ces matériaux qui est aujourd'hui
limité à quelques grammes obtenus en laboratoire.
Au terme de cette rapide revue des différentes
méthodes de stockage de l'hydrogène, il apparaît clairement que le mode
idéal de stockage de ce gaz n'existe pas encore.
Nous pensons qu'une étude de l'Office sur
l'hydrogène pourrait permettre d'étudier plus en détail ces techniques
afin de pouvoir aboutir à des recommandations, notamment en terme de
priorité de recherches qu'il ne nous paraît pas possible de faire à la fin
de ce paragraphe.
Non seulement le stockage mais aussi l'emploi
de l'hydrogène sont souvent considérés comme dangereux. Il convient donc
d'évoquer les problèmes de sécurité posés par l'emploi de ce gaz.
D - Les problèmes de sécurité posés par
l'hydrogène
L'hydrogène est un produit qui a objectivement
mauvaise réputation. Celui-ci déclenche généralement des appréhensions
liées à la fois à la « bombe à hydrogène » et au désastre du
dirigeable géant « Hindenburg » aux Etats-Unis le 6 mai
1937.
D'après de récentes études mené par un expert
de la N.A.S.A., cet accident ne serait pas dû à l'hydrogène mais à la
nature extrêmement inflammable de la peinture de son enveloppe.
Quelques caractéristiques de l'hydrogène
peuvent susciter l'inquiétude. En effet si sa température d'inflammation
est dix fois inférieure à celle des hydrocarbures, sa température
d'auto-inflammation est plus élevée. Sa vitesse de combustion est grande
ce qui confère au mélange air-hydrogène une aptitude élevée à transiter de
la déflagration à la détonation.
Le risque « hydrogène » peut être
apprécié soit au niveau du c_ur des piles à combustible soit à celui de la
production sur l'installation et des installations de stockage.
a - Les risques liés au c_ur des piles
Normalement dans une pile à combustible
l'hydrogène et l'air n'entrent jamais en contact direct.
Cependant dans le cadre d'une analyse de
risque d'un système, l'éventualité d'une rupture de l'étanchéité entre les
compartiments, par dégradation de la membrane pour une pile de type P.E.M.
ou fuite de l'électrolyte, doit être prise en considération. Un tel
événement peut en effet conduire à la constitution d'un mélange explosif
au sein d'une cellule voire, par propagation, dans l'ensemble du c_ur de
la pile.
Il faut donc qu'une étude spécifique de
sécurité basée sur une analyse des risques et une quantification des
conséquences soient réalisées sur chaque installation.
Il faut toutefois considérer que les quantités
d'hydrogène contenues dans le c_ur de pile sont limitées et constituent un
potentiel de danger relativement faible, surtout comparé à un stockage
d'hydrogène classique.
b - Les risques liés à la production
L'analyse des risques de chaque installation
doit mettre en évidence d'une part les risques liés au combustible employé
(gaz naturel, méthanol...) et ceux propres au procédé utilisé (craquage du
méthanol, vaporéformage du gaz naturel...).
c - Les risques liés au stockage
Dans les cas de stockage sous forme liquide ou
pressurisée, les risques sont aujourd'hui bien connus et maîtrisables par
la mise en _uvre de dispositifs de sécurité adéquats.
La situation des automobiles à pile à
combustible ou à moteur à hydrogène liquide a déjà fait l'objet d'études
de sécurité.
Tout d'abord les quantités en jeu sont là
relativement faibles : quelques centaines de litres seulement.
De manière similaire aux travaux ayant précédé
la mise sur la marché des véhicules fonctionnant au G.P.L., ceux faisant
intervenir l'hydrogène dans leur fonctionnement feront évidemment l'objet
d'une procédure d'homologation avant toute fabrication industrielle.
Des essais ont été effectués sur des
prototypes développés lors de différents projets.
Ainsi B.M.W. a pratiqué sur ses véhicules à
moteur à combustion interne à hydrogène une série d'essais de collisions
conformes aux spécifications américaines (chocs frontaux et au niveau de
l'alimentation du réservoir à hydrogène...). Les résultats ont été
entièrement positifs.
Le C.E.A. a soumis le réservoir d'hydrogène
comprimé à 700 bars qu'il a réalisé à des tirs d'armes automatiques sans
provoquer d'explosion.
Concernant les autres formes de stockage,
(hydrures, adsorption sur des surfaces poreuses...) le retour d'expérience
est moindre compte tenu de leur caractère encore très largement
expérimental. Néanmoins la firme automobile japonaise Mazda a fait rouler
pendant deux ans un prototype équipé d'un stockage sous forme d'hydrures
sans problèmes particuliers.
Enfin la question de la sécurité des
infrastructures de remplissage se posera naturellement en cas de
développement de la filière. Elle nécessitera des études de sécurité et
également la formation des futurs utilisateurs, c'est-à-dire à terme, le
grand public.
Il faut noter que tous ces domaines sont
activement étudiés notamment par l'I.N.E.R.I.S. qui travaille sur
l'hydrogène depuis des années.
Ces travaux permettront de faire évoluer la
réglementation de l'hydrogène.
E - La réglementation de
l'hydrogène
a - Les textes applicables
Les textes distinguent les applications
stationnaires, mobiles et portables.
- Les applications stationnaires
Il existe au niveau européen des directives,
transposées en droit français, qui s'appliquent à l'hydrogène et
concernant : la protection des travailleurs, notamment pour
l'exposition au risque d'atmosphère explosive, la protection des
équipements et la protection de l'environnement et de la
population.
S'agissant de cette dernière catégorie,
s'appliquent plus précisément les textes suivants :
· la directive n°96/82/CE du 9 décembre
1996, dite « Seveso II », sur la maîtrise des dangers liés aux
accidents majeurs impliquant des substances dangereuses transposée en
droit français par le Titre 1er du Livre V du Code de l'environnement,
· la directive 2000/33/CE du 25
avril 2000 sur la classification, l'emballage et l'étiquetage des
substances dangereuses transposée en droit français par un arrêté du 8
octobre 1999.
Au niveau français s'appliquent
également :
· l'arrêté du 12 février 1998 relatif
au stockage ou à l'emploi d'hydrogène (rubrique 1416 de la nomenclature
des Installations classées pour la protection de l'environnement),
· l'arrêté du 24 août 1998 relatif aux
installations de remplissage ou de distribution de gaz inflammables
liquéfiés (rubrique 1414 de la nomenclature des Installations classées
pour la protection de l'environnement).
- Les applications mobiles
Actuellement s'applique la directive 70/156/CE
du 6 février 1970 concernant le rapprochement des législations des Etats
membres relative à la réception des véhicules à moteur et de leurs
remorques modifiée par la directive 98/14/CE du 6 février 1998.
Il existe actuellement un projet européen dit
« European integrated hydrogen project » (E.I.H.P.) à l'échéance
de 2004 dont le but est de proposer une réglementation européenne pour les
véhicules à hydrogène et l'infrastructure de distribution en remplacement
des législations nationales.
- Les applications portables
Sont applicables dans ce domaine :
· la directive européenne 2001/2/CE
relative aux appareils à pression transportables,
· la directive européenne 91/157/CE
relative aux piles et accumulateurs contenant certaines matières
dangereuses.
b - La réglementation française
La réglementation française de l'hydrogène se
présente, en résumé, de la façon suivante :
- Transport de l'hydrogène
Il est autorisé de transporter l'hydrogène
soit comprimé en suivant la réglementation des appareils à pression, soit
liquéfié pourvu qu'un matériel adéquat soit utilisé.
- Problème des véhicules fonctionnant à
l'hydrogène
Il n'y a pas à l'heure actuelle de
réglementation de la circulation de véhicules fonctionnant à l'hydrogène.
D'après le ministère des transports, les
prototypes fonctionnant à l'aide de ce carburant circulent sur les routes
françaises sous couvert de l'immatriculation temporaire habituelle
(W).
- Réglementation du stockage de l'hydrogène
· fabrication de
l'hydrogène :
- quantité d'hydrogène liquide présente dans
l'installation supérieure à 50 tonnes : nécessité d'une autorisation
préfectorale et instauration de servitudes d'utilité publique autour de
cette installation
- quantité d'hydrogène liquide présente dans
l'installation inférieure à 50 tonnes : nécessité d'une autorisation
préfectorale
· stockage ou emploi de l'hydrogène,
quelque soit sa phase :
- pour une quantité supérieure ou égale à 100
kg mais inférieure à 1 000 kg : régime de la déclaration
préalable
- pour une quantité supérieure ou égale à 1000
kg mais inférieure à 50 000 kg : régime de l'autorisation
préfectorale
- pour une quantité supérieure ou égale à 50
000 kg : régime de l'autorisation préfectorale assortie de
l'instauration de servitudes d'utilité publique autour de
l'installation.
La réglementation française paraît plus
rigoureuse que celle d'autres pays et notamment européens. Une
harmonisation européenne est, de façon bienvenue, en cours. Nous
souhaiterions que notre pays y prenne une part importante et
dynamique.
L'étude de l'Office que nous préconisons
devrait activement se pencher sur cette question.
Le danger d'une réglementation trop rigoureuse
est qu'elle dissuade les recherches et les expérimentations sur ce vecteur
d'énergie pendant que d'autres, nos concurrents de demain, semblent d'ores
et déjà bénéficier d'une certaine avance en la matière.
C'est un fait que c'est un gaz qui a mauvaise
réputation. Il ne paraîtrait pas raisonnable de nier que celui-ci présente
des risques, mais il conviendrait certainement de garder cependant une
certaine mesure en la matière.
En effet il nous semble qu'on peut faire le
parallèle avec des produits tels que les carburants destinés à
l'automobile. Ceux-ci présentent de façon indéniable beaucoup de risques
mais des réglementations adéquates en ont permis une utilisation sûre, ce
qui n'exclue pas, malheureusement, la survenance de quelques
accidents.
Il est certainement possible qu'il en soit de
même avec l'hydrogène.
Nous en sommes en tous cas
convaincus.
Conclusion
Au terme de cette étude, nous sommes
convaincus que les travaux de recherche doivent se poursuivre et
s'amplifier, tant cette technologie nous semble prometteuse. Sans évoquer,
comme nous l'avons fait en introduction l'épuisement inéluctable des
combustibles fossiles, il nous paraît certain que la qualité de
l'environnement de plus en plus ressentie par nos contemporains,
singulièrement dans les centres urbains, donne à cette technologie, malgré
ses difficultés, un certain avenir.
Cette pression sur la qualité de l'air peut
parfois être considérée par les industriels comme très excessive. Il nous
semble avec réalisme qu'elle ne se relâchera pas et même que les
phénomènes climatiques exceptionnels seront considérés par nos concitoyens
comme des conséquences de l'évolution de la température liée à l'effet de
serre.
Il nous paraît donc nécessaire d'accepter
cette donnée et d'essayer de précéder le mouvement inéluctable plutôt que
d'être contraints de nous adapter avec retard quand les produits des
concurrents américains et japonais seront devenus des standards
obligatoires.
La grande différence avec l'histoire
antérieure de cette technologie qui a connu des échecs et conduit à des
renoncements, c'est que cette fois, une puissante industrie, l'industrie
automobile, la soutient, tout en considérant qu'elle ne sera
opérationnelle qu'à terme en passant par plusieurs périodes
intermédiaires.
Nous estimons que même si les engouements
actuels fléchissent quelque peu dans l'avenir, notamment compte tenu des
difficultés techniques rencontrées, l'intérêt ne retombera pas.
Les deux types de piles à combustible les plus
assurés de se développer semblent à l'heure actuelle être les P.E.M. et
les S.O.F.C.. Les piles alcalines resteront quant à elles employées dans
le domaine restreint des véhicules spatiaux et des sous-marins.
Les P.E.M. bénéficieront de leurs qualités
intrinsèques et surtout de leur fonctionnement à basse température. Leur
adoption par l'industrie automobile serait dans ce sens un gage certain de
succès.
Les S.O.F.C. sont excellentes dans le domaine
des grandes puissances surtout couplées à une cogénération. Mais on peut
estimer qu'elles auront sans doute quelques difficultés à s'imposer dans
le domaine de la génération stationnaire compte tenu de l'existence de
grands réseaux de distribution d'électricité. Cela sera encore plus vrai
en France du fait de la compétitivité de notre électricité nucléaire qui
nous assure à la fois indépendance nationale et protection de
l'environnement, mais aussi de notre réseau électrique de distribution sur
tout le territoire habité.
Le mouvement actuel de déréglementation du
marché de l'énergie et l'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie
pourra favoriser ce type de pile mais son coût de revient constituera un
obstacle très important.
Les piles de type S.O.F.C. seront peut être
même pour la génération stationnaire concurrencées par les P.E.M. jusqu'à
des puissance de l'ordre de 250 kilowatts.
Les micro piles, quant à elles, s'imposeront
très rapidement sur le marché de l'alimentation des appareils
électroniques portables mais elles nécessitent certainement quelques
années, de l'ordre de 5 à 10 ans, de progrès et de mise au point.
Notre conviction est que ce type de générateur
d'électricité n'est pas encore techniquement au point.
Certes le principe de base est bien connu mais
les piles restent, quel que soit leur type, encore en très grande partie
des quasi appareils de laboratoire. En effet elles restent très fortement
tributaires de l'entretien et de la surveillance de spécialistes.
Beaucoup de problèmes techniques très
importants restent à résoudre aussi bien au niveau du c_ur de pile que des
auxiliaires. De plus le problème du carburant n'a pas encore trouvé de
solution évidente, notamment pour les piles embarquées qui posent de ce
point de vue des problèmes considérables.
Il faudra en effet choisir entre installer un
reformeur qui n'est pas une option technique simple et l'alimentation
directe de la pile en hydrogène. Cette dernière solution oblige à stocker
ce gaz, ce qui pose encore un certain nombre de difficultés.
On ne peut donc, compte tenu de ces
difficultés, envisager à l'heure actuelle la commercialisation en grandes
séries d'une pile embarquée malgré les annonces faites ici ou là. Par
contre le stationnaire posera moins de problème. Mais là on se heurtera au
coût des énergies concurrentes, du gaz notamment.
Le prix de revient actuel des piles à
combustible est un autre handicap fondamental, sauf pour les micro piles.
La diminution de coût de revient pourrait provenir d'une industrialisation
en grande série mais l'essentiel semble à attendre de la réalisation de
sauts technologiques.
Compte tenu de l'ensemble de ces difficultés
on peut estimer que seules quelques niches pourront être progressivement
occupées par ces piles qui pourront s'y avérer plus performantes que les
sources classiques d'énergie. Ce sera d'ailleurs peut être le moyen de
créer un marché à ces générateurs.
En tout état de cause les sources classiques
d'énergie ont encore de beaux jours devant elles. C'est sans aucun doute
le cas du moteur à combustion interne qui ne cesse de s'améliorer et qui
garde encore de belles marges de progression et d'améliorations. Il ne
cédera du terrain que progressivement et à long terme.
La pile à combustible est au confluent de
plusieurs domaines : la physique, la chimie, l'électricité, la
mécanique et l'ingénierie.
Nous avons retiré de notre enquête que
l'effort de la majorité des chercheurs se concentrent essentiellement sur
le c_ur de pile, délaissant quelque peu les auxiliaires ainsi que les
problèmes posés par le ou les carburant(s).
Or nous avons vu que ces auxiliaires sont très
importants dans la mesure où ils représentent 30% de la valeur de
l'ensemble du système générateur à pile à combustible. De ce point de vue,
ce peut être un domaine à investir par la recherche de notre pays compte
tenu de sa tradition de construction mécanique et électrique et de
l'existence de grands compétences en ingénierie.
Nous avons noté que globalement la France
avait pris du retard dans ce domaine.
Notre pays ne donne pas l'impression d'avoir
une stratégie affirmée. Aussi la première tâche fondamentale nous semble
être de recenser de façon systématique nos compétences.
Nous ne sommes pas dépourvus de tous moyens
comme nous l'avons constaté dans l'action entreprise par le C.E.A. à la
fois dans les micro piles et l'hydrogène et par la firme Air Liquide. On
regrettera cependant la timidité de certaines autres
entreprises.
La constitution du Réseau « pile à
combustible » dont il faudrait néanmoins modifier le système
d'attribution des aides, peut constituer la base d'un développement
appréciable. Mais il sera impératif que se dégagent un ou deux chefs de
file qui pourraient exercer une vigoureuse action de coordination et de
rationalisation.
Et il nous semble que l'élaboration d'une
stratégie pour notre pays ne pourra se faire qu'au sein d'un dessein
européen tant les compétences sont dispersées.
L'Europe, dans son ensemble, ne se trouve pas
à la pointe du développement de cette technologie.
Il est nécessaire qu'elle fasse plus sous
peine de ne peser d'aucun poids quand cette technologie sera
commercialisée et que de nouveaux standards, par exemple, en matière
automobile seront élaborés.
Mais, là aussi, avant de déterminer une action
il conviendra d'avoir une vision des forces disponibles et des
compétences.
On ne pourra certainement pas investir dans
tous les domaines concernés par cette technologie, notamment compte tenu
de l'avance, indéniable, prise en Amérique du Nord et au Japon. Il sera
certainement nécessaire de déterminer les créneaux où un grand besoin de
recherche existe, membranes, catalyseurs, reformeur, notamment, afin
d'acquérir une compétence qui permettrait d'aborder de futures
négociations internationales en position assez forte.
Un autre domaine qui pourrait être fort
judicieux d'investir, d'ores et déjà, est l'ensemble des recherches sur la
production, la purification, le stockage voire la distribution de
l'hydrogène.
En effet, apparemment, personne n'a encore
obtenu notamment en matière de stockage embarqué des résultats décisifs.
Les moyens de stockage fiables, performants et peu coûteux sont
certainement la clé de la maîtrise complète de la filière hydrogène. Il y
a là un secteur décisif de recherches pour la France et l'Europe.
Enfin il ne faudra pas négliger dans ce
domaine la recherche en matière de sécurité car au delà de la sécurité
obtenue par une réglementation, il faudra tenir compte de la sécurité
« ressentie » de la part du public C'est ce qui permettra de
progresser dans les utilisations de ce gaz et qui ouvrira les portes du
futur.
RECOMMANDATIONS
Au moment où une nouvelle filière
technologique de production d'énergie semble émerger, il semble
indispensable que notre pays et l'Europe développent une action soutenue
dans le domaine des piles à combustible. Celui-ci nous paraît à bien des
égards devoir être stratégique, notamment pour l'avenir des
transports à moyen terme, et connaître une forte demande pour les
sources portables. Nous ferons donc un certain nombre de recommandations
qui prépareront les décisions qui devront être prises dans ce secteur.
Nous ferons aussi, en attendant un éventuel
rapport de l'Office, des recommandations concernant
l'hydrogène.
I - La pile à combustible
Il nous apparaît nécessaire d'essayer de
combler de toute urgence le retard pris par nos équipes scientifiques et
nos industriels sur les Etats-Unis, le Canada et le Japon. Il convient
donc que soient prises dans le délai le plus court possible les décisions
qui permettront à notre pays d'occuper une place significative dans ce
domaine d'avenir.
Mais, auparavant, il convient de fonder nos
décisions et nos choix sur une connaissance précise et exhaustive des
compétences à la fois en France et en Europe, ce qui nous semble manquer
de façon fondamentale à l'heure actuelle, travail qu'il n'était pas
possible d'effectuer dans le cadre de ce rapport.
Les recommandations sont regroupées dans trois
chapitres principaux :
- La détermination de la politique
nationale
- Les aides nationales
- La politique communautaire
A - La détermination de la politique
nationale
1 - Création d'un service spécialisé
« pile à combustible » au sein de la direction du gaz, de
l'électricité et du charbon (D.I.G.E.C.) du ministère chargé de
l'industrie.
Ce service sera responsable de la réalisation
de l'enquête nationale « pile à combustible ». Il sera chargé de
coordonner les actions à mener compte tenu des résultats de cette enquête.
Sa tâche sera de mettre en évidence un ou deux interlocuteurs bien
identifiés pour la mise en place des programmes à venir.
2 - Réalisation d'une enquête nationale
portant sur l'ensemble des compétences existant en France en matière de
pile à combustible.
Cette enquête devrait être réalisée sous la
maîtrise d'_uvre du ministère chargé de l'industrie. Elle recenserait
toutes les compétences industrielles existantes en France en matière de
pile à combustible. Il s'agirait des compétences en matière de c_ur de
pile, d'auxiliaires et d'ingénierie.
Le ministère chargé de la recherche
recenserait de son côté toutes les activités lancées dans ces questions
par l'ensemble des organismes de recherche.
Le ministère chargé de l'éducation nationale
ferait quant à lui le point sur les enseignements et la recherche
concernant ce domaine dans les établissements d'enseignement
supérieur.
Toutes les informations recueillies feraient
l'objet d'une publication et si possible d'une synthèse
approfondie.
3 - Organisation d'un congrès national sur
les piles à combustible
Ce congrès permettrait de tirer les
conclusions de l'enquête nationale « pile à combustible » et de
déterminer les axes prioritaires d'une politique nationale en la matière.
Il permettrait également une rencontre de tous les acteurs de ce domaine,
la relative méconnaissance des travaux faits par autrui étant l'un des
enseignements que nous avons pu tirer de nos contacts.
4 - Lancement d'un programme mobilisateur
« pile à combustible » centré sur le C.E.A. et Air Liquide avec
pour vocation de regrouper l'ensemble des acteurs de ce secteur, ces deux
entités ayant à la fois une connaissance solide des problèmes et la
capacité de fédérateurs.
B - Les aides nationales
5 - Toutes les aides publiques devront
avoir un caractère de subventions.
En attendant les résultats des enquêtes
nationales « pile à combustible » et « hydrogène »,
les aides publiques existant à l'heure actuelle devront être, pour celles
qui ne le sont pas, transformées en subventions.
Ce caractère s'impose compte tenu du fait que
les recherches seront longues et les résultats encore très éloignées de la
commercialisation.
6 - Ces subventions devraient être
distribuées par le Réseau « pile à combustible ». Une enveloppe
globale serait mise pour ce faire à la disposition du bureau du Réseau, à
coup sûr le plus adapté pour apprécier l'opportunité de mettre les moyens
sur tel ou tel secteur, tel objectif ou tel autre dans le cadre des
orientations nationales déterminées par les pouvoirs publics avec l'aide
d'un comité d'experts.
Il semble plus adéquat que les subventions
soient distribuées sous la responsabilité directe du bureau du Réseau en
fonction des projets présentés. Cette situation éviterait aux auteurs des
projets labellisés de devoir solliciter un financement auprès de diverses
autorités comme c'est le cas actuellement. Cela permettrait sans aucun
doute d'engager les projets d'envergure beaucoup plus
rapidement.
Il est nécessaire de simplifier la décision
financière pour plus d'efficacité.
7 - Les subventions devraient être
accordées de façon prioritaire aux petites entreprises
innovantes.
Compte tenu de la multiplicité des tâches,
celles-ci semblent tout à fait prioritaires pour l'attribution des fonds
publics dans la mesure où elles ne semblent pas pouvoir trouver d'aide
auprès des grands groupes.
C - L'action communautaire
8 - Le gouvernement devrait proposer à tous
nos partenaires de réaliser les mêmes enquêtes que celles préconisées au
niveau national.
Il serait ainsi possible d'obtenir un état
précis des compétences européennes, des forces et des faiblesses à la fois
dans le domaine de la pile à combustible et de l'hydrogène. L'action
européenne pourrait de cette façon être réorientée vers les secteurs à
développer en priorité compte tenu des activités menées en Amérique du
Nord et au Japon.
9 - Regroupement de toutes les actions
menées au niveau européen dans un seul programme « hydrogène
».
La même nécessité amène à recommander le
regroupement de toutes les actions en faveur de l'hydrogène dans un seul
programme.
10 - Les programmes européens devront être
coordonnés avec les différents programmes nationaux de recherche sur ces
thèmes.
Cette coordination est recommandée compte tenu
de la difficulté actuelle de faire se correspondre les programmes
européens et nationaux.
11 - Renforcement de l'intérêt
communautaire pour tous les programmes agréés de recherche fondamentale et
appliquée et pour les projets de développement proposés par les
groupements d'entreprises européennes.
II - L'hydrogène
Il nous semble que globalement il convient de
commencer d'étudier à quelles conditions il pourra être fait appel dans
l'avenir à l'hydrogène comme carburant de substitution aux énergies
fossiles. Les recommandations visent à obtenir une meilleure connaissance
des possibilités d'emploi de ce gaz.
12 - L'Office parlementaire d'évaluation
des choix scientifiques et technologiques devrait être saisi d'une étude
sur les perspectives d'utilisation de l'hydrogène.
13 - Réalisation d'une enquête nationale
portant sur l'ensemble des compétences existant en France en matière
d'hydrogène.
Il s'agirait de faire le même type d'enquête
que celle concernant la pile à combustible
14 - Organisation d'un congrès national sur
l'hydrogène
Ce colloque permettrait de tirer les
conclusions de l'enquête nationale « hydrogène » et de
déterminer les grands axes d'une politique nationale en la matière.
EXAMEN DU RAPPORT PAR
L'OFFICE
L'Office parlementaire d'évaluation des choix
scientifiques et technologiques s'est successivement réuni les mardi 22
mai et mercredi 20 juin 2001 pour examiner le rapport de MM. Robert Galley
et Claude Gatignol.
- Réunion du mardi 22 mai
2001
Après que M. Claude Gatignol eut
présenté les grandes lignes de son rapport, plusieurs membres de l'Office
sont intervenus.
M. Jean-Yves Le Déaut, député, a posé
des questions sur le problème du coût de revient de cette technologie et
sur les aides financières qui lui sont apportées.
M. Serge Poignant, député, a demandé
quelle était l'action du C.N.R.S dans ce domaine et s'est interrogé sur
les possibilités d'utiliser le méthanol au delà de la production
d'hydrogène.
M. Gérard Miquel, sénateur, a estimé
que la part des énergies renouvelables n'était pas modeste dans le bilan
énergétique global.
M. Claude Birraux, député, a posé une
question sur l'utilisation du bois au regard de l'effet de
serre.
En réponse M. Claude Gatignol a observé
qu'il n'y avait pas, à l'heure actuelle, de chef de file dans ce domaine
en France mais que des possibilités existaient de la part de Technicatome
et de TopCo. Il a également estimé qu'il n'était pas toujours possible
d'utiliser le bois, que les systèmes énergétiques étaient complexes et que
c'est surtout une certaine complémentarité qui s'semble se dégager.
A l'issue de ce débat, il a été décidé de
continuer l'examen de ce rapport lors d'une prochaine séance.
- Réunion du mercredi 20 juin
2001
Après que MM. Robert Galley et Claude
Gatignol, députés, eurent présenté les recommandations
de leur rapport, plusieurs membres de l'Office sont intervenus.
M. Henri Revol, sénateur, a d'abord
demandé qui serait le maître d'ouvrage de l'enquête et du congrès national
préconisé et qui pilotait actuellement le Réseau « pile à
combustible ».
M. Claude Birraux, député, s'est
interrogé sur la pertinence d'une enquête et a estimé qu'une
sous-direction du ministère chargé de l'industrie devrait être chargée de
cette affaire. Il a souhaité que soit fait un appel à concours en
direction des P.M.E. Il a enfin observé qu'au niveau européen, la
structure d'Eurêka convenait parfaitement pour stimuler l'action
européenne dans ce domaine.
M. Pierre Laffitte, sénateur, a estimé
qu'il s'agissait là d'un sujet fondamental et que le ministère de
l'industrie pourrait utilement intervenir dans ce domaine. Il a ensuite
plaidé pour que soit institué un fonds d'investissement par les grandes
entreprises pour aider au financement des entreprises innovantes. Il a
également suggéré que soit créée une entité regroupant tous les
partenaires de ce domaine.
Dans leurs réponses les rapporteurs ont
apporté les précisions suivantes :
- le maître d'ouvrage de l'enquête et du
congrès doit être le ministère de l'industrie,
- il y a la nécessité de disposer en France
d'un chef d'orchestre pour les projets concernant cette technologie, ce
qui n'est pas encore le cas, à la différence des Etats-Unis, du Canada et
du Japon par exemple,
- l'entreprise canadienne Ballard détient 350
brevets concernant cette technique et il est donc vain de vouloir tout
réinventer,
- un créneau pourrait néanmoins être trouvé
sur le reformeur,
- l'enquête préconisée répond aux souhaits de
toutes les personnalités entendues,
- le Réseau est perçu comme trop
lourd,
- la création d'une sous-direction spécialisée
au ministère de l'industrie chargée de cette technologie est une bonne
suggestion.
L'Office a ensuite adopté ce rapport et en a
autorisé la publication.
PERSONNALITES
AUDITIONNEES
FRANCE
M. Patrick Achard, conseiller scientifique au
Centre d'énergétique de l'Ecole des mines (Sophia Antipolis)
M. Thierry Alleau, conseiller scientifique à
la Direction des techniques avancées du Commissariat à l'énergie atomique,
président de l'Association française de l'hydrogène
M. Robert Ballay, directeur de recherche à
Electricité de France, président du Comité d'orientation du
Réseau « pile à combustible »
M. Bertrand Barré, directeur de la recherche
et du développement de la COGEMA
M. Michel Bayle, directeur de la recherche à
Gaz de France
M. Joseph Beretta, responsable du groupe
« électromécanique, électrochimie, électronique et systèmes du groupe
PSA
M. Pierre Beuzit, directeur de la recherche de
Renault, vice-président du Réseau « pile à
combustible »
M. Didier Bloch, chef du laboratoire d'études
du stockage électrochimique de l'énergie du Commissariat à l'énergie
atomique
M. Jean-Claude Boncorps, directeur de
Dalkia
M. Jean Bulabois, président de l'Université de
technologie de Belfort-Montbéliard, chargé de mission au Centre national
de recherche technologique de Belfort (pile à combustible)
M. Georges Carola, directeur du Commissariat à
l'énergie atomique/Grenoble
M. Jean-Edmond Chaix, membre de la direction
technique de Technicatome
M. Thierry Chambolle, directeur délégué de
Suez Lyonnaise des eaux
M. Nasri Chami , directeur
« Energie » du Centre de recherches pour l'environnement,
l'énergie et le déchet du groupe Vivendi
M. François de Charentenay, directeur de la
recherche du groupe PSA
M. Gérard Chaumain, directeur-adjoint du
département « Développement industriel et technologique de l'Agence
de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie
M. Serge Chavanne, directeur de
SORAPEC
Mme Samira Chelhaoui, ingénieur d'affaires à
la direction des « risques accidentels » de l'Institut national
de l'environnement industriel et des risques
M. Bernard Davat, directeur de l'Ecole
nationale supérieure d'électricité et de mécanique (Institut national
polytechnique de Lorraine), chargé de mission au Centre national de
recherche technologique de Belfort (pile à combustible)
M. Christian Desmoulins, directeur des
technologies avancées du Commissariat à l'énergie
atomique/Grenoble
M. Guy Ducroux, chargé de mission à la
direction du développement industriel de Technicatome
M. Jean-François Fauvarque, directeur du
laboratoire d'électricité du Conservatoire national des arts et
métiers
M. Alain Feugier, directeur
« Environnement » de l'Institut français du pétrole
M. Robert de Franclieu, directeur commercial
de Photowatt international S.A.
M. Charles Fribourg, directeur technique
adjoint de Technicatome
M. Michel Franz, chef du pôle
« Equipements industriels pour l'énergie et l'environnement » au
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
M. Philippe Garderet, directeur de la
stratégie et de l'évaluation du Commissariat à l'énergie
atomique
M. Didier Gaston, directeur adjoint à la
direction des « risques accidentels » de l'Institut national de
l'environnement industriel et des risques
Mme Anne de Guibert, directrice de la
recherche de SAFT
M. Pascal Hénault, directeur de la recherche
et de l'innovation automobile du groupe PSA
M. Frédéric Hug, directeur
« Recherche-développement et marketing stratégique » d'Elyo
M. François Jacques, directeur du département
« Energie, transport, environnement, et ressources naturelles »
du ministère de la recherche et de la technologie
M. Michel Junker, ingénieur à l'Association
lorraine pour la promotion de l'hydrogène (A.L.P.H.E.A.)
M. Claude Lamy, professeur d'université,
responsable de l'unité d'électro-catalyse du Centre national de la
recherche scientifique
M. François Laurent, chargé de mission au
département « Energie, transport, environnement, et ressources
naturelles » du ministère de la recherche et de la
technologie
M. Jean-Pierre Lisse, chef du groupe
« électrochimie » du groupe PSA
M. Robert Malher, président de Alstom
transmission et distribution
M. Alain Mathiot, directeur adjoint auprès du
directeur des technologies avancées du Commissariat à l'énergie
atomique/Grenoble, chargé du pôle « Matéraux, rayonnements ionisants,
robotique »
M. Rudolf Metkemeijer, responsable
scientifique du Centre d'énergétique de l'Ecole des mines (Sophia
Antipolis)
M. Michel Mouliney, directeur des technologies
avancées d'Air Liquide
M. Bernard Nicolas, président de
SORAPEC
Mme Annick Percheron-Guégan, directrice de
recherche au Centre national de la recherche scientifique, directrice du
laboratoire chimie métallurgique des terres rares
M. Robert Peugeot, directeur de la qualité et
de l'innovation du groupe PSA
M. Emmanuel Poirier d'Angé d'Orsay, directeur
du développement « produit » de Valeo
M. Jacques Rilling, directeur de la recherche
et du développement du Centre scientifique et technique du
bâtiment
M. Robert Saglio, directeur du développement
industriel de Technicatome
M. Patrick Sanglan, chef du service
« Innovation - développement » à la Direction des techniques
avancées d'Air Liquide
M. Jean Therme, directeur chargé du pôle
« Electronique » à la direction des technologies avancées du
Commissariat à l'énergie atomique/Grenoble
M. Claude Turbet, directeur d'objectif
(utilisation) à la direction de la recherche de Gaz de France
M. Roland Vidil, responsable du secteur
« pile à combustible » à la Direction des technologies avancées
du Commissariat à l'énergie atomique
M. Marc Weckstein, chargé du développement de
la consultance et des études transversales socioéconomiques du Centre
scientifique et technique du bâtiment
ETATS-UNIS
M. Paul von Allmen, responsable scinetifique
du laboratoire de recherche en physique de Motorola
M. Alain Attia, vice-président de H Power,
chargé de la recherche et du développement
M. Hamed Benouar, directeur exécutif du Center
for commercialization of ITS technologies (Université de Californie)
M. François Castaing, consultant
M. Dave Cole, directeur de l'Office for the
study of automotive transportation de l'Université du
Michigan
M. Bernard F. Coll, responsable scientifique
de la division « matériaux plats » de Motorola
M. Robert N. Culver, chef de la stratégie
politique et des affaires commerciales de Ford
M. Kenneth L. Davis, vice-président de
Motorola, directeur du cnetre de recherche de l'état solide
M. Robert K. Dixon, responsable du bureau des
technologies du Département de l'énergie
M. Gregory A. Dolan, directeur exécutif
adjoint du U.S. Fuel Cell Council
M. Harvey Drucker, directeur de laboratoire
associé « Energie, environnement, science et technologie » à
Argonne national laboratory
M. René DuBois, directeur de la
commercialisation de H Power
M. Rabbi Farraj, coordonateur du projet
«carburants alternatifs » de la Chicago transit Authority
M. James Fischer, ingénieur à la California
environmental protection agency
M. Ronald J. Fiskum, chef de programme
« pile à combustible » du Département de l'énergie
M. Sigmund Gronich, responsable du programme
« hydrogène » du Département de l'énergie
M. Jerry Hallmark, responsable du laboratoire
des technologies énergétiques de Motorola
M. Masahiro Hisatomi, responsable du
département d'évaluation des véhicules de Nissan technical center North
America, Inc.
M. Allan R. Hoffman, directeur des programmes
d'études du Département de l'énergie
M. James E. Jaskie, responsable scientifique
du laboratoire des technologies avancées de Motorola
M. Arthur Kaufman, responsable de la
technologie de H Power
M. William P. Kelly, directeur des affaires
politiques et internationales de Ford
M. Ramesh Koripella, ingénieur principal au
laboratoire des technologies céramiques de Motorola
M. Michael Krumpelt, chef de la division
« pile à combustible » de Argonne national laboratory
M. Romesh Kumar, chef de groupe
« applications transport » du programme
« électrochimie » de Argonne national laboratory
M. David Lewis, directeur de la division
« technologie chimique » de Argonne national
laboratory
M. Per A. Lorentzen, vice-président exécutif
de ZeTek Power Corporation
M. Richard Lucki, directeur de PSA Amérique du
Nord
M. Marvin Maslow, président de Manhattan
scientifics, Inc.
M. Mark S. Mehall, ingénieur en chef du
programme « pile à combustible » de Think (Ford)
M. James F. Miller, chef de département
« sciences de base et électrochimie » de Argonne national
laboratory
Mme JoAnn Milliken, chef de programme
« technologie des transports » du Département de
l'énergie
M. Robert M. Moore, directeur du projet
« véhicule à pile à combustible » de l'Institut d'étude des
transports de l'Université de Californie (Davis)
M. Darryl Noreen, directeur technique de ZeTek
Power Corporation
M. William C. Platt, directeur général de la
Chicago transit Authority
M. Charlie T. Pride, chef du département de la
stratégie internationale et commerciale de Ford
M. Robert Rose, directeur exécutif du U.S.
Fuel Cell Council et de Fuell Cell 2000
M. Ron I. Smith, chef du département technique
« pile à combustible et stockage du combustible » de
Ford
M. Daniel Sperling, directeur de l'Institut
d'étude des transports de l'Université de Californie (Davis)
CANADA
M. Kevin G. Casey, responsable du
développement stratégique de Stuart Energy system Inc.
M. Christopher H. Cheh, ingénieur principal de
recherche d'Ontario Power Generation
M. Denis Connor, président de
Questair
M. Chris Curtis, directeur exécutif du Conseil
national de recherches
Mme Jane Dalziel, responsable du service
commercial de Hydrogenics corporation
M. Enrico DiNinio, représentant du ministère
de l'environnement (gouvernement provincial de l'Ontario
M. Stephen Forgacs, chargeé des relations avec
les investisseurs de Ballard
M. François Girard, agent de recherche adjoint
au Conseil national de recherches Canada
M. Wayne Hartford, président de Energy
Ventures Inc.
M. S. Hugh Hawthorne, chef du département
« procédés technologiques d' Ontario Power Generation
M. Alexander K. Stuart, président de Stuart
Energy system Inc.
M. Andrew T.B. Stuart, président du Conseil de
direction de Stuart Energy system Inc.
M. Ron Venter, directeur du Centre d'études de
l'hydrogène et de l'électrochimie de l'Université de Toronto et de
l'association canadienne de l'hydrogène
M. Jonathan Wilkinson, vice-président de
Questair, chargé des systèmes à gaz
M. Terrance Wong, agent de recherche adjoint
au Conseil national de recherches Canada
REPUBLIQUE FEDERALE
D'ALLEMAGNE
M. Raphael Edinger, économiste chez
DaimlerChrysler
M. Torsten Fleischer, physicien au Büro für
Technikfolgen-Abschätzung beim Deutschen Bundestag (T.A.B.)
M. Jürgen Garche, directeur du Centre de
recherche sur l'énergie solaire et de l'hydrogène (Z.S.W.)
d'Ulm
M. Joachim Grosse, responsable des projets
« pile à combustible » de Siemens
M. Albert Hammerschmidt, directeur
« piles à combustible pour sous-marins » de Siemens
M. Klaus Hassmann, directeur des projets
« pile à combustible » de Siemens
M. Rudolf Henne, directeur du département
« énergie - électrochimie » du Institut fûr technische
Thermodynamik de l'Université de Stuttgart
M. Hans-Michael Huber, chef du projet
« pile à combustible » de DaimlerChrysler
M. Christoph Huss, ingénieur au bureau
« environnment » de B.M.W.
M. Ludwig Jorissen, chef de la division
« électrochimie » du Centre de recherche sur l'énergie solaire
et de l'hydrogène (Z.S.W.) d'Ulm
M. Dieter Menzen, chargé de la recherche sur
les nouvelles technologies au ministère de l'économie et de la
tecchnologie
M. Hans Muller-Steinhagen, directeur du
Institut fûr technische Thermodynamik de l'Université de
Stuttgart
Mme Ragna Nordheimer, ingénieure chez B.M.W.
Mme Dagmar Oertel, chimiste au Büro für
Technikfolgen-Abschätzung beim Deutschen Bundestag (T.A.B.)
M. Herbert Paschen, directeur du Büro für
Technikfolgen-Abschätzung beim Deutschen Bundestag (T.A.B.)
M. Martin Pokojski, responsable de la centrale
pilote de Berlin-Treptow
M. Walter Rau, chef du projet « bus à
pile à combustible » de DaimlerChrysler
M. Helmut Tribusch, responsable du
Hahn-Meitner Institüt et du Institüt für physikalische und theoritische
Chemie (Max-Planck Institüt)
JAPON
M. Yukiya Amano, directeur général adjoint du
bureau des affaires scientifiques du Ministère des affaires
étrangères
M. Masashi Arita, directeur général du
laboratoire de propulsion de Nissan
M. Robert Capitini, directeur de
COGEMA-Japon
M. Michio Hori, directeur du département de
recherche sur les piles à combustible de Toshiba
M. Nobuo Ishizuka, secrétaire général de Japan
atomic industrial forum, Inc.
M. Takashi Ishizuka, directeur du département
« Techniques avancées » de Nissan
M. Haruno Itoh, vice-prsident exécutif de
Tokyo Gas Co. LTD
M. Kiyoshi Kashiwaba, directeur du département
« Conversion et stockage de l'énergie de New energy and industrial
technology development organization
M. Naoshi Kato, vice-président et directeur
général « pile à combustible » de Toshiba
M. Hirobumi Kawano, directeur général de
l'Agence des ressources naturelles et de l'énergie
M. Philippe Klein, Vice-président de Nissan
Motor Co. LTD
M. Yoji Mikami, directeur des affaires
publiques de Toyota
M. Nobuyuki Mori, directeur général du Centre
de recherche sur les systèmes industriels de Toshiba
M. Toshio Nakayama, directeur général adjoint
de New energy and industrial technology development
organization
M. Hisao Nishikawa, ingénieur à la division
« piles à combustible » de Toshiba
M. Jun-Ishi Nishizawa, président de Japan
atomic industrial forum, Inc.
M. Ikuo Okada, directeur de Osaka Gas Co.
LTD.
M. Tohru Shiba, directeur du département de la
technologie de Osaka Gas Co. LTD.
M. Hirofumi Shibano, directeur exécutif de
Osaka Gas Co. LTD
M. Tohmei Takekawa, directeur des affaires
internationales de New energy and industrial technology development
organization
M. Masaki Watabe, directreur-adjoint de Osaka
Gas Co. LTD
M. Shin-Ichi Yano, directeur du département
« Hydrogène, alcool et énergie de la biomasse » de New energy
and industrial technology development organization
3216. - Rapport de
MM. Le Déaut et Gatignol, députés, sur les perspectives offertes par la
technologie de la pile à combustible (OPECST)
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